Alors que l'Europe tire la langue sous le poids de ses dettes, la Chine se développe à un rythme effréné. Une chance pour la France ! Car plus la Chine s'enrichit, plus elle s'intéresse au vin. Son appétit explique l'essentiel du redémarrage de nos exportations au cours du premier semestre 2011.
Il est en train de sortir Bordeaux du marasme. Et plus la Chine s'ouvre au vin, plus elle devient accessible aux viticulteurs. Cette destination n'est plus la chasse gardée des grandes entreprises de négoce. De plus en plus de domaines familiaux et de coopératives y exportent avec succès. Ils trouvent dans l'empire du Milieu une croissance qu'aucun autre pays ne permet. Mais ce n'est pas la porte à côté. Il faut de l'audace, de la débrouillardise et le goût du risque pour s'y lancer. Il faut de l'argent et de la patience aussi, pour tenir durant les longs mois qui s'écoulent entre les premiers contacts et les premières commandes. Et quand elles tombent, mieux vaut ne pas se précipiter pour expédier les vins. La priorité, c'est de se faire payer. Car la Chine reste un autre monde où l'on peut facilement se faire piéger par des escrocs ou par des pieds nickelés qui s'improvisent importateurs sans savoir à qui ils vont revendre les vins.
Pour y entrer, la plupart des viticulteurs s'appuient sur leur interprofession, sur Ubifrance ou sur des organisateurs de missions d'affaires ou de salons. Quelques-uns embauchent des stagiaires chinois venus étudier en France, leur demandant de préparer leur voyage là-bas. Une bonne formule. Mais gare ! La compétition est rude. Une fois formés, ces stagiaires sont vite débauchés par des confrères ou des concurrents. Une fois sur place, on découvre le poids des coutumes locales, l'importance des réseaux d'affaire, le goût pour les dorures, les blasons et armoiries qu'en France on qualifie de kitsch. A condition de s'y faire et d'avoir une belle histoire à raconter, les domaines et coopératives français ont toutes les chances de réussir dans ce pays millénaire.