Une bouteille allégée en verre, une étiquette en papier recyclé et un bouchon en liège issu de forêts gérées durablement. Le temps de vivre, la marque des Vignerons catalans lancée en 2009, endosse tous les attributs de l'écoconception. Un nouveau terme, encore absent du dictionnaire, qui se définit par la prise en compte, lors de la création d'un produit, de son impact sur l'environnement. « Nous sommes engagés dans le développement durable depuis une vingtaine d'années, révèle Christophe Danoy, directeur qualité. Nous n'avons jamais communiqué dessus. La marque Le temps de vivre est un moyen d'illustrer notre philosophie de travail. »
Aubaine du calendrier : les fournisseurs de l'entreprise, verriers, cartonniers, bouchonniers et imprimeurs travaillent eux aussi sur des solutions vertes depuis quelques années. « Il y a dix ans, les verriers proposaient déjà des bouteilles allégées, mais elles étaient fragiles et inesthétiques. Ils ont planché sur de nouvelles solutions et ont abouti à des offres en phase avec nos attentes. » Par ailleurs, un audit, réalisé en amont par un consultant d'Adelphe, une société qui organise le recyclage du verre, a aidé les Vignerons catalans à mener à bien leur projet.
Une réduction de 15 % des rejets de CO2
Du côté des bouteilles, les Vignerons catalans ont choisi le modèle Ecova évolution de Saint-Gobain emballage. Elle pèse 50 grammes de moins que son équivalente dans la gamme classique du verrier, soit 395 g. D'après les calculs de ce dernier, sa fabrication réduit de 15 % les rejets de CO2 dans l'atmosphère. Autre avantage, elle permet d'entreposer deux palettes de plus par camion avec à la clef des économies de transport.
Du côté des bouchons, les Vignerons catalans ont opté pour un liège naturel d'Amorim, certifié FSC (Forest Steaward Councilship). Ce sigle garantit la gestion viable de la subéraie. L'étiquette en papier recyclé vient de l'imprimeur Aset-Bidoit, certifié Imprim'Vert. Ce dernier a, de surcroît, utilisé des encres coupées à l'eau. Les cartons d'expédition de chez Smurfit socar sont en matériau recyclé, de couleur brute et comportent un minimum d'inscription. Pour les fermer, l'entreprise a réduit les quantités de colle utilisées. « Autrefois, nous déposions huit traits de 4,5 cm de colle de haut en bas, décrit Christophe Danoy. Aujourd'hui, nous ne mettons plus que 3,5 cm. Cela correspond à 22 % de colle en moins, soit 3,8 tonnes d'économisées à l'année. »
Les premières bouteilles, un côtes-du-roussillon rouge et un rosé, ont été vendues en grande distribution l'an dernier. « Nous devrions atteindre 20 000 cols vendus d'ici à la fin de 2010, estime Anne Lataste, responsable marketing opérationnel. Les distributeurs ont bien accueilli notre initiative, car ils travaillent dans des directions similaires. »
Depuis peu, l'export donne des premiers signes d'intérêt. De quoi atteindre l'objectif de 60 000 cols prévu en 2011.
En champagne, l'étiquette écoconçue « c'est compliqué »
« Nous avons adopté la bouteille champenoise allégée depuis quatre ans, lance Michel Jacob, du champagne Serge Mathieu. Sur nos 100 000 cols, 80 000 cols sont des bouteilles de 835 g au lieu de 900 g. Nous avons choisi des bouchons de champagne dont la couronne en liège est plus épaisse, ce qui limite l'utilisation de colle. Nous souhaitions étendre notre démarche à l'étiquette, mais c'est plus compliqué. La plupart de nos bouteilles se retrouvent dans des sceaux à glace et il n'existe pas encore de papier et d'encre résistants à ce traitement.
Même chose pour les coiffes qui sont dans un complexe étain et aluminium. En revanche, nous avons pu faire des efforts dans nos bâtiments. Notre nouveau chai de stockage est en brique Biomur de trente centimètres d'épaisseur. Les murs font office d'isolant naturel. Nous avons utilisé des peintures sans solvant. L'addition de ces actions crédibilise notre image auprès de nos clients. »