Retour

imprimer l'article Imprimer

VENDRE - C'est tendance

Au Salon des vins de Loire, des exposants pleins d'idées

Bertrand Collard - La vigne - n°228 - février 2011 - page 46

Le salon d'Angers s'est tenu du 30 janvier au 1er février. Les exposants ont multiplié les initiatives pour rappeler que le vin est affaire de convivialité et pour séduire les marchés export.

Frondeurs Saumur-Champigny

« Notre précédent slogan - l'esprit d'un terroir - était trop compliqué. Nous avons changé pour Saumur-Champigny : des moments partagés, explique Patrice Rétif président des producteurs de cette appellation. Nous avions envie d'exprimer la convivialité. » Pour illustrer le plaisir d'être ensemble, le syndicat n'y est pas allé par quatre chemins. Il a choisi une série de photos où un couple, une famille ou des amis pique-niquent ou déjeunent en trinquant dans la bonne humeur. Ces visuels ont servi pour la première fois au salon d'Angers, habillant les bars des exposants de l'espace réservé par le syndicat pour ses membres. En montrant des situations de consommation, ne sont-ils pas contraires à la loi Evin ? « Nous nous en servons sur un salon privé, ouvert aux seuls professionnels, répond Patrice Rétif. Les professionnels ne viennent pas pour consommer, mais pour goûter l'offre. » Mais les visuels apparaissent sur le tout nouveau site internet de l'appellation. Là, le risque est plus grand de heurter les sentinelles de la loi Evin. Patrice Rétif le prend, rappelant que la convivialité est une notion universelle alors que « le terroir est tellement compliqué qu'il ne passe pas à l'export ».

Budget non communiqué.

Frondeurs Cellier du Beaujardin

Une grande toile décorait le fond du stand du Cellier du Beaujardin, la cave coopérative de Bléré (Indre-et-Loire), annonçant de façon très visible que l'on pouvait y déguster des AOP Touraine, Touraine Amboise, Rosé de Loire et Crémant de Loire. AOP et non AOC, le sigle auquel la Cnaoc tient mordicus ?

« Est-ce qu'un jour en France, on prendra conscience qu'on est dans un marché mondial et qu'il faut utiliser un langage commun pour se faire comprendre ? se défend Gilles Bac, le directeur (à gauche), qui dit avoir eu droit aux remontrances de l'Inao. Une évolution s'est faite au niveau de l'Europe. Il faut la suivre. Et je préfère le mot protégé au mot contrôlé. J'en ai marre d'être contrôlé. Je veux protéger mon terroir. Appellation d'origine protégée, cela correspond bien à notre façon de travailler et de voir les choses. » Depuis un an et demi, la coopérative mentionne les trois mots sur toutes les étiquettes qu'elle imprime. Les clients n'y voient aucune objection. La plupart ne remarquent même pas le changement.

Autre nouveauté : la gamme Fief Saint-Martin, en référence à Saint-Martin-de-Tours : un Touraine appellation d'origine protégée dans les trois couleurs.

Prix : 3,50 € bouteille au caveau.

En forme Terra Vitis s'affiche

L'association d'exploitations en production raisonnée a pris un stand pour proposer les vins de ses adhérents, en dégustation libre. Une première. « Nous avons beaucoup de demande de la part des acheteurs, indique Sandrine Delobec, animatrice pour le Val de Loire. Récemment, le monopole suédois nous a invités à venir présenter nos vins. Nous enregistrons aussi de nouvelles adhésions. » Parmi les postulants : Castel. « Nos 160 ha en propriété dans le Muscadet sont certifiés Terra Vitis depuis deux ans, affirme Frank Crouzet, directeur de la communication du groupe. Cette année, nous allons certifier deux de nos vignobles en Bordelais. Et nous sommes partis pour faire certifier nos 1000 ha. Terra Vitis est la référence en matière de viticulture raisonnée. » L'Allemagne et l'Europe du Nord sont très demandeurs.

Nouvelle La poche de Terrebrune

Le domaine de Terrebrune (Notre-Dame-d'Allençon, Maine-et-Loire) se lance dans la poche de 3 litres. « Nous sommes les premiers dans le Val de Loire à l'utiliser, précise Patrice Laurendeau, l'un des deux dirigeants. Il n'y a que 40 g de déchets. Cela plaît aux grandes surfaces toujours à l'affût de nouveautés.

Mais je suis surpris de l'intérêt qu'y portent les particuliers. Nous vendons déjà des bib de 10 l, surtout aux consommateurs réguliers. La poche de 3 l, ce n'est pas du tout la même utilisation. Nos clients nous les achètent pour leurs fêtes de famille. » Terrebrune y conditionne des cabernets et des rosés d'Anjou, vendus 10 € la poche au domaine. L'Anjou rouge vaut 12 €. Des prix au litre 20 % inférieurs aux mêmes vins en bouteilles.

Théâtral Les vins des Rois

Avec leur couronne sur la tête, impossible de passer sans les voir. Quatre domaines se sont regroupés fin décembre au sein de l'association Génération Loire « pour faire des salons ensemble et attaquer l'export », explique Laurent Gouron (à droite, avec son frère Stéphane). Venant tous du Val de Loire, ils revendiquent de proposer une large gamme de « vins des rois » comprenant les muscadets du domaine des Herbauges, les anjous du domaine FL, les saumur-champigny du domaine Saint-Just et les chinons des frères Gouron. Le quatuor pèse près de 2 millions de cols. « Nous voulons faire parler de nous », poursuit Laurent Gouron. Les journalistes, nombreux à s'arrêter pour demander des explications ou goûter les vins, devraient s'en charger. Mais la mise en scène a suscité moins d'intérêt chez les acheteurs.

Prochain rendez-vous de Génération Loire : fin mars à Prowein. Laurent Gouron est déjà prêt à faire mouche en Allemagne.

Prix : à partir de 5 € hors taxe.

Tropical Le sauvignon de Gibault

On connaissait la thermovinification pour les rouges. Quelques viticulteurs ligériens commencent à l'appliquer aux blancs. « Nous sommes en phase de recherche », indique Pascal Gibault en faisant déguster un sauvignon de Touraine du millésime 2010, encore en cuve, entièrement issu d'un moût chauffé à 70°C pendant 5 heures, après un débourbage très serré. Un vin très expressif, rond, avec d'intenses notes de fruits tropicaux et dépourvu d'arômes végétaux. « La thermo ouvre le fruit, soutient le viticulteur à la tête d'une exploitation à Noyers-sur-Cher (Loir-et-Cher) qui vend 250 000 bouteilles par an, surtout à l'export. Nous faisons un produit au goût des consommateurs. Nous ne pouvons plus attaquer l'export avec un sauvignon basique. »

Pascal Gibault espère vendre 20 000 cols de sa nouvelle cuvée à un prix départ de 4 € HT, aux professionnels. « Nous sommes là pour mettre en place un produit, pas pour faire une cuvée confidentielle », explique-t-il tout en regrettant de ne pas être suivi par les organismes de recherche, dont l'IFV.

Prix : 4 € hors taxe le col.

approche Gueule de vigneron

Le domaine de Saint-Pierre (Chaudefonds-sur-Layon, Maine-et-Loire) se lance dans la vente en ligne avec cette nouvelle gamme de quatre vins dénommée Gueule de vigneron. Les capsules sont à vis. Une étiquette sur deux est noire, l'autre est blanche. Toutes les mentions obligatoires figurent sur la contre.

Une troisième étiquette habille le bas de la bouteille. Grande comme un timbre-poste, elle montre la « gueule » du vigneron, en l'occurrence Pierre Renouard, dessinée de profil au trait. Pour l'instant, Pierre Renouard ne vend que la gamme Gueule de vigneron en ligne. « Internet, c'est virtuel, indique-t-il. Je redoute que les clients ne viennent plus nous voir sur le domaine, s'ils achètent en ligne. Or, c'est là que nous leur expliquons notre façon de travailler et que nous faisons l'essentiel de nos ventes. » La gamme Geule de vigneron comprend un rosé de Loire, un Cabernetd'Anjou, un gamay rouge IGP et sauvignon IGP. Prix : 5,50 € TTC départ propriété.

Curiosité Eau de pluie

Malgré son nom, c'est bien un vin, mais d'un cépage rare : le verdelho de Madère. « Nous en avons quelque 80 pieds sur la propriété. Jusqu'à présent, nous jetions les raisins. Nous avons décidé de les vinifier à part, en vin de France », précise le château des Vaults (Savennières, Maine-et-Loire). La cuvée est donc extrêmement confidentielle. Il n'empêche, le château s'en sert pour sa communication. « Les gens veulent comprendre la différence entre nos vins de terroir aux notes minérales et des vins de cépage. Nous, nous utilisons cette cuvée pour l'expliquer. » Eau de pluie présente des notes oxydées, sans doute liées à la vinification en très petit volume. Prix : 12 € au domaine.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :