Avec un rendement fixé à 12 500 kg/ha contre 10 500 kg/ha pour la récolte 2010, le volume de raisins échangé entre les vignerons et les négociants a progressé de 19 % en un an. Cette hausse aurait pu laisser entrevoir une stabilité du prix du raisin. La réalité a été tout autre, avec une progression des prix de 3 à 4 %. « Le prix moyen s'établit à 5,40 €/kg, estime Éric Cossiez, le président des courtiers de Champagne. Les prix vont de 5 à 5,90 €/kg pour des crus très recherchés. »
Éric Potié, président de la fédération des caves coopératives, constate « que prix du raisin progresse plus vite que celui de la bouteille. C'est bien pour la trésorerie des vignerons, mais à long terme, les budgets marketing et communication des acheteurs risquent de diminuer pour faire face au coût croissant de l'approvisionnement ».
En fait, une frange du vignoble juge le volume récolté et le prix du raisin trop élevés vu le climat d'inquiétude qui plane sur les ventes de fin d'année. À la fin de juillet 2011, les ventes de bouteilles avaient progressé de 3,9 % en un an, les pays tiers enregistrant une hausse de 15,2 %. « Mais il ne faut pas oublier que 80 % de nos ventes se font en Europe, où l'heure est aux restrictions budgétaires », rappelle Éric Cossiez.
Les courtiers proposent donc de fixer un rendement à un niveau moyen avec une réserve à libérer en février. Éric Potié prône lui aussi la stabilité des rendements : « Je préfère une croissance moins rapide mais pérenne. Pour fixer le rendement, le négoce table désormais sur des projections à trois ans, toujours très incertaines dans le climat financier actuel. Je préfère l'ancienne logique de remplacement des bouteilles vendues l'année d'avant. »
Rappelons qu'en Champagne, 52 % de la récolte est vendue en raisins aux négociants, les contrats étant signés pour cinq ans ou plus.