Déjà lointaines, les dernières attaques contre le vin semblent oubliées. Pourtant, elles ont porté leurs fruits. La preuve ? Les Français sont moins nombreux qu'il y a cinq ans à penser que le vin est bon pour la santé.
Certes, ils restent majoritaires. Mais ils diminuent. Les plus prudents d'entre nos concitoyens ont sans doute retenu qu'il fallait se méfier de la moindre goutte de vin. Ils feraient bien de prêter l'oreille à d'autres nouvelles. Ils en garderaient l'âme plus légère. Selon une étude américaine, ceux qui s'abstiennent de boire la moindre goutte d'alcool vivent moins vieux que les consommateurs modérés et même – surprise ! - que les gros consommateurs, définis comme buvant trois verres ou plus par jour. Etonnés par leurs résultats, les chercheurs ont étudié tous les biais possibles. Ils n'ont pas trouvé de quoi infirmer leur principale conclusion : la consommation de boissons alcoolisées est bien un facteur de longévité pour les personnes d'âge mûr. Elle entretient la bonne humeur et les rapports sociaux quand l'abstinence alimente les idées noires. Quand les responsables de la santé publique en France l'admettront-ils ?
Nicolas Sarkozy s'apprête, paraît-il, à faire un déplacement dans une région viticole. Lira-t-il cette étude ? Il ferait bien. Il ferait bien aussi de lire l'observatoire économique des exploitations viticoles de FranceAgriMer. Il apprendrait que seuls les coopérateurs installés sur des appellations hautement valorisées et les caves particulières qui vendent beaucoup en bouteilles ont gagné de l'argent avec la récolte 2008. Tous les autres souffrent de la crise viticole qui sévit depuis sept ou huit ans déjà, selon les régions.
Cette crise est certes liée aux erreurs de la viticulture qui n'a pas toujours su répondre aux attentes des marchés. Mais l'hostilité permanente des pouvoirs publics à l'égard de la viticulture y a aussi sa part, car elle fournit des arguments à nos concurrents sur les marchés étrangers. Si le président de la République doit prononcer un discours dans une région viticole, espérons que ce sera en faveur d'une profession qui fait vivre les campagnes et non pas de ceux qui nous invitent à nous priver des plaisirs de la vie pour gagner un triste paradis.