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Guy Andrieu Directeur de la cave coopérative Anne de Joyeuse, à Limoux (Aude). © L. LECARPENTIER
C'est fait : 70 % de la production de la cave coopérative Anne de joyeuse, à Limoux, dans l'Aude, a décroché le volet vert d'Agri Confiance. Une satisfaction pour la cave et ses 498 coopérateurs. Du chinois pour le consommateur qui n'y comprend rien.
Engagée de longue date dans le développement durable, la cave s'est saisie très tôt de la problématique de la communication. « Il fallait que l'on trouve un truc sexy, d'autant qu'il n'y a pas de label fédérateur unique qui existe comme dans le bio », explique Guy Andrieu, directeur de la cave coopérative.
Le truc sexy ? Ce sera une marque ombrelle. Après des séances de remue-méninges en interne et l'appui d'une agence de publicité, Anne de Joyeuse dépose une marque privée baptisée « Protect Planet » en 2007. Elle s'appuie sur un cahier des charges, lequel est contrôlé par Bureau Véritas et est apposée sur toutes les bouteilles sous la forme d'un logo.
Explications sur le terrain
Pour faire connaître sa marque et sa démarche, la cave n'a pas les moyens de se payer une communication institutionnelle onéreuse. Alors, elle donne dans l'explication de texte sur le terrain. La cave dispose d'une force commerciale composée de quarante-sept agents commerciaux qui sillonnent la France. Par petits groupes, elle les invite à Limoux et les convie à rencontrer des viticulteurs dans le vignoble.
Pendant une demi-journée, ils observent, regardent et découvrent. Les vignerons prennent le temps d'expliquer la fertilisation raisonnée, l'enherbement des chemins. Au passage, ils s'arrêtent devant les coquelicots réapparus avec l'enherbement. Ils évoquent la mise en valeur des haies, véritables couloirs écologiques pour la faune. Ils expliquent le travail du sol avec les labours d'hiver et de printemps qui font respirer les sols et permettent au système racinaire de se développer pour bien nourrir la plante. Et ils parlent de la préservation des surfaces non cultivées.
Retour à la cave. Guy Andrieu brosse un panorama des actions conduites dans tous les volets du développement durable. Il explique la baisse de consommation d'électricité de 3 % par an, la diminution de 55 % de la consommation de gaz sur deux ans. Au total, l'électricité utilisée par hectolitre de vin produit correspond à 9,53 kWh, soit 50 % de moins que la moyenne.
Par ailleurs, tous les vignerons et les employés sont formés aux risques d'accidents du travail et à l'hygiène. Il y a aussi la formation obligatoire des vignerons sur deux ans à la conduite raisonnée et à la charte « Protect Planet ».
Les commerciaux repartent avec un argumentaire qui résume les actions de la cave dans le domaine du développement durable. Cette démarche pédagogique est également menée auprès des cavistes. Quant au personnel (trente salariés), il est réuni une à deux fois par an. Et plusieurs réunions dans l'année sont programmées pour les vignerons.
Ventes dopées
Autant dire que le développement durable demande de l'énergie et du temps. Mais la cave n'a aucun regret. Bien au contraire. Guy Andrieu l'avoue : « Si on ne s'était pas lancés, nous n'existerions plus. Nous ne serions qu'une entreprise de plus qui vend des vins de cépage sans plus-value. Dans ces conditions, il nous aurait été difficile de tenir. »
Le directeur général de la cave coopérative Anne de Joyeuse en est convaincu : le développement durable a dopé les ventes. La preuve par les chiffres : en 2000, la cave commercialisait péniblement 1,2 million de cols contre 3,7 millions en 2010. En fin d'année, le chiffre aura dépassé la barre des 4 millions.
