Dans votre dernier numéro, vous nous demandez si le négoce joue encore son rôle d'acheteur. Je dirais que non. Chez nous, le cours du vin en vrac est tombé 30 % en dessous du prix de revient des moûts. Comment allons-nous faire ? Allons-nous dire à nos salariés que nous les paierons lorsque nous le serons nous-mêmes ? Le pire, c'est que j'avais signé un contrat sur cinq ans, soit-disant irrévocable. J'ai d'abord réfléchi deux mois avant de signer ce contrat. Car, en contrepartie, du fait qu'il s'engageait sur cinq ans, l'acheteur nous demandait une forte remise sur les cours du millésime 2007 qui étaient très élevés. Moins d'un an plus tard, ce même négociant nous annonce qu'il dénonce le contrat. Comme je n'étais pas contente, il m'a dit que je pouvais l'attaquer au tribunal. Mais vous savez bien qu'on n'a pas vraiment le choix. Finalement, nous avons coupé la poire en deux : il m'achète la moitié des volumes prévus selon les termes du contrat et l'autre moitié au cours du vrac. Il faudrait interdire ces hauts et bas préjudiciables pour tout le monde. Il faudrait fixer un prix plancher et un prix plafond, car on ne peut pas aller en deça de nos coûts de production. Cela empêcherait les dérives.