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ACTUS - VOS CONCURRENTS

L'Angleterre veut pétiller

Catherine Bioteau - La vigne - n°232 - juin 2011 - page 23

Un petit vignoble entre artisanat et professionnalisme
CAMEL VALLEY. Ce domaine britannique, réputé pour ses effervescents, se situe dans les Cornouailles, à l'extrême sud-ouest de l'Angleterre, alors que la majorité des vignobles sont au sud de Londres. © CAMEL VALLEY

CAMEL VALLEY. Ce domaine britannique, réputé pour ses effervescents, se situe dans les Cornouailles, à l'extrême sud-ouest de l'Angleterre, alors que la majorité des vignobles sont au sud de Londres. © CAMEL VALLEY

Des surfaces en croissance régulière, mais des volumes variables

Des surfaces en croissance régulière, mais des volumes variables

Même Sa Majesté se lance ! La reine d'Angleterre vient de planter 3 ha de vigne afin de produire des vins effervescents. Cette plantation royale reflète bien la dynamique actuelle : le vignoble anglais, aussi minuscule soit-il, s'accroît régulièrement.

La tendance est aux cépages champenois, au détriment du seyval blanc, du bacchus ou du muller thurgau. Chardonnay, pinot noir et pinot meunier représentent maintenant près de 50 % des surfaces.

Quatre millions de bouteilles en 2010

Conséquence logique, les Anglais viennent de battre leur record de production avec quatre millions de bouteilles en 2010, « dont près de 2,5 millions d'effervescents, estime Julia Trustram Eve, directrice marketing de English Wine Producers. Nous dépasserons trois millions de cols d'effervescents avant 2015. » Les producteurs anglais expliquent leur engouement pour les Sparkling Wine par le fait que le terroir du sud de l'Angleterre est similaire au terroir crayeux de la Champagne, par le réchauffement climatique et par la qualité de leurs vins. Certaines cuvées s'illustrent dans les concours internationaux. La presse britannique s'en fait largement l'écho en n'hésitant pas à les comparer aux champagnes. Résultat, les consommateurs britanniques ne boudent plus les bulles locales.

Les plantations sont le fait de domaines existants, comme Nyetimber créé en 1988, qui couvre plus de 170 ha, mais aussi de nouveaux venus. Un financier vient ainsi d'acquérir 200 ha pour quatre millions d'euros. La grande distribution n'est pas en reste, l'enseigne Waitrose a déjà des vignes depuis 2009.

Mais dans l'ensemble, le vignoble demeure très morcelé. Sur quatre cents domaines, seuls dix-huit dépassent les 10 ha. « La viticulture anglaise est à la charnière entre artisanat et professionnalisme, résume un œnologue français. Quelques producteurs sont déjà très pros, ils n'hésitent pas à se déplacer dans le monde entier et à prendre conseil auprès de consultants. »

Tout n'est pas rose pour autant. D'abord, le climat, limite pour la culture de la vigne, engendre une qualité et des rendements très variables, avec une moyenne de 20 hl/ha seulement. Ensuite, les bouteilles sont vendues très cher, 20 à 30 euros. Et devant l'augmentation des volumes, une surproduction pourrait apparaître.

A moins que les Anglais ne se diversifient davantage. Un rosé tranquille (domaine Denbies) vient en effet de se distinguer lors de l'International Wine Challenge 2011 en remportant la seule médaille d'or devant 367 rosés provenant de vingt et un pays.

CE QUE ÇA VA CHANGER POUR VOUS

« Il n'y a pas à s'inquiéter des effervescents anglais tant qu'ils mentionnent English Sparkling Wine », précise Françoise Peretti, porte-parole de l'interprofession champenoise (CIVC) au Royaume-Uni. Les 2,5 millions de cols d'English Sparkling Wine sont une goutte d'eau comparés aux 600 millions de cols d'effervescents français. Et les Britanniques continuent d'importer 30 à 40 millions d'effervescents français, essentiellement du champagne.

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