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VIGNE - TECHNIQUE À L'ÉPREUVE

L'entretien du sol avec un Herbanet « L'outil ne blesse pas les ceps »

Clara de Nadaillac - La vigne - n°220 - mai 2010 - page 44

Philippe Carretero a cessé de désherber chimiquement sous le rang. Ne souhaitant pas travailler le sol, il a investi dans un double Herbanet au printemps dernier. Il l'utilise pour désherber la ligne des souches et épamprer.
LORS DE SON PASSAGE, l'Herbanet nettoie sous le rang. Lorsque les adventices sont peu développées, il met la terre à nu. Lorsque l'herbe est plus répandue ou plus dense, elle est parfois juste sectionnée. Les deux têtes Herbanet avec centrale ont coûté 13 000 euros HT. Philippe Carretero a bénéficié d'une aide de 40 % dans le cadre du Plan végétal pour l'environnement (PVE). © PHOTOS P. ROY

LORS DE SON PASSAGE, l'Herbanet nettoie sous le rang. Lorsque les adventices sont peu développées, il met la terre à nu. Lorsque l'herbe est plus répandue ou plus dense, elle est parfois juste sectionnée. Les deux têtes Herbanet avec centrale ont coûté 13 000 euros HT. Philippe Carretero a bénéficié d'une aide de 40 % dans le cadre du Plan végétal pour l'environnement (PVE). © PHOTOS P. ROY

PHILIPPE CARRETERO nettoie une bande de 20 cm de large sous le rang avec l'Herbanet depuis un an. Il est satisfait du résultat obtenu : la bande est parfaitement désherbée.

PHILIPPE CARRETERO nettoie une bande de 20 cm de large sous le rang avec l'Herbanet depuis un an. Il est satisfait du résultat obtenu : la bande est parfaitement désherbée.

CHAQUE TÊTE comporte cinquante-deux fils. Ils sont régulièrement renouvelés, ceux de l'arrière toutes les deux heures et à l'avant toutes les quatre heures. La bobine de 120 mètres coûte dix euros.

CHAQUE TÊTE comporte cinquante-deux fils. Ils sont régulièrement renouvelés, ceux de l'arrière toutes les deux heures et à l'avant toutes les quatre heures. La bobine de 120 mètres coûte dix euros.

LA TONDEUSE PERFECT AVEC SATELLITES sert à entretenir l'interrang. © C. DE NADAILLAC

LA TONDEUSE PERFECT AVEC SATELLITES sert à entretenir l'interrang. © C. DE NADAILLAC

Philippe Carretero, du Château Rioublanc, à Saint-Ciers-d'Abzac (Gironde), a désherbé chimiquement sous le rang, durant de longues années. « Lorsque j'ai commencé à travailler sur la propriété, elle ne représentait que 13 hectares, et on faisait encore les quatre façons (labour, NDLR), se souvient-il. Mais on a commencé à s'agrandir et dès que le domaine a dépassé les 30 hectares, ça n'a plus été possible. Nous sommes alors passés à l'enherbement naturel tondu dans l'interrang avec les dessous de rangs desherbés chimiquement au glyphosate. Mais depuis l'année dernière, nous avons déposé un dossier de conversion en viticulture biologique. Nous avons donc cessé tout emploi d'herbicide. »

Les sols de l'exploitation étant argilo-limoneux, Philippe Carretero n'a pas souhaité revenir au travail du sol, afin de conserver une bonne portance. « Par ailleurs, le travail du sol sur 45 hectares, ce serait bien trop contraignant », ajoute-t-il.

Un travail impressionnant

Pour entretenir l'interrang, il passe une tondeuse Perfect avec des satellites. « Le seul problème, c'est que ce matériel laisse une bande non tondue sur la ligne des ceps », remarque Philippe Carretero. Pour y remédier, il a cherché d'autres outils et, en mai dernier, son choix s'est porté sur deux têtes Herbanet des Etablissements Soreau Mounier (Chenu, dans la Sarthe). Chacune est constituée d'un rotor horizontal, doté de treize trous d'où partent cinquante-deux fils. Philippe Carretero monte les deux têtes sur un Massey de 60 ch, le 3225 V. Les Herbanet sont entraînés par une centrale hydraulique vendue par le constructeur, et branchée sur la prise de force du tracteur. Les vérins d'écartement sont, quant à eux, directement alimentés par le circuit d'huile du tracteur. L'outil étant entièrement porté, le viticulteur souligne qu'il faut être équipé d'une chandelle hydraulique. Elle permet de gérer les dévers et les bordures et ce d'autant plus qu'il n'est pas possible d'arrêter une seule tête à la fois.

Le travail est impressionnant. Après le passage de l'appareil, la terre est à nu. Il ne reste plus un brin d'herbe. Philippe Carretero est ravi de son acquisition : « Chaque tête nettoie parfaitement une bande de 20 cm sous le rang, et épampre en même temps le bas des ceps. Cela fait deux travaux en un. De plus, contrairement au chimique, l'effet est immédiat : il n'y a pas à attendre que les herbes meurent. Il faut donc s'y prendre moins longtemps à l'avance pour avoir les rangs propres au moment des risques de gel. Par ailleurs, contrairement à un intercep classique, l'Herbanet ne blesse jamais les ceps et surtout n'en arrache aucun. Et à l'inverse d'un désherbant, on peut le passer quelles que soient les conditions climatiques : un peu de vent, de la rosée, etc. »

Environ 1 600 euros de fils par an pour 40 hectares

L'année dernière, il a passé trois fois l'Herbanet, puisqu'il n'a reçu l'outil qu'en mai. Ces trois passages, à une vitesse d'environ 3 km/h, lui ont permis d'épamprer. Il n'a eu qu'un seul épamprage manuel « très rapide » du bas des souches à réaliser en juillet. « Auparavant, je devais passer trois fois par saison mon épampreuse à rotor vertical et une équipe de saisonniers passait juste derrière, rappelle-t-il. Là, plus besoin ! » Il n'a pas rencontré de problèmes particuliers, mais il souligne qu'il vaut mieux passer la tondeuse interrang avant de passer l'Herbanet : « Sinon, la luzerne s'enroule autour des rotors. »

Cette année, il va effectuer quatre passages, puisqu'il va débuter plus tôt. « Je veux limiter les risques de gel de printemps. Pour cela, la vigne doit être propre en avril. Mais à ce moment-là, les pampres ne seront pas encore sortis et je ne pourrai donc pas encore épamprer », regrette-t-il. Il change les fils de l'arrière du rotor (qui est disposé en attaque du rang) toutes les deux heures ; ceux de l'avant toutes les quatre heures. L'année dernière pour travailler une quarantaine d'hectares, il a dépensé environ 1 600 euros en fils. « Mais comparé au prix des désherbants, ce n'est rien », nuance-t-il.

Seul bémol, l'outil fait des projections, et sur sol sec, de la poussière. On ne voit même plus les têtes depuis la cabine. Et il faut une vigne solide : ce n'est pas adapté aux plantiers, aux complants sans manchon ou aux ceps mal attachés au fil porteur.

Le Point de vue de

Renaud Cavalier, conseiller machinisme à la chambre d'agriculture du Gard, à Nîmes

« Difficile sur zones caillouteuses »

Renaud Cavalier, conseiller machinisme à la chambre d'agriculture du Gard, à Nîmes

Renaud Cavalier, conseiller machinisme à la chambre d'agriculture du Gard, à Nîmes

« J'ai vu travailler l'Herbanet, mais uniquement en désherbage. Le principe est bon. L'outil réalise un travail plus ou moins intense, suivant les souhaits du viticulteur. Si l'objectif est que ce soit parfaitement propre, il faut que l'Herbanet rase le sol. Dans ce cas de figure, les fils sont attaqués et leur consommation est alors très importante. Sur les sols avec des cailloux, l'usure peut être considérable. Il faudrait sans cesse changer les fils. En plus, comme il y en a un grand nombre, cela nécessite pas mal de temps.

Autre inconvénient, sur les sols secs, cela fait beaucoup de poussière, puisque les fils sont en contact avec la terre.

Par ailleurs, c'est un outil qui demande un bon débit hydraulique ; c'est pour cela qu'il possède sa propre centrale indépendante. Je ne l'ai pas vu fonctionner en épamprage, Mais, a priori, cela devrait bien marcher, et permettre de réaliser deux opérations en un seul passage. D'autres constructeurs proposent ce type de matériel, comme les établissements Braun. »

Cet article fait partie du dossier

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LE TÉMOIN

Philippe Carretero

48 ans.

Diplomé de l'Ensia et DNO de Montpellier.

Sur l'exploitation depuis 1989.

45 hectares en production, dont 40 de rouge et 5 de blanc, en AOC Bordeaux.

Interrangs de 2 et 3 mètres.

10 salariés à temps complet et 4 saisonniers.

Commercialisation de 200 000 cols plus le vrac.

LE BILAN

Avantages

Deux opérations en un passage.

Ne blesse pas les ceps et n'en arrache pas.

Inconvénients

Pas adapté aux plantiers, et nécessite des manchons sur les complants.

Projections de terre ou cailloux.

L'essentiel de l'offre

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