Retour

imprimer l'article Imprimer

ACTUS - RÉGIONS

BORDEAUX, ROUSSILLON Remous autour de l'embouteillage

Colette Goinère et Frédérique Ehrhard - La vigne - n°229 - mars 2011 - page 16

Dans les deux régions, des ODG veulent imposer des restrictions à l'embouteillage. Les choses semblent mieux engagées dans le Roussillon que dans les Côtes-de-Bordeaux.
Jean-Michel Baudet, président de l'Union des Côtes-de-Bordeaux, veut imposer l'embouteillage à la propriété pour certains vins, une manière de segmenter l'offre.

Jean-Michel Baudet, président de l'Union des Côtes-de-Bordeaux, veut imposer l'embouteillage à la propriété pour certains vins, une manière de segmenter l'offre.

Jean-Michel Baudet, président de l'Union des Côtes-de-Bordeaux (Cadillac, Blaye, Francs et Castillon), est formel : « J'ai mandat pour segmenter notre offre. Nous proposons d'y parvenir par l'embouteillage à la propriété. »

L'Union des Côtes veut que seuls les vins embouteillés à la propriété bénéficient des mentions Blaye, Francs ou Castillon, en complément de « Côtes-de-Bordeaux ». Les vins vendus en vrac ne pourraient être vendus que comme « côtes-de-bordeaux ». La mesure concerne 15 % des vins actuellement vendus sous les appellations Blaye, Francs ou Castillon Côtes-de-Bordeaux. Elle est déjà en place pour les Cadillac Côtes-de-Bordeaux.

« On veut tirer un trait sur des viticulteurs »

Une procédure nationale d'opposition (PNO) a démarré mi-février. Les opposants ont deux mois pour s'exprimer. En attendant, le Blayais est en ébullition. « C'est une façon de tirer un trait sur des vignerons alors qu'ils ne font pas de la mauvaise qualité », s'insurge un viticulteur. « Cela donne un avantage à la coopération qui a ses chaînes d'embouteillage », peste un autre.

Opposition aussi du négoce. « Cette mesure n'est ni pertinente, ni utile. La mise en bouteille à la propriété n'est pas un gage de qualité », affirme Allan Sichel, président du négoce girondin. An niveau national, l'Agev, le syndicat du négoce, refuse l'idée d'une segmentation distinguant, en haut de gamme, les vins mis en bouteille à la propriété et, en bas, les mises au négoce.

Pour Jean-Michel Baudet, ce n'est que « conservatisme. Le négoce a peur d'une contagion Imaginons qu'il ne puisse plus acheter en vrac du saint-émilion ! ».

Dans les Pyrénées-Orientales, l'ODG du Muscat de Rivesaltes et du Rivesaltes veut le conditionnement dans l'aire de production. Ses arguments : éviter de transporter en vrac des vins jeunes, particulièrement fragiles, comme le muscat. Et faciliter les contrôles au plus près de l'embouteillage.

L'interprofession des vins du Roussillon a donné un avis favorable. La Martiniquaise, le principal opérateur qui embouteille à l'extérieur, serait d'accord pour travailler dans l'aire. Concernant le Rivesaltes, la PNO vient de s'achever. Selon l'ODG, personne ne se serait opposé à son projet. La PNO du Muscat de Rivesaltes est en cours.

De son côté, l'ODG du Banyuls souhaite imposer un « conditionnement déclenché par l'opérateur récoltant ou son groupement » et réalisé « dans l'aire de proximité immédiate ». Cette disposition s'appliquerait uniquement aux blancs et aux rimages, « deux vins qui craignent l'oxydation et qui doivent être élevés au moins trois mois en bouteille », précise Isabelle Blin-Moly, de l'ODG.

Entériner un usage

Pour l'ODG, il s'agit d'entériner un usage car, dans les faits, ces vins sont uniquement embouteillés par les producteurs. Il n'y a pas de marché du vrac.

Mais le négoce veille à ses intérêts. « La liberté du conditionnement doit rester la règle. Il ne peut y avoir de dérogations que si elles répondent à des besoins techniques liés à la qualité des vins », rappelle Nicolas Ozanam, le délégué général de l'Agev.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :