Dans le Jura, la situation est calme. Les sorties sont en légère hausse (+ 0,82 %) sur la campagne 2008-2009, par rapport à 2007-2008. Les stocks sont à un niveau raisonnable et les cours, s'ils ne sont pas suffisants, se maintiennent.
Cette situation économique satisfaisante se répercute sur les relations dans la filière. Pour la plupart des acteurs, il n'y a pas de tension entre production et négoce, car comme le souligne Daniel Cousin, directeur de la Société de viticulture du Jura, « il est plus facile de se parler lorsqu'il n'y a pas de problèmes de mévente ».
Les vignerons vendent eux-mêmes leur vin
Les échanges sont réguliers et les deux familles ont la même volonté de conserver ce climat de dialogue. « La production souhaiterait une hausse des cours, note cependant Daniel Cousin. Mais nous avons déjà été bien plus en désaccord par le passé. La plupart des négociants ont acquis du foncier. Ils se rendent compte de la réalité de la viticulture et des coûts de production de la région. Cela leur confère une vision plus réaliste des choses. » De plus, le négoce ne commercialise que le tiers des vins du Jura. La plupart des vignerons vendent eux-mêmes leur production.
Le plus gros acheteur de la région, la Maison du vigneron (filiale des Grands chais de France), participe à l'équilibre du Jura. « Nous achetons les raisins de 280 ha, soit l'équivalent de 12 000 à 14 000 hl chaque année, explique Serge Fleischer, son directeur. Nos fournisseurs sont des vignerons indépendants avec qui nous avons des contrats pluriannuels depuis de nombreuses années. Nous n'achetons pratiquement pas sur le marché spot. Nous avons une bonne relation avec nos apporteurs de raisins et nous essayons de les rémunérer au juste prix. »
Ces derniers sont regroupés en un syndicat d'apporteurs. Leur président, Florian Frachet, confirme cette bonne entente. Selon lui, la rémunération est satisfaisante pour les viticulteurs produisant les rendements autorisés. Et heureusement, car les apporteurs n'ont pas le choix, la Maison du vigneron étant de loin le plus gros acheteur.
Le négoce se concentre sur sa propre production
En effet, depuis deux ou trois ans, Henri Maire, l'ancien plus gros négociant de la place, s'est recentré sur la commercialisation de sa propre production. « Nous n'achetons plus que 10 % de plus que la production de nos 300 ha, indique Marie-Christine Tarby, chargée de communication. Et sur ce volume, nous n'avons aucun contrat. » Or, il y a vingt ans, Henri Maire achetait la production de 250 ha, en plus de ses propres surfaces.
Ce retrait n'a pas déstabilisé le marché. Les volumes ont été absorbés aux deux tiers par les coopératives locales, le tiers restant allant au négoce et particulièrement à la Maison du vigneron. « Il s'agissait souvent de petits apporteurs avec un ou deux hectares », explique Jean-Michel Petit, viticulteur à Pupillin (Jura), et président sortant de la société de viticulture d'Arbois.