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DOSSIER - ŒNOTOURISME : Les régions vont de l'avant

PROVENCE L'influence climatique

Aurélia Autexier - La vigne - n°227 - janvier 2011 - page 40

Le soleil et la notoriété de la région sont les premières motivations touristiques. La découverte des vins apparaît comme une activité complémentaire possible mais non déterminante.

Première région en France pour l'accueil des touristes nationaux (27 millions de visiteurs) et deuxième pour les touristes étrangers (7 millions), la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur est d'abord appréciée pour son climat, ses plages et la beauté de ses paysages. Ses vins et son vignoble sont cités en troisième motif de séjour alors que c'est le premier facteur de venue dans d'autres vignobles. En clair : la Provence ne manque pas de visiteurs, mais ceux-ci ne songent pas toujours à découvrir ses vins… Le constat est presque vexant mais François Millo, directeur du comité interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), positive : « C'est plus facile de convertir un touriste en œnotouriste que d'aller chercher des œnotouristes à travers le monde. Au moins, notre cible est sur place… »

Une route… sur le web

La récente enquête d'Atout France permet de mieux cerner le pro‑ l de l'œnotouriste en Provence. Celui-ci est assez aisé : 27 % déclarent un revenu net mensuel supérieur à 5 000 € par mois ! Son panier d'achat de vins lorsqu'il se rend dans une cave est supérieur à la moyenne : 110 euros, contre 106 de niveau français. De quoi booster les prétentions des caves : une bouteille de rosé se vend au caveau entre 6,20 et 9 euros. 40 % des ventes s'effectuent dans la région. Parmi les sites les plus visités : le château de Berne, à Lorgues, et Sainte-Roseline, aux Arcs (Var). Le premier annonce 25 000 visiteurs par an et 45 000 pour l'autre ! Autre lieu de passage : les maisons des vins.

Fort de sa place au soleil, le vignoble provençal souffre, en revanche, d'un manque d'organisation en réseau. Pour pallier cette lacune, la profession mise sur une route des vins. Le projet est porté par la chambre régionale d'agriculture. Outre une signalétique routière, il vise à mettre en place un site web récapitulatif de l'offre œnotouristique régionale. Le budget est à la hauteur des ambitions : 500 000 euros dont 166 800 de l'interprofession (CIVP) sur quatre ans.

La future route des vins se veut fédératrice. Elle va couvrir quatre départements et vise à faire découvrir l'offre des vins de pays et des appellations. Sont concernées les trois AOC membres du CIVP (Côtes-de-Provence, Coteaux d'Aix, Coteaux Varois) mais aussi Bandol, Cassis, Bellet, Baux-de-Provence, Palette et peut-être même l'AOC Lubéron. Fin 2010, les 305 caves qui avaient adhéré au projet ont toutes reçu la visite d'un photographe. Il leur en a coûté 200 euros. Le professionnel est en train de monter, pour chacun, un reportage de présentation qui sera bientôt mis en ligne. Ouverture officielle du site : printemps 2011.

56 730

56 730 touristes ont fréquenté l'une des maisons des vins de Provence en 2010. 33 000 aux Arcs (Côtes-de- Provence), 20 000 à Bandol et 3 730 à La Celle (Coteaux Varois).

Le Point de vue de

Valérie Rousset, (à droite) propriétaire du château Roubine, 72 ha de vignes, à Lorgues (Var)

« Nous plongeons nos hôtes dans l'ambiance provençale »

Son offre

Valérie Rousset a réaménagé une ancienne ferme située sur le domaine en chambres d'hôtes. Outre leur location, notre Varoise propose trois prestations au public. Début juillet, elle organise une soirée Cep et ciel, « pour découvrir la voûte céleste, un verre de rosé à la main ». Tout au long de l'année, elle propose aussi des cours de cuisine provençale avec un chef de la région. Enfin, depuis peu, elle a aménagé un sentier vigneron, long de 3 km, tout autour de son domaine, « à découvrir à pied ou en VTT ». Valérie Rousset estime qu'apprendre, c'est bien ; donner de la couleur locale, c'est mieux. Aussi, la leçon de cuisine débute-t-elle par les commissions au traditionnel marché du village. En fin de matinée, les participants rentrent au domaine où ils sont accueillis autour d'un apéritif. Le cours de gastronomie peut alors commencer… La préparation du plat terminée, les apprentis cuisiniers passent à table pendant le temps de cuisson. Ils dégustent un plat identique, mais cuisiné la veille. Après déjeuner, ils repartent avec une portion du plat qu'ils ont aidé à préparer et qui a fini de cuire…

Son organisation

Pour l'aider dans l'accueil des visiteurs, la propriétaire des lieux a recruté, en 2009, une jeune femme licenciée en tourisme. Par ailleurs, en tant qu'ancienne attachée de direction d'un important groupe hôtelier de luxe, Valérie Rousset n'hésite pas à faire appel à des prestataires qualifiés pour offrir une animation de qualité. Pour la soirée Cep et ciel, elle fait venir un astronome équipé de sa lunette d'observation. Elle confie les cours de cuisine à une spécialiste de la gastronomie provençale qui parle parfaitement l'anglais.

Sa tarification

La participation à la soirée Cep et ciel s'élève à 40 euros par personne. Cela comprend 1 h 30 de découverte astronomique suivi d'un cocktail dînatoire. Les cours de cuisine sont tarifés 80 € par personne, pour un groupe de huit minimum. Les participants sont pris en charge dès 9 h 30 au marché et jusqu'en fin d'après-midi.

Ses investissements

La prestation de l'astronome et l'organisation du cocktail pour les 40 participants à la soirée Cep et ciel lui coûte environ 350 euros. Le budget pour l'intervention de la cuisinière et l'achat des ingrédients nécessaires à un plat pour huit personnes s'élève à 350-400 €, suivant les ingrédients achetés.

Ses bénéfices

« En tant que telle, la soirée astronomique comme les cours de cuisine ne rapportent pas d'argent. Je cherche juste à ce que ces activités s'équilibrent. En revanche, leur impact est important, car ces animations font parler du château Roubine. Cela accroît notre notoriété », explique la propriétaire.

Ses projets

« J'aimerais développer l'œnotourisme tout au long de l'année et non pas seulement en été. C'est la raison pour laquelle j'adapte les cours de cuisine en fonction de la saison. Les treize desserts à l'approche de Noël, gratin de cardes à l'automne… » Enfin, le château Roubine va pour la première fois organiser la réception d'un mariage en juin 2011. Une activité de location que la propriétaire espère bien développer…

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :