Le Syndicat général des vignerons (SGV) perd patience. Pascal Féret, son président, l'a dit lors de sa dernière assemblée générale, le 1er avril. Il a annoncé qu'une action en justice allait probablement être menée pour débloquer la situation sur le coteau de Chartèves, dans le sud de l'Aisne. Pour les viticulteurs, c'est un magnifique terroir exposé au sud. Pour les défenseurs de l'environnement c'est « le dernier biotope remarquable encore épargné par la mise en œuvre des techniques viticoles intensives dans le sud de l'Aisne ».
Depuis des années, un bras de fer oppose les propriétaires de ces terres classées en AOC Champagne à l'association Picardie nature : ils souhaitent planter, elle s'y oppose. En 1995, un accord avait été signé entre l'interprofession des vins de champagne (CIVC), le préfet de l'Aisne, les propriétaires fonciers et trois associations de protection de la nature : 25 % du coteau (8,95 ha) étaient classés en réserve naturelle volontaire, les 75 % restants (26,85 ha) pouvant être plantés. Mais depuis, pas l'ombre d'un cep de vigne. Les exigences des écologistes sont croissantes. Et l'administration, signataire de l'accord, ne met aucun zèle à le faire respecter. Face à ces blocages, le CIVC, le SGV et les propriétaires fonciers ont pris contact avec un avocat spécialisé en droit de l'environnement pour travailler à une voie judiciaire.