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Autant le dire

“Un courrier en réponse à la question : « Constatez-vous des améliorations sur le marché du vin ? »”

Un viticulteur girondin - La vigne - n°226 - décembre 2010 - page 8

Etant un petit producteur de bordeaux rouge de moins de 15 hectares, je ne constate aucune amélioration des marchés du vin pour l'instant. Autour de moi, des viticulteurs importants (entre 50 et 100 hectares ou plus), en cave particulière comme en coopérative, cassent les marchés en vendant du vin à la baisse de façon à faire disparaître les petits producteurs. Ils accusent les courtiers, les négociants et la grande distribution de pratiquer des prix bas de façon à favoriser les consommateurs, alors que tout producteur est aussi consommateur. En parlant avec les producteurs, ils me disent qu'il faut que ce soit les rendements qui augmentent, plutôt que les prix. [...]

Pour moi, les marchés remonteront lorsque le viticulteur produira moins et mieux ; surtout quand Bordeaux acceptera de produire moins et mieux. Depuis quatre ans, je participe au concours, aux foires de Paris et de Bordeaux, sans aucun résultat. Ma récolte 2009 a été vendue 700 euros le tonneau en vrac au négociant, mais celui-ci ne pouvait pas mettre plus à cause du marché trop excédentaire.

Le seul problème, c'est que le viticulteur girondin voudrait être le seul sur le territoire français et mondial, alors que les vins étrangers sont de très bonne qualité, tout comme les vins des autres régions viticoles françaises.

Je pense que la viticulture française n'est pas près de sortir de la crise, car la majorité des viticulteurs est trop égoïste, ils soutiennent que leur vin est le meilleur alors que tout cela est faux. Dans ma commune, le pourcentage de viticulteurs qui n'ont aucune formation viticole est supérieur aux autres (maçon, charpentier, paysagiste, etc.). Ils ont des exploitations viticoles importantes et ne connaissent rien au métier. Le métier ça s'apprend, moi-même, j'ai fait quatre années d'études et j'ai un Bepa viticulture œnologie obtenu en 1977. J'ai maintenant 51 ans, j'ai repris l'exploitation de mes parents début 1993. En 1980, j'ai voulu acheter une propriété, sans succès. Une personne qui faisait partie du syndicat viticole, mais qui n'était elle-même pas viticultrice, m'a barré la route.

Comment voulez-vous que des petits producteurs puissent lutter ?

La crise viticole est due aux gens de la génération de mes parents, qui ont poussé leurs enfants, mais aussi leurs petits-enfants, à rester dans le métier pour ne pas perdre le patrimoine familial. La crise ne date pas d'hier, cela dure depuis bien longtemps et c'est de la faute de ces viticulteurs si aujourd'hui le métier ne rapporte plus.

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