« Remplir les dossiers, c'est un travail ! »

Depuis que Maud Négrel a rejoint l'exploitation de son père, elle s'occupe des demandes d'aides. La jeune femme est à l'aise avec les dossiers. Elle a travaillé pour un cabinet d'audit financier…

Au mas du Cadenet, tout est bien organisé. Guy Négrel, le père, s'occupe de la vigne et de la cave. Son fils, Mathieu, diplômé d'une école supérieure de commerce, prend en charge « tout le commercial ». Sa fille Maud, titulaire d'un master de finances, s'occupe de la gestion et, pour reprendre l'expression de son père, « c'est elle qui se colle les dossiers de demandes de subventions ».

« Avant, je m'occupais de tout, précise Guy Négrel. Mais aujourd'hui, ce n'est plus comme hier. Pour qu'une exploitation viticole tourne bien, il faut être bon dans les domaines techniques, marketing, administratifs… Ce n'est pas facile. J'ai la chance de pouvoir déléguer des responsabilités à mes enfants qui sont très compétents chacun dans leur spécialité. »

Au sujet des aides, il ne cache pas une certaine ambivalence : « La logique voudrait que nous n'en ayons pas besoin. La profession devrait pouvoir investir sans avoir recours à des subventions. Mais pour cela, il faudrait pouvoir vendre nos produits plus chers ou bien avoir moins de charges. Comme ce n'est pas possible, autant profiter des possibilités offertes. »

Les opportunités, le mas de Cadenet ne les laisse pas filer… En 2002, Guy Négrel a déposé un dossier pour obtenir des subventions pour investir dans le traitement des 90 m3 d'effluents de la cave. Il a touché 24 600 euros pour un investissement de presque 90 000 euros.

En 2007, l'exploitation a reçu 4 350 euros de FranceAgriMer pour remplacer un peu plus d'un hectare de carignan par du rolle. Quand notre chef d'exploitation apprend que l'aide à la restructuration vient d'augmenter avec la nouvelle OCM, il se montre très intéressé…

« C'est l'un de nos problèmes, explique Maud Négrel. Il faut se montrer actif pour obtenir de l'information sur les aides. Selon le type de subventions - FranceAgrimer, Collectivités territoriales… - , les interlocuteurs changent. Il n'est pas toujours facile de s'y retrouver… »

Ordre et rigueur

Dernier dossier déposé : une demande d'aide pour l'investissement au chai. « Il s'agit d'améliorer notre système de réfrigération des cuves », indique Guy Négrel. « Nous avons aussi un projet de promotion dans les pays tiers et un autre relatif à l'agrandissement de notre local de stockage des bouteilles. »

Comme à chaque fois, il faut « se plonger » dans la paperasse. Heureusement, « on nous demande toujours à peu près les mêmes infos, mais il faut les présenter de façon différente », relève, avec un brin d'humour, Guy Négrel.

Le dernier dossier comprend un cadre pour « l'historique de l'entreprise », un autre intitulé « description détaillée de la stratégie sur le moyen terme », des tableaux d'analyse financière et économique…

A voir les différents dossiers, certains vieux de dix ans, soutenus par le Mas du Cadenet, on comprend l'importance d'une bonne organisation. « C'est essentiel », reconnaît Maud Négrel. « Il faut classer les papiers pour les retrouver facilement et faire des copies de tout ce que l'on envoie. »

Une récente mésaventure est venue leur rappeler cette règle d'or. « Notre ancienne secrétaire est partie à la retraite et nous ne parvenons pas à remettre la main sur la déclaration en préfecture à propos des installations classées. C'est rageant, d'autant que l'administration ne peut pas nous fournir un duplicata ! Nous risquons de devoir refaire un dossier pour obtenir ce document indispensable pour FranceAgriMer… » Kafka aurait apprécié…