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VIGNE - TECHNIQUE À L'ÉPREUVE

Le dépalissage « Les tailleurs ne sont plus gênés par les fils »

Bertrand Collard - La vigne - n°229 - mars 2011 - page 48

Didier Vazel a fabriqué un outil très simple pour décrocher les fils de palissage avant la taille. Il a gagné un peu de temps et amélioré le confort de travail de ses tailleurs.
 © PHOTOS B. COLLARD

© PHOTOS B. COLLARD

APRÈS ÊTRE ENTRÉ DANS LE RANG, le chauffeur s'arrête, prend un fil releveur en main, le soulève et le pose dans la poulie de la dépalisseuse. Il fait de même du côté opposé. Puis il démarre. Alors qu'il avance, les fils sont soulevés, décrochés et tombent au sol. Avec le quad, il peut rouler confortablement jusqu'à 15 km/h, une vitesse impossible à atteindre avec un tracteur. Quelques fois des sarments viennent engorger la poulie. Il faut alors ralentir et tirer sur le fil pour le dégager

APRÈS ÊTRE ENTRÉ DANS LE RANG, le chauffeur s'arrête, prend un fil releveur en main, le soulève et le pose dans la poulie de la dépalisseuse. Il fait de même du côté opposé. Puis il démarre. Alors qu'il avance, les fils sont soulevés, décrochés et tombent au sol. Avec le quad, il peut rouler confortablement jusqu'à 15 km/h, une vitesse impossible à atteindre avec un tracteur. Quelques fois des sarments viennent engorger la poulie. Il faut alors ralentir et tirer sur le fil pour le dégager

L'OUTIL s'emboîte sur un chariot porteur du fabriquant RPM. Didier Vazel a vissé un flasque (disque épais) sur chaque poulie pour leur donner de l'inertie. Il les a peints et a collé de l'adhésif pour repérer immédiatement tous blocages de leur rotation.

L'OUTIL s'emboîte sur un chariot porteur du fabriquant RPM. Didier Vazel a vissé un flasque (disque épais) sur chaque poulie pour leur donner de l'inertie. Il les a peints et a collé de l'adhésif pour repérer immédiatement tous blocages de leur rotation.

À GAUCHE, un rang avant le passage de la machine. Les fils releveurs sont en place et gênent les tailleurs. À DROITE, après le passage de la machine, les fils sont au sol. L'accès aux ceps est entièrement dégagé. Mais les tailleurs doivent penser à pousser les fils contre les ceps pour éviter qu'ils se prennent dans le broyeur à sarments. Dans les parcelles en taille guyot, le dépalissage simplifie également le tirage des bois.

À GAUCHE, un rang avant le passage de la machine. Les fils releveurs sont en place et gênent les tailleurs. À DROITE, après le passage de la machine, les fils sont au sol. L'accès aux ceps est entièrement dégagé. Mais les tailleurs doivent penser à pousser les fils contre les ceps pour éviter qu'ils se prennent dans le broyeur à sarments. Dans les parcelles en taille guyot, le dépalissage simplifie également le tirage des bois.

À GAUCHE, un rang avant le passage de la machine. Les fils releveurs sont en place et gênent les tailleurs. À DROITE, après le passage de la machine, les fils sont au sol. L'accès aux ceps est entièrement dégagé. Mais les tailleurs doivent penser à pousser les fils contre les ceps pour éviter qu'ils se prennent dans le broyeur à sarments. Dans les parcelles en taille guyot, le dépalissage simplifie également le tirage des bois.

À GAUCHE, un rang avant le passage de la machine. Les fils releveurs sont en place et gênent les tailleurs. À DROITE, après le passage de la machine, les fils sont au sol. L'accès aux ceps est entièrement dégagé. Mais les tailleurs doivent penser à pousser les fils contre les ceps pour éviter qu'ils se prennent dans le broyeur à sarments. Dans les parcelles en taille guyot, le dépalissage simplifie également le tirage des bois.

C'est un jeu d'enfant. Didier Vazel entre dans un rang de vigne. Il saisit le fil releveur d'un côté, en se penchant à peine. Il le soulève et le tire vers lui pour le poser dans la poulie de sa dépalisseuse. Il fait de même du côté opposé. Et en route.

Le quad démarre. En avançant, la machine soulève les fils d'une cinquantaine de centimètres tout en les déportant vers le centre de l'interrang. Ce faisant, elle les libère de leurs crochets et casse les agrafes de palissage. Elle arrache les vrilles qui y sont encore accrochées dans les parcelles en taille longue. Comme le ferait un ouvrier.

En conduisant, Didier Vazel surveille qu'à l'avant les fils sortent bien de leurs crochets plusieurs mètres avant son passage. Il jette constamment un œil dans ses rétroviseurs pour vérifier que les poulies tournent bien. Si les fils restent coincés ou si les poulies s'arrêtent à cause d'un bourrage provoqué par des sarments, il ralentit, reprend le fil en main et tire dessus afin de le dégager. Arrivé en bout de rang, il s'arrête pour sortir les fils de sa dépalisseuse. Et le tour est joué !

Didier Vazel n'en est pas à son coup d'essai. Comme d'autres viticulteurs angevins, il avait fabriqué une première dépalisseuse il y a plusieurs années. Au lieu de passer dans une poulie, les fils glissaient sur un simple tube. « On dépalissait par friction, raconte Didier Vazel. C'était un peu violent. Souvent, on cassait des fils. »

Une manière de rentabiliser le quad

L'appareil était accroché au relevage arrière du tracteur. « On passait à 7-8 km/h au maximum. Au-delà, ce n'était pas confortable pour le chauffeur. Il fallait aussi beaucoup se pencher, jusqu'à sortir à moitié du tracteur, pour attraper les fils en bout de rang. Alors, lorsqu'on est passé au prétaillage, on a arrêté car c'était devenu moins dur de tirer les bois. Moimême, je préférais tailler que passer la dépalisseuse. »

A partir de ce moment, les tailleurs se sont mis à poser les fils releveurs sur le sommet des piquets pour ne pas être gênés durant la taille. Et ils repassaient avant le débourrement pour les poser au sol. « Il nous fallait 1,5 à 2 heures/ha pour faire cela », explique Didiez Vazel.

Il y a deux ans, le vigneron a acheté un quad, un Polaris 550 cm3, pour désherber sous le rang et pour transporter les caisses de vendange. « Je me suis dit : en hiver, il ne sert pas. Je suis allé voir un voisin qui avait monté une dépalisseuse à l'avant du sien. J'ai repris mon ancienne. J'ai essayé de l'améliorer. Mais ce n'était pas satisfaisant. J'ai eu l'idée d'en faire une avec des poulies de portes coulissantes et de l'installer sur mon plateau de remorque acheté chez RPM. Là, c'est parfait. J'avance à 15 km/h en tout confort.

Derrière, les tailleurs s'y retrouvent. Ils ne sont plus gênés par les releveurs. Ils n'ont plus à les poser sur les piquets pour dégager l'espace de travail. S'il faut aller couper un sarment de l'autre côté du rang, ils y arrivent sans problème. En revanche, il faut qu'ils pensent à pousser les releveurs vers le rang pour qu'ils ne traînent pas. Et quand on passe pour broyer les sarments ou avec le panneau récupérateur, il faut qu'on fasse attention à ne pas accrocher les fils. »

Une à trois heures de travail en moins par hectare

Cette année, Didier Vazel a déposé les releveurs dans tout son vignoble, avant la taille. Ses vignes sont plantées entre 2 m et 2,50 m d'écartement entre les rangs. Il estime avoir gagné 1 h/ha dans les parcelles en taille courte et jusqu'à 2 à 3 h/ha dans celles en taille longue. Dans les secondes le gain de temps est supérieur, parce que la prétailleuse dégage uniquement le fil fixe du haut. Il reste donc des sarments accrochés aux releveurs que la dépalisseuse libère.

Cette machine fait l'admiration de Gilles Pasquier, le concessionnaire de Didier Vazel. « Quand je l'ai vue, j'ai cru qu'elle sortait de notre atelier », explique-t-il. Les soudures sont impeccables. Le coup de peinture également. Et surtout, Didier Vazel a soigné le guidage du fil à l'entrée de la machine, afin qu'il tombe pile dans la gorge de la poulie. Mais toutes les idées ne viennent pas que de lui seul. « Mon concessionnaire m'a conseillé d'ajouter un flasque (disque épais) sur les poulies pour leur donner de l'inertie lorsqu'elles tournent. Ainsi, elles s'arrêtent moins facilement de tourner lorsqu'il y a beaucoup de sarments. »

Le Point de vue de

Michel Badier, conseiller viticole à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher

« Je ne suis pas tout à fait persuadé »

Michel Badier, conseiller viticole à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher

Michel Badier, conseiller viticole à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher

«Je vois des viticulteurs qui ont mécanisé l'abaissement des fils releveurs. Ils ont "bricolé" des systèmes très simples qu'ils accrochent à leur tracteur ou à leur enjambeur. S'ils interviennent après la taille, je ne suis pas convaincu de l'intérêt de la chose. Chez nous, les barèmes des ouvriers rémunérés à la tache considèrent qu'il faut 3 h/ha pour abaisser les fils à la main dans les vignes plantées à moins de 2 m et 2 h/ha dans les vignes de plus de 2 m. Si en mécanisant ce travail, on n'y passe plus qu'une heure ou une heure et demie, fait-on une économie ? Ce n'est pas certain, car il faut prendre en compte le coût du chauffeur et la consommation de fioul. Il faudrait combiner l'abaissement des fils avec une autre intervention, un désherbage par exemple. Alors, cela vaudrait le coup. Pour la réduction des temps de travaux, il semble plus intéressant de faire tomber les fils releveurs avant la taille, car alors on simplifie le tirage des bois dans les vignes en taille longue. Mais après cela, les fils traînent par terre. Il faut faire attention à ne pas les accrocher, notamment lorsqu'on broie les sarments. C'est une autre contrainte. »

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LE TÉMOIN

Didier Vazel

45 ans.

Responsable du vignoble du domaine de Brizé, propriété familiale détenue par sa femme, Line, et son beau-frère Luc Delhumeau, située à Martigné-Briand (Maineet-Loire).

40 ha en production, huit AOC.

Vente directe

LE BILAN

Avantages

Moins de gêne lors de la taille.

Un gain de temps.

Un investissement très réduit.

Inconvénient

Les fils traînent au sol au moment du passage des outils.

L'essentiel de l'offre

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