Techno et branchée, la viticulture ? Surtout pas. Elle se plaît à cultiver les images du passé lorsqu'il s'agit d'expliquer comment on fait les vins. Dans bien des caves, la technologie fait encore profil bas, malgré son indéniable intérêt. Mais dès que l'on passe au bureau, c'est une autre musique : on se précipite sur les moyens les plus modernes pour gérer son entreprise et faire parler d'elle.
Quel domaine n'a pas son site internet ? Et voilà qu'à peine ouverts, ces sites paraissent déjà un peu trop figés pour communiquer librement. Les uns se lancent dans un blog, les autres tiennent une page sur Facebook ou veulent apparaître sur les smartphones pour ne rien rater de la révolution mobile. Tous veulent donner régulièrement des nouvelles d'eux à leurs clients et « amis » réels ou virtuels. Les plus adroits ou les plus chanceux parviennent ainsi à entretenir un « buzz » leur permettant de nouer de nouveaux contacts et de développer leur affaire. Leurs initiatives ne soulèvent aucune objection. Il ne viendrait à personne l'idée de dire qu'elles nuisent à l'image du vin.
Nouvelles tendances
De même, le monde du vin est longtemps resté à l'écart des lieux et des gens branchés. A la futilité de ceux qui se prétendent à la mode, il a préféré les habitudes bien ancrées de ses consommateurs traditionnels : le repas à table plutôt que l'apéro dînatoire. Les jeunes consommateurs sont donc allés voir ailleurs, du côté des brasseurs et des barmen qui manient l'art du cocktail. Le Cabernetd'Anjou, Bordeaux et d'autres ont réagi.
Ils ont réussi à prendre pied dans des bars musicaux fréquentés par des jeunes, montrant que le vin avait toute sa place dans ces lieux. Notre dossier explique leur démarche.
Techno et branché, le monde du vin sait aussi se montrer écolo. C'est en viticulture que le bio a le plus progressé cette année. Au-delà de conversions souvent imposées par le marché, bien d'autres initiatives attestent de la volonté de préserver l'environnement. Nous en détaillons quelques-unes dans les pages qui suivent. Un groupe de coopérative du Midi a ainsi créé la marque « Vignerons en développement durable », attestant de leurs efforts en la matière. De son côté, le syndicat des Côtes de thongue se mobilise pour protéger les espèces rares qui vivent dans son aire délimitée. Et les Vignerons catalans ont adopté le verre allégé et le papier recyclé pour leur nouvelle gamme Le temps de vivre. On appelle cela, l'écoconception. Même le conditionnement des vins n'échappe pas à ce grand dépoussiérage. Notre époque veut du pratique pour simplifier la vie quotidienne. La bouteille de 75 cl ne l'est pas toujours. Dans les grandes surfaces, elle cède du terrain au profit du bib, plus adapté à la consommation occasionnelle. D'autres nouveaux conditionnement voient le jour : verres operculés, cannettes, poches à vins… De nouveaux lieux de consommation ouvrent où l'on peut boire au verre ou déguster avant d'acheter.
Dans tous ces mouvements, le monde du vin a su préserver l'essentiel : rester convivial en imaginant de nouvelles occasions pour rassembler les gens autour d'un verre. A n'en pas douter, le vin est bien dans son époque.