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VIN

La remise en chauffe redonne du boisé aux barriques

Marine Balue - La vigne - n°220 - mai 2010 - page 54

Trois entreprises proposent de rénover les fûts après trois ou quatre vins avec remise en chauffe, afin de retrouver un goût boisé. Les utilisateurs sont conquis.
 © D. CONDACHOU

© D. CONDACHOU

Sodema Bacchus travaille au domaine

La rénovation peut se réaliser chez le client, grâce à un matériel embarqué. Après inspection de l'état intérieur et extérieur du fût, des tonneliers démontent les deux fonds. Puis, un automate de rabotage retire 3 à 4 mm de bois sur les douelles jusqu'au bois neuf, en lissant l'intérieur. Le rabotage permet de nettoyer et stériliser les fûts. Le potentiel d'oxydation est accentué. La remise en chauffe, identique à une chauffe traditionnelle, va du niveau moyen à moyen + selon que le client souhaite un léger toasté ou un boisé plus marqué. Elle s'effectue avec du bois de chêne français sur un brasero vertical ou horizontal. Si la barrique a contenu du vin rouge et doit servir à du blanc, les fonds sont rabotés et chauffés. Les tonneliers referment le fût et testent éventuellement son étanchéité. Le ponçage extérieur est en option.

Prix : de 100 à 150 € HT par fût de 225 l, selon la quantité, la prestation et la distance.

Dioniland a une grande capacité de production

L'entreprise se déplace chez le client et réalise un diagnostic : elle inspecte l'état du fût et choisit le niveau de chauffe avec le client. Elle emporte les fûts dans ses locaux, à Lézignan-Corbières (Aude). Après marquage, Dioniland démonte les deux fonds de la barrique. Puis, un robot rabote douelles et fonds jusqu'au bois neuf. Un technicien éradique à la main les défauts restants, comme les cloques profondes. La chauffe qui suit est traditionnelle et se fait au chêne sec. Le niveau de chauffe va de faible à moyen ++. Les fonds sont remontés à la presse. Enfin, nous testons l'étanchéité du fût en le remplissant d'eau. Après égouttage et ponçage extérieur, Dioniland réachemine le fût chez le client. Le délai est de 8 à 20 jours selon où se situe le client. Dioniland peut rénover jusqu'à 15 000 barriques par an.

Prix : de 120 à 140 € HT par fût, transport inclus.

Condachou a l'expertise du tonnelier

Le tonnelier démonte d'abord le fût complètement. Cela permet de raboter fonds et douelles une par une, sur 3 à 4 mm. Après réassemblage, le fût est chauffé, avec du bois de chêne exclusivement. Dominique Condachou s'oriente vers des chauffes un peu plus longues que sur des fûts neufs avec un brasero plus petit. Elles ne sont pas trop fortes pour éviter les goûts de goudron, ni trop faibles pour que l'effet boisé se ressente. Enfin, le tonnelier teste la bonne étanchéité du fût. L'entreprise transporte les fûts à rénover depuis le domaine du client jusqu'à son siège, en Corrèze, puis les ramène après rénovation. Le délai dépend de la région. Le tonnelier rénove désormais 400 fûts par an environ.

Prix : 90 € HT transport inclus + 22 € HT si ponçage extérieur et peinture des cercles.

Le Point de vue de

SÉBATIEN PÉRISSÉ, vigneron au domaine Malartic, à Sarragachies (Gers)

« Mieux que les copeaux »

SÉBATIEN PÉRISSÉ, vigneron au domaine Malartic, à Sarragachies (Gers)

SÉBATIEN PÉRISSÉ, vigneron au domaine Malartic, à Sarragachies (Gers)

Nous utilisons des fûts rénovés depuis plus de deux ans sur vins rouges. Les élevages ne durent que quelques mois. Mais ils apportent du boisé au vin sans qu'il soit trop marqué. C'est mieux qu'avec des copeaux. Sur les premiers fûts rénovés, l'effet pouvait varier selon l'origine du bois et le tonnelier. Depuis, je m'assure de la qualité des fûts initiaux, pour obtenir un résultat régulier en rénovation. Je peux garder ces fûts jusqu'à trois ans de plus. Le travail de rénovation et le service sont très bons.

Le Point de vue de

CHRISTOPHE GRAYON, vigneron au domaine Imbeau, à Boudes (Puy-de-Dôme)

« Similaire à un fût neuf »

CHRISTOPHE GRAYON, vigneron au domaine Imbeau, à Boudes (Puy-de-Dôme)

CHRISTOPHE GRAYON, vigneron au domaine Imbeau, à Boudes (Puy-de-Dôme)

Depuis 2007, je n'achète que des fûts rénovés, pour l'élevage de mes rouges. Quand les vins y sont élevés 9 à 10 mois, le résultat est le même qu'avec des neufs. Dégusté à l'aveugle, mon pinot noir a été classé parmi les douze meilleurs pinots de Loire. De plus, chez Sodema, je peux bien choisir le bois, la chauffe, selon le potentiel de mes vins en cuve. Et c'est plus écologique : je double la vie des barriques.

Le Point de vue de

RÉGIS ABELANET, propriétaire du château Abelanet, à Fitou (Aude)

« Un très bon travail des tanins »

RÉGIS ABELANET, propriétaire du château Abelanet, à Fitou (Aude)

RÉGIS ABELANET, propriétaire du château Abelanet, à Fitou (Aude)

Chaque année, je fais rénover un cinquième à un quart de mes fûts de trois vins, tous en chêne français. Même si le résultat n'est pas aussi rapide ou aussi bon qu'avec des neufs, je suis satisfait. Les fûts rénovés travaillent très bien les tanins. C'est ce que je recherche. Ils ne donnent pas forcément un goût boisé marqué.

Lors des dégustations à l'aveugle, les œnologues se font avoir : les vins ne sont pas du tout asséchants comme ils s'y attendent. Les fûts reviennent chez moi après huit jours, délai toujours respecté. Et le prix est plus qu'avantageux !

Le Point de vue de

ROBERT VERNIZEAU, maître de chai du château de Chamirey, à Chamirey (Saône-et-Loire)

« Nous gardons les fûts 2 à 3 ans de plus »

ROBERT VERNIZEAU, maître de chai du château de Chamirey, à Chamirey (Saône-et-Loire)

ROBERT VERNIZEAU, maître de chai du château de Chamirey, à Chamirey (Saône-et-Loire)

Nous faisons rénover nos fûts de trois ou quatre vins pour les garder deux ou trois ans de plus. Depuis 2007, Dioniland en a rénové 300. Quand il récupère les fûts, nous choisissons ensemble le niveau de chauffe (doux à moyen +). Le boisé obtenu est bien fondu. Il correspond à ce qu'apporte un fût d'un an, comme le promet Dioniland. C'est parfait pour des vins que l'on soumet tôt à la dégustation. Grâce à la rénovation, nos achats de fûts neufs diminuent de 20 à 30 % chaque année.

Le Point de vue de

DAMIEN BABEL, régisseur du domaine Guizard, à Laverune (Hérault)

« Un service irréprochable »

DAMIEN BABEL, régisseur du domaine Guizard, à Laverune (Hérault)

DAMIEN BABEL, régisseur du domaine Guizard, à Laverune (Hérault)

Nous n'achetons plus que des fûts rénovés que nous gardons trois ans pour nos syrah et mourvèdre. Avec la chauffe moyenne, les arômes ne sont pas trop toastés, le bois est bien fondu. Il faut au moins dix mois d'élevage pour ce résultat, soit un peu plus qu'avec un fût neuf. Le travail du tonnelier est impeccable. Ces barriques étant trois fois moins chères, nous en avons deux tiers de plus. Nous valorisons bien les vins et nos clients s'y retrouvent.

Le Point de vue de

ALAIN GOUMAUD, propriétaire du château La Treille des Girondins, Saint-Magne-de-Castillon (Gironde )

« Pas de faux goûts »

ALAIN GOUMAUD, propriétaire du château La Treille des Girondins, Saint-Magne-de-Castillon (Gironde )

ALAIN GOUMAUD, propriétaire du château La Treille des Girondins, Saint-Magne-de-Castillon (Gironde )

Depuis quatre ans, je fais rénover 60% de mon chai à barriques. Ces fûts rénovés ne présentent aucun problème de faux goûts. Ils reboisent un peu le vin, mais ne donnent pas le côté vanillé d'un fût neuf. Les barriques sont bien réassemblées : elles ne fuient jamais. Pour des vins de gamme intermédiaire, la rénovation de fûts est une bonne option.

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