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DOSSIER - ŒNOTOURISME : Les régions vont de l'avant

BORDEAUX Les bouchées doubles

Clara de Nadaillac - La vigne - n°227 - janvier 2011 - page 52

Le Bordelais est la première destination des œnotouristes en France. Chartes de qualité d'accueil, initiatives originales et festivités autour du vin drainent les visiteurs.

Si le Bordelais a longtemps semblé snober les touristes, il est à présent convaincu de l'importance de l'œnotourisme. Forte de ses quelque 5 000 châteaux ouverts au public, la région attire tous les ans 4,3 millions de touristes dans ses vignes, dont 2,4 millions uniquement entre juin et septembre. Cela en fait la région viticole la plus prisée de France. Notoriété historique, propriétés originales, grands châteaux et événements vinicoles contribuent à lui donner cette place de leader. Et tout le monde se met en quatre pour répondre aux demandes d'une clientèle toujours plus exigeante.

Du côté des particuliers, de nombreuses initiatives originales ont vu le jour ces dernières années. C'est notamment le cas de la Winery d'Arsac où l'on peut définir son signe œnologique et qui se targue d'accueillir 50 000 visiteurs par an, des sources de Caudalie qui proposent une vinothérapie, ou encore du hameau de Bages avec son relais château et son restaurant gastronomique. De même, des viticulteurs s'associent pour proposer des produits clé en main, à l'image des Médocaines, avec leurs journées vendanges, ou de la journée gourmande à Margaux (lire témoignage). Des prestataires privés sont également positionnés sur ce créneau, comme Bordeaux Label ou l'Agence des grands crus.

Les institutionnels ne sont pas en reste, à l'image du syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieur qui dispose d'un lieu pédagogique autour de la vigne et du vin : Planète Bordeaux ; ou encore du négoce à qui un musée est dédié depuis 2008. Et la filière ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Un centre culturel et touristique du vin devrait ouvrir ses portes à Bordeaux d'ici à 2014. Ce sera un lieu didactique, à destination de tous les publics. En plus d'une visite sur la thématique des civilisations du vin, il accueillera des salles de dégustation, un auditorium, des restaurants, un bar à vin ou encore un espace d'information et de promotion des différents vignobles de la région.

Une garantie d'accueil pour les visiteurs

A côté de ces initiatives individuelles existe une offre structurée, essentiellement pilotée par la filière touristique, même si l'interprofession (CIVB), la fédération des grands vins ou encore la fédération des négociants sont très impliqués.

Depuis 1995, cette offre est organisée autour d'un label du comité départemental du tourisme (CDT), nommé « Vignobles et chais en Bordelais », devenu une marque en 2005. A ce jour, ce réseau compte 560 propriétés, respectant toute une charte, et étant contrôlées tous les trois ans. Ce label a déjà été revu en 2005 et s'apprête à évoluer en 2011. « Le but est de rendre le réseau plus visible et d'intégrer plus de choses, comme des hébergements », explique Carole Dufrêche, du CDT. Cette marque est une garantie d'accueil pour les visiteurs : les propriétés s'engagent à proposer plus qu'une simple dégustation-vente, à afficher leurs horaires ou encore les langues pratiquées. Cette marque s'inscrit dans la démarche de la région Aquitaine : Destination vignobles. Un autre label a été mis en place dans le Bordelais : les hébergements Bacchus. Ses signataires s'engagent eux aussi à respecter les conditions d'accueil définies par le CDT.

Parallèlement à cela, le vignoble s'articule autour de cinq grands centres d'intérêts : le Médoc, la Haute-Gironde, le pays du Libournais, l'Entredeux-Mers, et les Graves/Sauternais. Chaque zone développe une thématique particulière : « Le but est de proposer une grande variété de circuits, tout en respectant la diversité des AOC », indique Sophie Gaillard, de l'office du tourisme de Bordeaux. Ainsi, le secteur de Saint-Emilion, qui draine à lui seul 34 % des œnotouristes de Gironde, est couru en raison de sa cité médiévale et de sescaves souterraines. Le Médoc arrive juste derrière avec 24 % des touristes, qui sont attirés par la longue route des châteaux classés en 1855.

A côté de ces circuits, le comité du tourisme souhaite bâtir une gamme de produit autour d'associations entre le vin et le patrimoine, le vin et la culture, le vin et le savoir-faire, le vin et la gastronomie, etc. L'organisme planche aussi sur la création d'une route des vins couvrant les cinq zones géographiques. A l'heure actuelle, seul le Graves/Sauternes possède sa route. Une autre devrait voir le jour dans l'Entre-deux-mers en 2011 ou 2012. Un autre point fort du Bordelais est la fréquence des événements organisés autour du vin. Des journées portes ouvertes ont lieu dans les différentes AOC tout au long de l'année : « Il y en a pratiquement tous les mois », note Carole Dufrêche. De nombreux autres évènement pimentent l'année, à l'image du célèbre « Bordeaux fête le vin » qui draine à lui seul 500 000 personnes tous les deux ans. Prochain rendez-vous en 2012.

5 466

5 466 caves (50 coopératives et 5 416 châteaux) sont ouverts au public en Gironde.

Le Point de vue de

Nathalie Schÿler, directrice générale déléguée au développement touristique du château Kirwan, à Cantenac (Gironde)

« L'œnotourisme est une activité qui s'autofinance »

Le domaine

Le château Kirwan est un grand cru classé de Margaux, à 25 km de Bordeaux. Il s'étend sur 37 ha.

Son offre

Le château a ouvert un département d'accueil touristique il y a quinze ans. « Nous proposons des visites du domaine, des dégustations et des repas pour le tourisme d'affaire. Le but est de communiquer de manière didactique, afin que les touristes comprennent ce qui fait la complexité de nos vins.

Outre les visites de “prestige“quotidiennes sur rendez-vous, du lundi au samedi, nous proposons une visite du domaine, suivie d'une dégustation, pour les particuliers. Nous avons également quelques initiatives originales, sur rendez-vous. Il y a quatre ou cinq ans, nous avons lancé un parcours ludique avec goûter pour les enfants. Tous les mercredi durant les vacances scolaires, il comprend une explication des différentes étapes de l'élaboration d'un grand vin et un goûter. Il y a même un atelier d'assemblage avec des confitures de cépages. Depuis trois ans, il est possible de survoler le vignoble en hélicoptère. Plus récemment, nous avons mis au point un menu découvertes inédit, durant lequel nous faisons déguster cinq vieux millésimes carafés, des années soixante-dix. Par ailleurs, avec trois autres domaines nous avons mis en place un circuit nommé “Une journée gourmande à Margaux“. Il s'agit de faire visiter nos quatre propriétés dans la même journée (le mardi), avec à chaque étape une dégustation de vin sur une spécialité gourmande : terrine d'esturgeon au caviar d'Aquitaine à Prieuré-Lichine, rillettes de canard chez Rauzan-Gassies, sarments au chocolat à la Tour de Bessan et canelés chez nous. Un déjeuner est aussi inclus. Cela marche très bien : le bus est complet toutes les semaines. »

Ses tarifs

Ils sont variables suivant l'activité choisie. La visite quotidienne de 16 heures est à 6 € par personne, la journée gourmande à Margaux à 98 € par personne et le goûter pour enfants à 9 € par personne.

Son organisation

« Nous avons deux à trois guides tout le temps sur la propriété, qui accueillent en fonction de la langue des touristes. »

Ses investissements

« Nous avons dû restaurer des bâtiments, pour environ un million d'euros. Mais ensuite, l'activité s'autofinance. Nous vendons en moyenne une bouteille par visiteur. »

Ses résultats

« Nous recevons 8 000 visiteurs par an, dont près de la moitié pour des repas diversifiés (affaire, pique-nique, etc.). »

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :