« J'ai bien vendu mes eaux-de-vie avec de meilleurs prix que l'an passé. Pourtant, je ne suis pas satisfait, témoigne un viticulteur en Petite champagne. Le prix du gaz a augmenté et j'ai des retards d'investissement sur mon exploitation. Compte tenu de ces réalités, ce mieux que j'ai obtenu est insuffisant. L'équilibre de mon exploitation reste précaire. »
Ce sentiment est partagé par de nombreux producteurs. Patrick Beguin, président du syndicat des courtiers, confirme : « Sur les eaux-de-vie de l'année, les hausses de prix sont de 1 à 5 % en moyenne. Compte tenu des coûts, on est juste au prix normal de la marchandise. »
Les viticulteurs espèrent donc que l'embellie ne sera pas passagère. Les dernières tendances les rendent optimistes. Les sorties des négociants sont en hausse à deux chiffres depuis plusieurs mois. Reste à savoir combien de temps cette dynamique se poursuivra.
Conséquence de cette bonne tenue des marchés aval, le négoce passe aux achats. Les quantités achetées sur douze mois mobiles arrêtés à fin février totalisent 573 194 hl d'alcool pur, soit + 13,7 % par rapport à l'an passé, mais tout de même - 4 % par rapport à il y a deux ans, avant la crise.
Autre motif de satisfaction pour les producteurs : la mise en place de la réserve de gestion n'a pas empêché la revalorisation des cours.
Du côté du marché libre, qui sert de variable d'ajustement, le climat reste serein. « Les petits et moyens opérateurs qui s'approvisionnent sur ce marché semblent être suffisamment pourvus en stock », analyse un courtier.
Concernant le Japon, les experts rappellent qu'aujourd'hui il n'est pas un débouché crucial pour le vignoble. Il n'est que le 23e client ! En revanche, la crainte d'une incidence indirecte sur l'économie mondiale est bien réelle.