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AU COEUR DU MÉTIER

Dans le Gard, chez Frédéric Bertolo « Adhérer à la coop m'a simplifié la vie »

Florence Bal - La vigne - n°232 - juin 2011 - page 30

Pendant dix ans, Frédéric Bertolo a vinifié et vendu son vin en vrac. En 2004, son marché s'écroule. Deux ans plus tard, il intègre la cave coopérative de Chusclan. Il se conforme à ses cahiers des charges. Un choix qu'il ne regrette pas.
FRÉDÉRIC BERTOLO a planté cette parcelle de syrah en 1999. Il a installé un palissage avec le fil porteur à 0,6 m et un double releveur, dont le plus haut est à 1,4 m. Il désherbe sous le rang en un ou deux passages en pré ou postlevée. En 2011, il démarre le travail du sol un rang sur deux sur certaines parcelles. © PHOTOS F. BAL

FRÉDÉRIC BERTOLO a planté cette parcelle de syrah en 1999. Il a installé un palissage avec le fil porteur à 0,6 m et un double releveur, dont le plus haut est à 1,4 m. Il désherbe sous le rang en un ou deux passages en pré ou postlevée. En 2011, il démarre le travail du sol un rang sur deux sur certaines parcelles. © PHOTOS F. BAL

CE PULVÉRISATEUR BERTHOUD VITIFLUX de 1 000 l a été contrôlé en 2006 par l'organisme Top Pulvé. C'est une condition pour la certification de Frédéric Bertolo en agriculture raisonnée. Ici, le viticulteur change le ventilateur cassé et effectue une révision complète avant le premier traitement.

CE PULVÉRISATEUR BERTHOUD VITIFLUX de 1 000 l a été contrôlé en 2006 par l'organisme Top Pulvé. C'est une condition pour la certification de Frédéric Bertolo en agriculture raisonnée. Ici, le viticulteur change le ventilateur cassé et effectue une révision complète avant le premier traitement.

CROQUEZ les blancs gourmands et bénéficiez de 5% de remise à partir de six bouteilles achetées. C'est ce que promet cette affiche. Une opération mise en place par la commission promotion de la cave, dont Frédéric Bertolo est membre.

CROQUEZ les blancs gourmands et bénéficiez de 5% de remise à partir de six bouteilles achetées. C'est ce que promet cette affiche. Une opération mise en place par la commission promotion de la cave, dont Frédéric Bertolo est membre.

« Je n'avais pas l'âme de vendre des bouteilles. Ma femme travaille à l'extérieur. Je ne me voyais pas faire les salons seul le week-end. » A Sabran dans le Gard, Frédéric Bertolo est « très content d'être entré à la coopérative de Chusclan ».

Pourtant, lorsqu'il s'installe, il n'envisage pas cette éventualité. C'est en 1998, qu'il rejoint ses parents. La famille exploite 60 hectares de vigne dont 50 en AOC Côtes-du-Rhône. Elle vinifie environ 3 000 hl par an de rouges et de rosés. Elle vend tous ses vins en vrac, via un seul courtier.

2002, millésime médiocre se vend très bien, le « très beau » 2003 également. Le coup de massue arrive en 2004. Les Bertolo ne le voient pas venir. « On a subi un choc, commente Frédéric. Notre courtier nous disait “vos vins sont bons, on les vendra”. Mais les semaines sont passées. Le mois de mai est arrivé et les cuves étaient toujours pleines. » Résultat : ils bradent leurs vins à la moitié des cours de 2003.

« Plus besoin de tenir les registres »

« Avec le vrac, nous étions à la merci des négociants, poursuit Frédéric Bertolo. Nous n'avions que deux solutions. » La première était de se lancer dans la vente directe en bouteille, mais il fallait mettre les deux sites de vinification aux normes pour le traitement des effluents, acheter un groupe de froid. Des investissements lourds, sans compter le fonds de roulement nécessaire aux mises en bouteilles.

La seconde solution était d'adhérer à une cave coopérative. Fin 2005, les Bertolo font une demande auprès de Chusclan, « qui marchait bien, très réputée et dynamique ». Leur candidature est acceptée. En 2006, ils livrent leur premier millésime.

« Entrer en cave coopérative m'a simplifié la vie, dit Frédéric. A la vendange, on benne, puis on ne s'occupe plus de rien. A 18 h 00, la journée est terminée. Je n'ai plus besoin d'aller au chai le soir, ni de travailler les dimanches. Je n'ai plus besoin de faire les déclarations de récolte, de tenir les registres de cave, etc. »

Comme il y a moins de travail sur l'exploitation, il licencie son salarié permanent. Dès la première année de son adhésion, il met en place la traçabilité. En liaison avec la cave, il crée 60 unités culturales. Afin d'avoir les rémunérations les plus élevées, il se conforme à six cahiers des charges différents : IGP du Gard, IPG Pays d'Oc, côtes-du-rhône fruité, côtes-du-rhône sélection qui représente le tiers de sa production, côtes-du-rhône village et une sélection parcellaire qui entre dans la cuvée Genêts.

Il tente aussi de produire pour la cuvée Excellence, le meilleur vin de la cave. Mais la charge de la parcelle, pourtant plantée de vignes de 50 ans, est trop forte. Il n'arrive pas à obtenir 1,8 m2 de surface foliaire par kilo de raisin, comme c'est imposé.

Sur 3 ha, afin de produire des raisins pour la « sélection » côtes-du-rhône village, il augmente la surface foliaire des vignes, d'anciens gobelets taillés en cordon de royat. Il ajoute un double fil releveur, dont le plus haut est à 1, 4 m. Ce qui porte la surface ainsi palissée à 15 ha. Il ébourgeonne soigneusement ces vignes alors que le reste de la production est simplement épamprée. Pour les vendanges, il troque sa benne à vis et ses pompes contre une benne éleveuse à bascule de quatre tonnes.

En 2007, il entre au conseil d'administration de la cave qui, en fusionnant en 2008 avec celle de Laudun, devient Laudun-Chusclan vignerons.

En 2009, après le départ à la retraite de sa mère, il se retrouve seul. En 2011, après les deux petites récoltes de 2009 et 2010, il se sépare du fermage de 35 hectares pour ne garder que les 25 ha en propriété. « Si je l'avais conservé, j'aurais dû embaucher. Je conserve toutefois ces 35 hectares en prestation de services. J'y réalise tous les travaux (traitement, fertilisation, désherbage, écimage), pendant au moins deux ou trois ans le temps de rembourser les emprunts que j'ai contracté pour l'achat de ma maison et de 5 ha de terre. » « L'idéal, estime-t-il, serait de remonter à 30 ha. Je le ferai, si l'opportunité se présente. » En attendant, depuis 2010, il est coresponsable de la commission promotion de la cave. Avec ses collègues, il organise deux week-ends clefs en mains pour les camping-caristes et la bodega que tient la cave lors de la féria de Laudun. Il décide des foires auxquelles participe la cave et des promotions.

« Entre les réunions et l'organisation des opérations, je redeviens très occupé, observe Frédéric Bertolo. Mais c'est beaucoup moins stressant que lorsque je vinifiais le vin. »

Et si c'était à refaire ? « Je planterais des blancs beaucoup plus tôt »

Lorsque j'étais en cave particulière, j'avais un pressoir en cage en bois assez vétuste. J'élaborais exclusivement des vins rouges, si bien que j'ai toujours restructuré avec des cépages rouges.

Lorsque je suis entré à la cave de Chusclan, j'ai immédiatement bénéficié des primes de 2 000 €/ha qu'elle donne pour inciter les vignerons à planter certains cépages. J'ai restructuré avec du marselan, de la syrah, du mouvèdre (4 ha).

J'ai attendu 2008 pour planter du viognier, puis 2010 pour installer de la roussane (1,2 hectare de blanc au total). J'aurais dû planter des blancs dès mon adhésion à la cave, car actuellement le marché est très porteur pour eux. Les prix sont nettement plus rémunérateurs que ceux des rouges : de l'ordre de 140 à 150 €/hl contre 90-100 €/hl, en côtes-du-rhône. De plus les rendements sont plus élevés, de 51 hl/ha contre 46 hl/ha, ce qui procure un meilleur revenu à l'hectare.

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L'EXPLOITATION

Main-d'œuvre : lui, ses parents retraités et des saisonniers.

Surface : 60 ha jusqu'à la récolte 2010. 25 ha depuis 2011.

Appellations : Côtes-du-Rhône, Côtes-du-Rhône village, IGP Pays d'Oc et IGP Gard.

Encépagement : grenache, syrah, mouvèdre, carignan, cinsault, marselan, viognier et roussanne.

Taille : cordon de royat et gobelet.

Densité : 4 500 pieds/ha.

Production 2010 : 2 400 hl.

Les prix de vente

35 €/hl à 120 €/hl, prix net frais de vinification déduits, prévus pour la récolte 2010.

Les résultats

CA 2010 : 130 000 €.

L'essentiel de l'offre

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