Le lundi de Pâques, un véritable déluge s'est abattu sur l'Aude. Pendant vingt minutes, entre 50 et 90 mm d'eau associée à de la grêle sont tombés, saccageant les vignes. Les communes de Montlaur, Pradelles-en-Val, Camplong, Ribaute et Lagrasse, au sud de la montagne d'Alaric, sont particulièrement atteintes. Sur cette zone, près de 1 300 hectares de vignes accusent entre 50 et 100 % de dégâts.
« Les vignes sont hachées, déplore Emmanuel Rouchaud, chef du service viticulture à la chambre d'agriculture. Elles n'ont plus de feuilles, ni de grappes. Vu le stade avancé (grappes séparées), il n'y aura pas de nouvelles sorties de grappes. C'est une perte sévère pour les caves du secteur, qui avaient déjà subi la sécheresse l'an passé. » 400 hectares dans le nord de la montagne d'Alaric et 100 hectares dans le nord du Narbonnais sont également touchés, mais dans une moindre mesure.
Partout, « les viticulteurs doivent poursuivre la protection phytosanitaire, afin de préserver les nouvelles feuilles qui vont sortir et favoriser la mise en réserve pour 2012 », recommande Emmanuel Rouchaud.
Le même jour, un autre orage frappait le Sauternais, en Gironde, vers 19 heures « On a eu vingt minutes infernales dont huit minutes de grêle seule », a raconté Xavier Planty, le président de l'AOC Sauternes-Barsac, le 28 avril sur notre site internet www.lavigne-mag.fr. Là encore, les dégâts sont conséquents : 40 % des volumes de l'appellation seraient détruits. Plus ponctuellement, la grêle a aussi fait quelques dégâts vers Monségur et sur les secteurs de Castillon et de Sainte-Foy. Le 1er mai, le fléau frappait à nouveau la Gironde à Camblanes et Podensac. Des impacts ont également été notés sur Saint-Savin et Cussac.
Le 28 avril, des chutes de grêle ont eu lieu dans un secteur localisé des Pyrénées-Orientales, vers Cabestany et Saint-Nazaire. « Mais les dégâts sont nettement moindres que dans l'Aude », explique Marc Guisset, de la chambre d'agriculture.
Le 2 mai, c'est au tour du nord du vignoble de Cognac de subir les affres du ciel. 50 à 80 mm de pluie et de grêle sont tombés, provoquant localement de gros dégâts.
Un déficit hydrique marqué
Si le Languedoc-Roussillon a été très arrosé, l'eau fait défaut dans bien d'autres vignobles. Depuis le 1er janvier, il n'a plu que 125 mm en Loire-Atlantique. Dans le Bordelais, le manque d'eau commence à se faire sentir : par endroits la vigne ralentit sa pousse. En Champagne, l'horizon de surface se dessèche. L'interprofession conseille de défaner ou de réduire la largeur des bandes enherbées. En Alsace, les techniciens ont également préconisé de faucher les enherbements à base de seigle ou de légumineuses.