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VIGNE

Passez au GNR sans stress

Clara de Nadaillac - La vigne - n°230 - avril 2011 - page 48

L'arrêté sur le gazole non routier est paru. Il précise que ce carburant devra être employé dès le mois de mai sur les machines à vendanger et les enjambeurs et à partir de novembre sur les tracteurs interlignes. Voici les modalités concrètes à respecter.
DÈS LE 1ER NOVEMBRE, les tracteurs interlignes devront tourner au nouveau gazole non routier. © S. CHAMPION

DÈS LE 1ER NOVEMBRE, les tracteurs interlignes devront tourner au nouveau gazole non routier. © S. CHAMPION

Le changement de carburant imposé par Bruxelles, dont nous avions déjà parlé dans notre numéro d'octobre 2010, suscite de nombreuses interrogations sur le terrain.

Voici les réponses aux questions que vous pouvez vous poser.

Quand faudra-t-il passer au GNR ?

L'arrêté du 10 décembre 2010 (paru au « Journal officiel » le 31 décembre 2010) précise les dates d'entrée en vigueur de la directive européenne imposant le passage du fioul domestique (FOD) au gazole non routier (GNR). Ce nouveau carburant, rouge comme le précédent, respecte les normes antipollution imposées par l'Union européenne.

Les engins automoteurs, c'est-à-dire les machines à vendanger et les enjambeurs, seront les premiers véhicules concernés par ce changement. Tous devront carburer au GNR dès le 1er mai 2011. En revanche, les tracteurs interlignes ne devront y passer qu'au 1er novembre 2011.

Or, durant l'année, deux versions de gazole seront alternativement délivrées par les pétroliers. C'est là que le bas blesse. Le GNR « été » sera disponible du 1er avril au 30 octobre. Sa température limite de filtrabilité (TLF), c'est-à-dire sa résistance au froid, sera de 0°C. Le carburant « hiver », en vente le reste de l'année, aura une TLF de - 15°C. Il contiendra des additifs lui permettant de résister au froid.

La double date butoir risque donc de poser un problème aux détenteurs de machines à vendanger, puisqu'ils vont devoir faire un premier plein de GNR « été » uniquement pour les vendangeuses, puis un second plein de GNR « hiver » pour les tracteurs.

L'emploi du GNR sera-t-il obligatoire sur les vieux tracteurs ?

Oui. Ni la directive, ni l'arrêté ne distinguent deux classes de tracteurs. Tous sont dans le même panier et doivent obligatoirement rouler au GNR dès le mois de novembre. Les avis sont partagés quant à l'impact de ce nouveau carburant sur les vieux modèles. Pour Jean Saboret, de chez Esso, le pouvoir lubrifiant du GNR étant meilleur, cela entraînera une meilleure combustion. Il signale qu'il faudra juste faire attention à l'encrassement des filtres. Gilles Gasnet de chez John Deere pense lui aussi que ce changement n'aura aucune répercussion sur les vieux moteurs. En revanche, pour Patrick Caillon de chez Secodi (Perkins), le faible taux de soufre risque d'user les systèmes d'injection. On peut aussi craindre quelques fuites, voire des fissurations de joints moteurs.

Doit-on changer de cuve de stockage ?

Pas nécessairement. Si votre cuve est en bon état, le changement n'est pas nécessaire. En revanche, un nettoyage plus ou moins poussé s'impose. Pour le Bureau de coordination du machinisme agricole (BCMA), si la citerne a plus de dix ans et n'a jamais été lavée, il est préférable d'opter pour un nettoyage par un professionnel. Mais cela a un coût non négligeable. Dans une note sur le sujet, la chambre d'agriculture du Loiret indique une fourchette de 700 à 1 000 € par vidange. Il faut ajouter à cela le traitement des déchets collectés, qui se monte à environ 200 € HT/tonne. Avant d'opter pour un tel nettoyage, il est opportun de vérifier si cela ne revient pas plus cher qu'un équipement neuf.

Si la cuve est récente ou a été nettoyée il y a peu, un lavage et une bonne filtration peuvent être suffisants.

Au contraire, si votre citerne est abîmée, vous devrez en changer. Choisissez-en une adaptée à votre consommation et possédant la marque CE. Toujours selon le BCMA, le mieux est d'opter pour un réservoir opaque, à double paroi, que l'on installera sur une surface plane sous abri. Ce réservoir doit être équipé d'une jauge et exempt de point de soutirage en partie basse. Par ailleurs, Jean Saboret, de chez Esso, recommande l'installation d'un filtre à carburant en sortie de cuve, ainsi qu'un filtre dessicateur ou un décanteur au niveau de l'évent.

Pourquoi faut-il nettoyer les citernes ?

Le gazole non routier (GNR) est un carburant exempt d'eau et ayant un faible taux de soufre : 20 mg/kg au maximum, contre 1 000 mg/kg pour le fioul domestique actuel. Dans le GNR, l'effet lubrifiant est obtenu avec des esters méthyliques d'acides gras (Diester). L'inconvénient de ces molécules est qu'elles ont des propriétés détergentes. En clair, une fois dans la cuve de stockage, elles vont mettre en suspension tous les dépôts collés dans le fond et sur les parois. Pour conserver les qualités du carburant, il convient donc de le stocker dans une citerne parfaitement propre. Il faudra prévoir un nettoyage tous les cinq à dix ans.

Quelles précautions de stockage prendre ?

Tout d'abord, il faut veiller à ce que la taille de la citerne soit adaptée à la consommation du domaine. Par ailleurs, il faut contrôler la propreté du filtre en sortie de cuve : à la moindre apparition de filaments gélatineux, traitez votre cuve. Il peut aussi être utile de vérifier l'absence d'eau avec une pâte détectrice.

Pourquoi le carburant ne se conserve-t-il que six mois ?

Les esters du GNR, en plus d'avoir un pouvoir détergent, captent l'eau. Cela altère la stabilité du carburant, puisqu'il va s'oxyder. Selon le BCMA, le GNR peut se stocker cinq à six mois sans problème. Au-delà, sa stabilité est incertaine.

Le GNR sera-t-il plus cher ?

Tout comme le FOD, le GNR sera détaxé. Les prix ne sont pas encore fixés, mais les premières estimations font état d'une hausse de un à deux centimes du litre par rapport au FOD. Un GNR de qualité supérieure sera également en vente. Il vaudra environ un à deux centimes de plus que le GNR générique.

Quel est l'intérêt du GNR de qualité supérieure ?

Ce carburant aura une tenue au froid améliorée. A titre d'exemple, chez Total, en version été, il pourra supporter jusqu'à -12°C et pourra descendre jusqu'à -21°C en hiver. Par ailleurs, sa stabilité sera renforcée, tout comme sa capacité de combustion. S'il n'est pas trop cher, le BCMA recommande notamment l'usage de ce GNR haut de gamme pour le remisage des automoteurs, c'est-à-dire des machines à vendanger.

Pourra-t-on se chauffer au GNR ?

Ce n'est pas recommandé, car la plupart des chaudières sont conçues pour fonctionner au fioul domestique. Pour en avoir le cœur net, contactez votre fabricant ou votre revendeur pour vérifier la compatibilité de la chaudière au GNR. Si ce dernier ne peut pas être utilisé pour le chauffage, il faudra prévoir deux cuves de stockage, l'une dédiée au chauffage, la seconde à l'alimentation des tracteurs.

Quelles sont les modifications à réaliser sur les tracteurs ?

Il est recommandé de changer les filtres à carburant pour éliminer les impuretés liées au fioul. Cette opération est indispensable sur les vieux tracteurs.

Quel est le risque encouru en cas de fraude ?

Pour l'instant, il n'existe pas de contrôleurs dans ce secteur. Il est donc peu probable qu'il y ait des sanctions à l'heure actuelle. Néanmoins, dans un an ou deux, le fisc pourra demander les factures d'achat de carburant en cas de contrôle. Par ailleurs, la non-utilisation de gazole non routier sur les engins munis de moteurs récents risque d'entraîner une usure prématurée. Et en cas de panne, le motoriste refusera de faire marcher la garantie.

Pour plus d'infos, vous pouvez consulter des fiches sur le site du BCMA : www.bcma.fr.

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