Le marché des vins clairs, c'est-à-dire les vins de Champagne qui ont achevé leur fermentation alcoolique et sont prêts à être assemblés, ne représente que 3 à 5 % des échanges entre les vignerons et les négociants. Mais il est toujours observé avec attention, car c'est un indicateur de la santé du marché. Les ventes sont autorisées de début décembre à fin mars. En ce début d'année, le prix des vins clairs est en progression de plus de 5 % par rapport à l'an dernier. Les transactions moyennes s'établissent à 950 €/ hl, certains grands crus étant vendus à près de 1 100 €/hl. « Le marché s'est un peu emballé et traduit l'optimisme de la filière », analyse Eric Cossiez, président des courtiers. Certains négociants prévoyaient un déblocage obligatoire de raisins en fin d'année (issus de la réserve individuelle), qui n'a pas eu lieu. Pour le vignoble, le négoce s'est fait prendre à son propre piège en exigeant un faible niveau de rendement en 2009. Ces bouteilles lui font défaut au moment où les ventes vers le grand export repartent. Et avec des stocks à la baisse, les vignerons sont peu enclins à vendre… Les derniers échanges se feront probablement à plus de 1 000 €/hl…
« Le marché des vins clairs est marginal, relativise Dominique Pierre, de l'union de coopératives Nicolas Feuillatte. Attention à l'effet ciseau des prix entre la production et le négoce. La crise n'est pas derrière nous ! » Même appel à la prudence d'Eric Cossiez : « Il faut éviter les excès et se souvenir que l'on vend dans une Europe en récession. » Le marché des vins sur lattes – bouteilles qui n'ont plus qu'à être dégorgées – confirme l'euphorie ambiante. La bouteille est passée de 7,50 € en décembre à un prix variant entre 8 € et 9,50 € début mars. Là encore, les volumes ne représentent que 5 à 8 % des transactions.