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GUIDE PHYTOS - ADJUVANTS

Des produits de plus en plus utilisés

La vigne - n°201602 - février 2016 - page 74

Les adjuvants permettent de sécuriser les traitements et d'optimiser leur efficacité, notamment lorsque les conditions météorologiques sont défavorables.
CERTAINS ADJUVANTS ont pour propriété d'améliorer la qualité de la pulvérisation. © GUTNER

CERTAINS ADJUVANTS ont pour propriété d'améliorer la qualité de la pulvérisation. © GUTNER

Qu'est-ce qu'un adjuvant ?

C'est un produit que l'on ajoute à un phytosanitaire pour modifier les propriétés de la bouillie. Il est homologué s'il possède une ou plusieurs des propriétés reconnues par les services officiels : amélioration de la rétention de la bouillie sur le feuillage, amélioration de l'étalement sur la cible (adjuvants mouillants et adhésifs), maintien des propriétés de la bouillie (adjuvants humectants, résistants aux UV), réduction du lessivage (rétenteurs), amélioration de la pénétration, de la qualité de la bouillie (antimoussant) et de la pulvérisation (antidérive).

Lesquels sont les plus employés ?

« Chez les vignerons, ce sont les adjuvants qui limitent la dérive des herbicides, notamment en épamprage, et le lessivage des fongicides de contact », relève Marc L'Hermitte, chef de marché adjuvants chez Agridyne.

« L'emploi des adjuvants se développe en viticulture, surtout pour les herbicides et les fongicides », confirme Adeline Mallet, conseillère viticole à la chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire. Dans le vignoble champenois, les choses sont un peu différentes. Le marché des adjuvants « concerne surtout les antibotrytis - même si, dans nos essais, nous n'avons pas vu de gain d'efficacité -, et certains herbicides de post-levée, comme le glyphosate », signale Marie-Laure Panon, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne.

Toujours est-il que « le marché progresse en France et la viticulture y contribue. 20 % des mouillants utilisés le sont en vigne », constate Yann Mismetti, en charge de la communication à l'Association française des adjuvants et directeur marketing de SDP.

Sécurisent-ils les traitements ?

Oui, lorsque le climat est défavorable. « De mauvaises conditions météo limitent la capacité des plantes à recevoir un traitement. Les adjuvants sont recommandés pour ne rien laisser au hasard », indique Yann Mismetti. Si l'hygrométrie est basse, optez pour un adjuvant à base de sulfate d'ammonium. « Ce composant apporte un effet humectant qui ralentit le dessèchement des gouttelettes pulvérisées », précise Marc L'Hermitte. Il est également intéressant si la température est un peu trop élevée. Mais l'emploi d'un adjuvant ne dispense pas de respecter les bonnes pratiques : « On ne doit pas pulvériser s'il fait 30 °C », insiste Marc L'Hermitte.

En cas de risque de pluie, vous pouvez aussi utiliser un adjuvant étalant et adhésif, pour limiter le lessivage des produits de contact. « C'est ce que font les vignerons bio », note la chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire. Pour limiter la dérive des herbicides, vous pouvez ajouter un adjuvant à base de lécithine de soja, à condition que la vitesse du vent ne dépasse pas 19 km/h. C'est une pratique que l'on rencontre en Champagne. « La lécithine va permettre de pulvériser des gouttes de 150 à 300 microns qui ne seront pas emportées par le vent, tout en évitant le ruissellement. Cet effet est particulièrement utile avec des produits de formulation SL (concentré soluble), SC (suspension concentrée) et WG (granulés dispersables) », précise Marc L'Hermitte.

Permettent-ils de réduire les doses de phytos ?

« Non, répond clairement Adeline Mallet, de la chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire, excepté pour le glyphosate. » En effet, le calcium présent dans l'eau de pulvérisation ou à la surface des feuilles peut inactiver, en partie, le glyphosate. L'ajout d'un adjuvant à base de sulfate d'ammonium peut pallier ce problème. « On peut ainsi diminuer la dose de glyphosate tout en gardant la même efficacité », assure Marc L'Hermitte.

Selon lui, l'ajout d'un adjuvant permet aussi de réduire les doses d'autres matières actives. « Des essais menés avec notre adjuvant Sticman (mouillant et adhésif) ont montré que l'on pouvait baisser la dose de cuivre ou de soufre de 25 % tout en maintenant le même niveau d'efficacité. Reste qu'un adjuvant n'est pas un produit phytosanitaire. Il permet simplement de sécuriser la modulation des doses par rapport à la pression. »

Adoucisseur d'eau : avis mitigés

« Les fongicides et insecticides ne sont pas sensibles à la dureté de l'eau. Seul le glyphosate l'est car le calcium et le magnésium forment des complexes avec cette matière active, explique la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire. Un adoucisseur d'eau peut être nécessaire pour optimiser les désherbages à base de glyphosate dans les secteurs où l'eau se montre très calcaire. » Technicienne chez le distributeur Vitivini, à Amboise (Indre-et-Loire), Anne-Cécile Kaspryk confirme : « L'eau adoucie améliore l'efficacité du glyphosate ». En revanche, pour le Comité interprofessionnel du vin de Champagne, c'est une solution à éviter. Marc L'Hermitte, d'Agridyne, critique l'intérêt de cet équipement : « Il diminue la conductivité de l'eau et la capacité de pénétration de la bouillie. Le coût d'investissement est en outre plus important que l'emploi d'un adjuvant. »

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