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VENDRE - Observatoire des marchés

Bilan à l'export : 2010 marque la sortie de crise

Aurélia Autexier - La vigne - n°229 - mars 2011 - page 70

Nos exportations de vins et spiritueux ont totalisé 9 milliards d'euros en 2010, soit + 18 % par rapport à 2009. Cognac et champagne dopent le bilan général.

En 2010, nos exportations de vins et spiritueux ont dépassé les 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires, + 18 % par rapport à 2009. « C'est une reprise significative », commente Claude de Jouvencel, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) qui compte 550 membres. Avec un solde positif de 7,9 milliards d'euros (+ 21,5 %), notre secteur représente le deuxième excédent de la balance commerciale française, après l'aéronautique. Ces belles statistiques cachent des réalités différentes suivant les produits. Si le chiffre d'affaires des spiritueux a progressé de plus de 27 % entre 2009 et 2010, celui des vins a fait deux fois moins bien (+ 14,6 %). Par région, les évolutions sont aussi très disparates…

CHAMPAGNE : Année de rattrapage

« 2010 nous a permis de rattraper ce que nous avions perdu entre octobre 2008 et septembre 2009 », déclare Daniel Lorson, du Comité interprofessionnel du vin de Champagne.

Selon la FEVS, la région a exporté 129 millions de bouteilles pour 1,95 milliard d'euros. Les chiffres sont spectaculaires : + 14 % en volume sur l'Union européenne et + 29 % sur les pays tiers (source CIVC). « Les produits de marques sont les premiers à sortir de la crise », complète Claude de Jouvencel. Autre bonne nouvelle : 2011 démarre sous les meilleurs auspices. « Les réassortiments se sont bien opérés en janvier. La demande est au rendez-vous. »

COGNAC Record absolu

L'eau-de-vie charentaise, exportée à près de 97 %, a bien résisté à la crise financière mondiale, avec une seule année de baisse (2009) du chiffre d'affaires aussitôt rattrapé en 2010. Les expéditions de cognac pèsent aujourd'hui 1,8 milliard d'euros, soit 35 airbus A 320. Un record absolu. « Cinq bouteilles de cognac sont vendues dans le monde à chaque seconde », illustre l'interprofession. Autre motif de satisfaction : la répartition des ventes est bien équilibrée. 33 % des volumes partent en Extrême-Orient, où la croissance est très soutenue (+ 34 % sur un an). L'Aléna (Mexique, Canada, Etats-Unis) représente 32 % des exportations, en hausse de 12 %. Enfin, l'Europe, 30 % des expéditions, croît aussi de 12 %.

BORDELAIS : Revigoré par la Chine et Hong kong

« En 2010, Hong kong est devenue la première place en valeur des exportations de vins de Bordeaux, devant le Royaume-Uni. La Chine a dépassé la Belgique pour devenir le deuxième débouché en volume, juste derrière l'Allemagne », constate Jean-Philippe Code, de l'interprofession de Bordeaux (CIVB). Ces deux marchés ont dopé les exportations girondines. Force est de constater que la Chine s'éveille au vin, avec ceux de Bordeaux. « 85 % des vins français exportés en Chine, sont de Bordeaux », rappelle Philippe Castéja, du négoce Borie Manoux. A noter aussi, le beau score obtenu au Japon (+ 22 % en volume).

L'Asie n'est pas seule à connaître un éveil prometteur. « Les Etats-Unis se sont repris grâce à un taux de change plus favorable. La Russie repart aussi, poursuit Jean-Philippe Code. Et on note plusieurs progressions en Europe. Seule exception notoire : le Danemark, (- 26 % à 26 000 hl), qui devient de plus en plus un marché de prix. » Au total, toutes appellations confondues, Bordeaux a exporté 235 millions de bouteilles pour 1,5 milliard d'euros l'an dernier.

BOURGOGNE : Dans la moyenne

Avec 85 millions de bouteilles (+ 13 %) pour 554 millions d'euros (+ 16 %), la Bourgogne enregistre un bilan dans la moyenne de la décennie. « Les blancs marchent mieux que les rouges avec + 18 % en volume comme en valeur pour les premiers, contre + 6 % en volume et + 15 % en valeur pour les seconds », constate Michel Baldassini, président de l'interprofession (BIVB). Le crémant accuse un léger repli mais « il n'avait pas reculé en 2009 », tempère le responsable.

Les deux plus gros marchés de la Bourgogne, à savoir le Royaume-Uni (119,8 millions d'euros) et les Etats-Unis (105,5 millions d'euros), sont tous les deux en hausse : + 16 % et + 23 %. « Reste que ces bons scores ne suffisent pas à récupérer le retard pris en 2008-2009 », précise Michel Baldassini.

BEAUJOLAIS : Un peu décevant

D'après les chiffres de la FEVS, les exportations du beaujolais ont progressé de presque 4 % en valeur. La statistique n'est pas confirmée par l'interprofession. Inter-Beaujolais préfère communiquer sur les chiffres à fin septembre. « Sur les neuf premiers mois 2010 nous étions à + 2 % en volume et + 7 % en valeur. Ces résultats ne prennent pas en compte la campagne des primeurs. Or, elle aurait bien marché au Canada, aux Etats- Unis et au Japon », explique Antony Collet d'Inter-Beaujolais. Au Royaume-Uni (troisième marché du beaujolais), on note un nouveau recul : - 2 % en volume et - 4 % en valeur. « Ma la baisse semble endiguée », précise-t-on.

VALLÉE DU RHÔNE : A nouveau 800 000 hl

Selon l'interprofession, les exportations de côtes-du-rhône (génériques, villages et crus) ont progressé de 6 % en volume et 3 % en valeur. « Pour l'ensemble de la vallée du Rhône, c'est mieux avec + 12 % en volume », note Brice Eymard, du service économique d'Inter-Rhône. La région totalise 817 000 hl exportés contre 729 000 hl en 2009.

Les satellites (costières-de-nîmes, lubéron, ventoux et tricastin) ont enregistré de très bons scores : les côtes-du-ventoux « explosent » aux Etats-Unis. Autre phénomène : les bons résultats des blancs, qui deviennent un complément de gamme de plus en plus intéressant.

VALLÉE DE LA LOIRE : Reprise à confirmer

La FEVS annonce une hausse en volume (+ 11 %) et en valeur (+ 10 %) des exportations de la région. Mais les changements de nomenclatures rendent InterLoire prudente. L'interprofession préfère communiquer sur le sentiment des opérateurs plutôt que sur des chiffres qu'il faudra peut-être rectifier. « D'après nos informations, la GD britannique serait mieux orientée et le marché américain bien demandeur », déclare Fanny Gillet, d'InterLoire.

LANGUEDOC-ROUSSILLON : Repli incompris

L'interprofession des vins d'AOC du Languedoc ne souhaite pas communiquer sur les chiffres de la FEVS qui annonce une baisse des exportations pour 2010. Elle préfère s'en tenir à ses propres chiffres arrêtés aux onze premiers mois de l'année. « Sur cette période, nos exportations d'AOC reculeraient de 5 % en volume et de 0,4 % en valeur. Cette perte toucherait surtout les marchés traditionnels. Les Etats-Unis, la Chine et le Japon se porteraient bien », explique Christophe Jammes, très prudent en raison des changements de nomenclature douanière (voir encadré).

Inter Oc est encore plus radicale, estimant qu'il est impossible de comparer les chiffres de 2010 à ceux de 2009. L'interprofession de l'IGP pays d'Oc se contente de souligner que ses vins font l'objet d'une « grosse demande » dans les pays tiers (Canada, Asie) et en Suisse (+ 52 % à 90 000 hl).

Un agaçant flou statistique

Quelques interprofessions sont très critiques à l'égard de la FEVS, lui reprochant de manquer de prudence à l'égard des chiffres des exportations. Elles soulignent qu'il y a eu de nombreux changements de nomenclature douanière en 2010, touchant particulièrement les vins de plus de 13°. Un exemple : l'ancien code réservé aux côtes-du-rhône de plus de 13° est désormais affecté à une sous-catégorie des vins sans indication géographique. L'information sur ces changements a été mal relayée. Les opérateurs chargés d'enregistrer les codes douaniers continuent de saisir les anciens, par habitude. Ces erreurs répétées faussent les statistiques, soulignent les critiques. Autre problème : l'absence de neuvième chiffre pour les exportations vers l'Union européenne qui ne permet pas de connaître, dans le détail, les expéditions d'une région. Sur le terrain, les interprofessions redressent les chiffres, en s'appuyant sur d'autres sources d'information comme les panels.

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