Retour

imprimer l'article Imprimer

ACTUS - POUR OU CONTRE

Est-ce aux interprofessions de gérer le VCI ?

Propos recueillis par Aude Lutun - La vigne - n°223 - septembre 2010 - page 21

Le débat autour de cette question retarde la mise en place de cette assurance récolte.

Le comité national de l'Inao aurait dû voter, le 9 juin dernier, un décret autorisant le VCI pour tous les vins blancs AOC tranquilles, comme il l'avait décidé en février. Or, le vote a été ajourné. Rappelons que le VCI ou Volume complémentaire individuel, permet de récolter un peu plus que le rendement autorisé lors d'une bonne année. On constitue ainsi une réserve qu'on débloquera lors d'une année déficitaire. Pourquoi ce revirement ?

« Il est de mon fait, explique Yves Bénard, président du comité national des vins AOC. J'ai trouvé qu'il était prématuré de publier un décret pour les blancs alors qu'il y a encore deux ans d'expérimentation à mener en Champagne et à Chablis (Yonne). » Les vignerons y voient le résultat d'un lobbying du négoce qui craint les conséquences économiques des déblocages de VCI. Pour eux, c'est aux interprofessions d'autoriser la constitution, puis le déblocage du VCI. Yves Bénard prône le consensus : « Je souhaite que le futur décret mentionne l'obligation d'une convention entre l'Organisme de défense et de gestion (ODG) et l'interprofession. Cette convention définira qui décidera et comment se gérera le VCI. Chaque région procédera comme elle le souhaite. Le VCI est une assurance récolte qui a des conséquences économiques, mais il n'est pas un outil économique au même titre que les blocages et déblocages collectifs obligatoires. »

Le Point de vue de

PLUTÔT CONTRE

« Non, c'est avant tout un outil d'assurance récolte »

Bernard Farges, président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieur © AGENCE APPA

Bernard Farges, président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieur © AGENCE APPA

« Nous débutons l'expérimentation du VCI avec les vins rouges pour une période de cinq ans. Il sera géré par l'ODG. Dans notre région, cet organisme s'occupe déjà des rendements, avec l'avis de l'interprofession. Il nous semblait logique qu'il en soit de même pour le VCI, qui est avant tout un outil d'assurance récolte et un outil d'assurance qualitative permettant de prendre des risques au vignoble. Le VCI n'est pas à proprement parler un outil économique puisque les volumes débloqués restent dans la limite du rendement annuel. Les vignerons pourront bloquer jusqu'à 5 hl/ha par millésime, avec un plafond de 15 hl/ha sur la période des cinq ans. Chacun pourra débloquer ses volumes en réserve, avec l'accord de l'ODG, lorsqu'il fait une mauvaise récolte. L'interprofession n'aura pas à se prononcer. A Bordeaux, le véritable débat n'a pas porté sur la gestion du VCI, mais sur l'intérêt ou non de mettre en place le VCI. Le négoce était réticent et redoutait une dérive des volumes récoltés. Cette crainte n'a pas lieu d'être, car nous aurions pu déraper depuis quinze ans avec le VSI (Volume substituable individuel), qui permet d'aller jusqu'au rendement butoir. Or, il n'y a pas eu de dérive. »

Le Point de vue de

POUR

« Oui, seule l'interprofession peut bloquer et débloquer des volumes mis en réserve »

Ghislain de Montgolfier, président de l'Agev, l'Association générale des entreprises vinicoles, le syndicat du négoce

Ghislain de Montgolfier, président de l'Agev, l'Association générale des entreprises vinicoles, le syndicat du négoce

« Nos marchés et nos consommateurs ont besoin de régularité. C'est pourquoi l'Agev est favorable à un système qui permet de lisser la mise en marché d'une année sur l'autre, en gommant les effets des aléas climatiques. Regardons les difficultés que connaît le muscadet, provoquées par le gel de 2008 et la perte de marché qui en a résulté. Nous soutenons donc la mise en œuvre du VCI, qui est un système de régulation des quantités mises en marché par la libération de volumes préalablement mis en réserve. Ce mécanisme, en alimentant le marché, limite les fluctuations du revenu de la filière, donc des vignerons et des négociants. La gestion du VCI, complexe, exige l'intervention à la fois de l'ODG et de l'interprofession. Nous estimons que c'est à l'ODG de déterminer si, une année donnée, les caractéristiques qualitatives de la récolte permettent la constitution d'un VCI dans de bonnes conditions.

En revanche, sur le plan quantitatif, c'est aux interprofessions de bloquer et de débloquer les quantités de VCI mise en réserve. Cette compétence est donnée par les textes européens et nationaux aux interprofessions : seules celles-ci peuvent prendre ces mesures. En outre, ce schéma s'inscrit en parfaite cohérence avec les orientations du ministre de l'Agriculture, qui nous appelle à faire émerger une gouvernance interprofessionnelle régionale sur la base d'un objectif partagé de développement économique. »

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :