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VIGNE

Certiphyto : premier bilan

Aude Lutun - La vigne - n°231 - mai 2001 - page 38

Les viticulteurs sont les exploitants qui ont le plus participé aux formations Certiphyto. Ils ont apprécié les rappels sur la réglementation, ainsi que les échanges avec les autres participants.
LORS D'UNE FORMATION DÉBUT 2010. Démonstration des points à vérifier pour s'assurer du bon fonctionnent d'un pulvérisateur et des modalités de réglage. © J. ROUESSARD

LORS D'UNE FORMATION DÉBUT 2010. Démonstration des points à vérifier pour s'assurer du bon fonctionnent d'un pulvérisateur et des modalités de réglage. © J. ROUESSARD

La phase expérimentale du Certiphyto, qui a débuté en novembre 2009, va se clôturer fin juillet 2011. L'heure est donc à un premier bilan, qui s'avère globalement positif.

« Un gros tiers des exploitants agricoles est déjà formé, se félicite Guillaume Verneray, en charge de ce dossier chez Vivéa. 52 000 exploitants ont obtenu le Certiphyto en 2010. 60 000 l'auront eu au cours du premier semestre 2011. Les viticulteurs sont deux fois plus nombreux que les autres exploitants à avoir suivi une formation Certiphyto. »

La viticulture étant très consommatrice de produits phytosanitaires, elle a été plus sensible à cette formation obligatoire que d'autres secteurs. En 2010, 9 020 vignerons ont participé à une formation, sur les 52 848 recensés par Vivea. En extrapolant avec la participation du premier semestre 2011, on peut estimer qu'environ 20 000 viticulteurs sont détenteurs du Certiphyto.

Profiter de la validité de dix ans

Environ 95 % des exploitants ont opté pour les deux jours de formation sanctionnés automatiquement par la délivrance du Certiphyto. 5 % ont choisi une seule journée de formation se terminant par un QCM… avec des questions jugées parfois litigieuses, y compris par les formateurs !

Si les vignerons, et leurs confrères, ont choisi de se former pendant la phase expérimentale, c'est pour bénéficier de la durée de validité de dix ans. Cette durée pourrait être réduite à cinq ans dans le dispositif définitif, qui sera connu au plus tard par décret le 13 juillet.

Au-delà de l'obtention du précieux sésame pour acheter des produits phytosanitaires, quels bénéfices en ont retiré les viticulteurs ? « Tous venaient sans enthousiasme, confirme Michel Badier, technicien viticole à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher, région où 60 % des vignerons ont déjà leur Certiphyto. Mais tous sont unanimes, à l'issue de la formation, pour dire que cela leur a fait du bien d'avoir ces rappels. »

La santé au cœur des inquiétudes

Les informations concernant la santé des applicateurs étaient particulièrement attendues. « Nous avons demandé à chaque futur participant ce qu'il espérait de la formation : trois questions sur quatre portaient sur la santé des utilisateurs, affirme Maryline Meyrignac, responsable formation à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher.

Sécurité : les vignerons seront plus fermes envers leurs salariés

La formation rappelle les risques encourus par un vigneron ayant un salarié qui réalise les traitements. Cela leur donne plus de force, d'autorité et surtout d'arguments pour imposer les équipements de protection individuelle à leur employé. Souvent, ils n'osent pas le faire de peur qu'ils s'en aillent. Maintenant qu'ils détiennent le Certiphyto, cela devrait modifier leur attitude.

Le module réglementation peut en effet faire frémir tout employeur, au point que certains envisagent de ne plus confier de traitement à leur salarié. Ils réaliseront l'intégralité des traitements, ou en confieront une partie à un prestataire de services, ce qui ne fait que déplacer le problème vers d'autres responsables.

Encore beaucoup d'inconnu sur la version définitive

Sur le plan technique, les avis sont plus mitigés. « Dans notre secteur, 80 % des vignerons adhèrent à un GDV, souligne Maryline Meyrignac. Certiphyto leur a permis de mesurer leurs marges de progression. Mais ceux qui sont déjà très avancés techniquement auraient préféré que la formation ne dure qu'une journée, axée sur la réglementation. »

La nouvelle version, définitive, de Certiphyto devrait être opérationnelle fin 2011. Fin avril, rien n'avait filtré du ministère de l'Agriculture sur les orientations prises. Quel sera le contenu et la durée de la formation ? A quelle condition obtiendra-t-on le certificat ? Quelle sera sa durée de validité ? A quelles conditions un titulaire d'un Certiphyto utilisateur pourra-t-il demander le Certiphyto prestation de services ? Personne n'avait de réponse à ces questions.

Prise en charge de la formation

La gratuité de la formation, intégralement prise en charge par Vivéa, a également été un facteur déclenchant. La communication sur la gratuité n'a d'ailleurs pas toujours été appréciée par certains exploitants, qui rappellent que ce sont eux qui financent Vivéa. Il s'agit donc à leurs yeux d'un juste retour des choses et ils estiment que ce sont surtout les organismes de formation qui sortent vainqueurs de Certiphyto.

Lors de son conseil d'administration du 20 avril, Vivéa a décidé de poursuivre sa prise en charge totale de la formation.

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