Récolter du raisin sur les bords de la Manche un 26 août est révélateur d'une remontée vers le nord des conditions climatiques habituelles des bords de Loire. Nous avons ramassé 2 kg de raisins par pied de vigne avec une bonne teneur en sucre et un bon pH. C'est du jamais vu pour les « vinailles » normandes. Après l'époque romaine, les vignes de Longueville-sur-Scie (Seine- Maritime) procuraient le vin de messe aux paroisses du pays de Caux. Aujourd'hui, quelques bouteilles chez des particuliers… De milliers d'hectares au XIXe siècle poussant sur les coteaux ensoleillés du Bassin normand, on est passé à quelques ares ! La cuvée Michou récoltée à Montparnasse déplace les curieux. Mais qu'on se le dise ! La cuvée 2011 normande pourrait, si le nombre de pieds de vigne était au rendez-vous, produire un généreux petit blanc ou rosé des bords de Manche. C'est l'enjeu économique des prochaines années : anticiper la demande et le changement climatique pour élargir l'offre. L'enjeu pour la Normandie est peut-être plus important qu'on ne l'imagine. La terre et la latitude pourraient amener des agriculteurs à se reconvertir dans la production d'effervescent à forte valeur ajoutée, comme le champagne. Ce qui vaut pour la Normandie vaut pour la Mayenne. Il faut dès aujourd'hui commencer à planter pour récolter les fruits dans une dizaine d'années. Des dattiers en Méditerranée et des pêchers en Mayenne. Ceux qui prendront le risque de planter de la vigne pourraient voir leurs revenus augmenter par ce changement radical de culture. Ne dit-on pas in vino veritas ?