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GUIDE PHYTOS - MALADIES

Esca Pas de miracle

La vigne - n°201602 - février 2016 - page 42

Pour lutter contre la maladie, la prophylaxie reste de mise. Un seul produit est aujourd'hui homologué contre l'esca : Esquive. Il semble efficace.
PREMIERS SYMPTÔMES DE LA MALADIE : les feuilles jaunissent puis brunissent. © C. THIRIET

PREMIERS SYMPTÔMES DE LA MALADIE : les feuilles jaunissent puis brunissent. © C. THIRIET

Quelle prophylaxie mettre en oeuvre ?

Retirez les ceps et les bras morts des parcelles, puis brûlez-les ou stockez-les à l'abri de la pluie. C'est une opération indispensable pour réduire l'inoculum. Évitez également de blesser les ceps et de les brutaliser avec les engins mécaniques. Veillez à l'équilibre global de la vigne. La vigueur doit être ni trop faible ni trop forte.

Faut-il veiller à la qualité des plants ?

Oui. Au moment de la plantation, vérifiez la qualité de la greffe des plants. C'est un point sur lequel François Dal, de la Sicavac, à Sancerre insiste beaucoup. La soudure entre le greffon et le porte-greffe doit être parfaite sur toute sa périphérie. N'hésitez pas à faire le test du « coup de pouce » sur quelques plants. Prenez-les quelques centimètres sous le point de greffe et appuyez sur la tête de la greffe pour provoquer une légère arcure. Répétez l'opération trois fois en faisant tourner le plant sur lui-même. La soudure doit rester ferme et élastique. Veillez également à la qualité de l'enracinement du plant, dont le talon doit être sain sur toute sa périphérie. En revanche, il est inutile d'exiger un traitement à l'eau chaude : cela n'empêche pas une contamination au vignoble et peut fragiliser les plants.

Faut-il faire une taille peu mutilante ?

Oui, selon François Dal. Pour lui le respect des flux de sève est primordial pour freiner le développement de l'esca. Il prône donc une taille peu mutilante, équilibrée et qui laisse des chicots sur les bois de deux ans et plus, afin que le cône de dessèchement dû aux plaies de taille pénètre peu dans la souche. La taille en guyot poussard répond à ces exigences. Il s'agit d'un guyot simple à deux bras. L'un porte un courson, l'autre une baguette et un courson - obligatoirement situé sous la baguette - dont le premier oeil (oeil distant) est placé vers le bas ou l'extérieur du cep. Enfin, chaque année, la baguette change de côté.

Cureter les ceps, cela a-t-il un intérêt ?

Il semblerait que oui. L'opération consiste à supprimer l'amadou au sein des pieds malades avec une tronçonneuse. La Sicavac teste cette technique depuis 2012. Les premiers résultats sont encourageants.

Y a-t-il des produits homologués contre l'esca ?

Oui, le produit Esquive de la société Bayer. Les résultats d'essais semblent montrer qu'il a un intérêt, notamment dans les jeunes parcelles. Son principe actif est une souche de Trichoderma atroviride (I 1237). Il s'agit d'un champignon vivant qui pénètre dans le bois. Il colonise la plaie de taille empêchant ainsi la pénétration des pathogènes. Selon Bayer, il aurait également une petite propriété curative car il sécrète des toxines et des enzymes qui affectent les autres champignons. Toutefois, la firme ne le recommande qu'en préventif, avant ou dès la présence des premiers symptômes, à raison d'une application par an. Esquive s'applique par pulvérisation sur les plaies de taille à la dose de 4 kg/ha. L'intervention doit se faire au plus tard deux semaines après la taille.

Un autre produit pourrait arriver prochainement sur le marché : le BCP 511B de la société Belchim. Il se compose d'une nouvelle souche de Trichoderma atroviride, la SC1. Celle-ci a été isolée sur du bois mort de noisetier. Selon la firme, elle assure une colonisation très rapide. Belchim demande une homologation en pépinières et sur vigne en place.

Quid de l'ESK Protect ?

Il s'agit d'un amendement organique composé de charbon de bois et d'argiles. Il est fabriqué par Callegari et distribué par Michael Paetzold. Il agirait en piégeant les spores et les toxines des champignons responsables de l'esca. Mais il n'a pas d'homologation contre la maladie. Il s'applique à la dose de 500 kg/ha en période hivernale tous les trois à quatre ans. Il est recommandé de l'enfouir en travaillant le sol.

Michael Paetzold assure, résultats d'essais à l'appui, que ce produit peut engendrer une diminution des symptômes de l'esca jusqu'à 50 % ainsi qu'une forte réduction de l'apoplexie jusqu'à 70 %. Sur le terrain, les avis sont très partagés.

QUOI DE NEUF ? UN OUTIL POUR DÉTECTER LES PLANTS CONTAMINÉS

- Mycorray est un outil de détection des agents des maladies du bois. Grâce à une puce ADN, il permet d'identifier douze champignons associés à l'esca ainsi qu'Agrobacterium vitis, la bactérie responsable du broussin. Chaque champignon est identifié à l'aide de plus de trois gènes associés.

- Le fonctionnement est simple. L'utilisateur prélève des bois de vigne et les broie pour en extraire le jus. On place le tout dans l'appareil. Une caméra lit la puce ADN et interprète le résultat : noir si c'est positif ou blanc si c'est négatif. Cet outil pourra notamment être utilisé pour évaluer la qualité d'un lot de plants.

- Il a été développé par huit entreprises et centres de recherche, dont les pépinières Mercier, dans le cadre d'un programme européen. Il sera disponible début 2016.

Prix : autour de 2000 € le lecteur + 50 à 100 € le test.

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