ECOLO Cheval Quancard passe au vert

Lancée en 2008, la gamme de bordeaux bio du négociant avoisine les 50 000 cols.

On connaissait les producteurs de vins bio et les négociants spécialisés sur ce segment de marché. Voici qu'apparaît un troisième type d'opérateur : les maisons de négoce traditionnelles qui lancent des marques de vins certifiés issus de raisins de l'agriculture biologique. L'arrivée de ces « nouveaux » intervenants est la preuve que la niche du bio nourrit de belles ambitions…

Parmi ces opérateurs : la maison Cheval Quancard, basée à Carbon-Blanc (Gironde), en périphérie de Bordeaux. Ce négociant commercialise 6,5 millions de bouteilles par an et réalise un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros.

Du bio, du bon et des volumes…

Pour répondre à la demande de produits bio, notamment sur les marchés français, allemand et japonais, il avait jusqu'alors dans sa gamme quelques vins de propriétés cultivés en agriculture biologique. « Comme nous avions parfois des problèmes dans le suivi de l'approvisionnement, nous étions en contact avec quatre ou cinq châteaux différents », explique Roland Quancard, président du directoire.

Il y a trois ans, Cheval Quancard crée sa propre marque de vins bios. Lancée en avril 2008, Authenta, représente aujourd'hui environ 50 000 cols par an. La gamme est composée de deux bordeaux, un rouge (85 % des volumes) et un blanc (15 %). Elle est commercialisée sur tous les circuits de distribution : 40 % à l'export, 40 % dans les grandes surfaces françaises et 20 % par le circuit traditionnel. Son prix de vente au public est compris entre cinq et sept euros le col. Désormais, le négociant achète les lots en vrac, sans contrat de partenariat, auprès de cinq producteurs différents, dont une cave coopérative. « Le fait de travailler sur le marché libre nous garantit un maximum de liberté dans nos assemblages. C'est important pour assurer le suivi qualitatif de notre marque, indique Roland Quancard. C'est là l'une des difficultés quand on travaille en bio. Certains millésimes sont très difficiles. Par exemple, le 2007, à Bordeaux… A cause des conditions climatiques, beaucoup de producteurs bios ont dû renoncer et traiter leurs vignes ou récolter de toutes petites vendanges. Des années comme celle-là, l'approvisionnement d'une marque se révèle très délicat. Il nous faut du bio, de la qualité et des volumes. Nous travaillons ces trois priorités et dans cet ordre. »

Le résultat est là : Authenta rouge a obtenu une médaille d'or en 2009 au concours Amphore, récompensant les meilleurs vins issus de l'agriculture biologique.

Deux audits par an pour vérifier la traçabilité

Pour trouver les lots, la maison de négoce passe par des courtiers. « En moyenne, les vins bios d'AOC Bordeaux sont 25 à 30 % plus chers que le cours moyen des vins non bios communiqués par l'interprofession », constate Roland Quancard.

Pour avoir le droit de commercialiser une marque comme Authenta, le négociant doit avoir une certification en tant qu'élaborateur de vin bio. « Nous avons deux audits par an, poursuit Roland Quancard. Il faut être au clair avec la traçabilité des vins achetés et montrer que les lots en question sont bien isolés de ceux qui ne sont pas bios. Des prélèvements ont lieu pour contrôler le tout. »

Le packaging de la marque Authenta a été conçu en interne. Le nom latin fait référence aux lointaines origines du vin. La branche d'églantine, dessinée sur l'étiquette faciale « symbolise la fragilité d'un écosystème protégé », précise Karine Martin, responsable marketing. Le négociant communique aussi sur les matières de l'emballage : l'étiquette est en papier recyclé (75 %) et en fibre de coton blanchie sans chlore (25 %). Elle est imprimée avec des encres sans solvant. Le carton est brut et la bouteille est une tradition allégée. Un ensemble cohérent.

L'accueil d'Authenta a été unanime. Ceux qui achetaient les châteaux bios ont tous opté pour la nouvelle marque. Reste désormais à conquérir les magasins spécialisés…