Jean-Paul Fleuriet est un vrai « Géo Trouvetout ». Ce vigneron sancerrois est à la retraite. Son fils Emmanuel a repris les rènes du domaine de la Petite Fontaine, à Verdigny (Cher). Mais il ne se passe pas un jour sans qu'il ait une nouvelle idée pour adapter un matériel. C'est donc tout naturellement qu'en 2001 il a conçu et installé sa prétailleuse maison sur un chenillard.
Les vignes sont taillées en guyot simple et plantées à 1,30 m d'écartement. Afin que la machine avance toute seule dans les rangs, Jean-Paul Fleuriet l'a pourvue de deux palpeurs pneumatiques à l'avant, qui détectent les pieds.
A l'arrière, il a installé un groupe électrogène qui alimente deux taille-haies, un de chaque côté de l'engin. Celui situé à gauche prétaille la vigne à sept ou huit yeux.
L'ouvrier qui prend place sur le chenillard complète le travail. Il sélectionne la baguette qu'il souhaite garder et, avec le taille-haie de droite fixé au bout d'une potence, il coupe tous les autres sarments au niveau du fil d'attache.
Pour les vignes en pente à l'origine
La machine consomme peu : 8 l d'essence par jour. Elle ne pèse que 250 kg maximum, le tailleur compris. Elle permet de travailler dans des conditions extrêmes, car elle est équipée d'un toit. « Je prétaille 60 ares par jours, rapporte Emmanuel Fleuriet. Ensuite, le tailleur n'a plus qu'à choisir un courson et à couper le reste à ras. Il va trois fois plus vite. » Autre intérêt : « Comme nous gagnons du temps, nous pouvons décaler la taille en sève montante. Cela limite l'eutypiose. »
Au départ, nos deux viticulteurs se sont servis de leur prétailleuse dans les vignes en pente. « La machine coupe les bois en deux. Nous pouvons donc les laisser au sol, ce qui permet de lutter contre l'érosion. » Ensuite, ils s'en sont servis sur l'ensemble des 13 hectares de leur vignoble. Mais l'an dernier, ils ont dû y renoncer et ils devront faire de même cette année. « Nous avons eu des attaques de blackrot, indique le fils. Et notre vignoble est très atteint par les maladies du bois. Nous préférons brûler les bois. La prétaille n'a plus d'intérêt. »
Là encore, Jean-Paul Fleuriet a développé une astuce : « J'ai retiré les taille-haies du chenillard. Et j'ai fixé une barre portant deux gros brûlots, un à droite et l'autre à gauche. Ils enjambent les rangs de vigne. Cela permet à trois personnes de ramasser les bois dans cinq à six rangs en même temps sans peiner. » Il suffisait d'y penser.