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DOSSIER - Savoir vendre le développement durable

Domaine de l'Arjolle Rien ne vaut le terrain

La vigne - n°235 - octobre 2011 - page 27

Cette propriété du Midi profite de la venue de ses acheteurs pour leur expliquer l'étendue du développement durable.
Charles Duby Associé du domaine de l'Arjolle et de celui de Margon, à Pouzolles (Hérault). © P. PARROT

Charles Duby Associé du domaine de l'Arjolle et de celui de Margon, à Pouzolles (Hérault). © P. PARROT

Charles Duby n'aime rien moins que de se retrouver dans les vignes en compagnie de ses importateurs, qu'ils soient d'Europe du Nord ou du Japon. Deux fois par an, ces acheteurs étrangers viennent avec leurs propres clients au domaine de l'Arjolle (65 ha) et à celui de Margon (25 ha) à Pouzolles (Hérault), classé en IGP Côtes-de-Thongue.

Durant une demi-journée, Charles Duby, un des six associés de ces deux exploitations, se fait le chantre du développement durable. « J'explique pourquoi nous pratiquons l'enherbement, la gestion des jachères, la récupération des eaux », indique-t-il. Devant une fosse de deux mètres de profondeur, il s'improvise géologue et pédologue. Et il explique comment le pied de vigne s'installe et se développe selon le profil du sol.

Reste que communiquer sur ces sujets n'est pas simple. « On ne peut pas évoquer en deux mots la question de la conservation de la biodiversité », souligne Charles Duby. Sur les 22 000 ha des Côtes-de-Thongue, elle n'est pas la même au nord et au sud de l'appellation. Au nord, le paysage très structuré et diversifié abrite le rollier d'Europe, un oiseau insectivore méditerranéen, qui apprécie les vignes, les champs et les vieux arbres des bords de rivières. Le sud de l'appellation est le royaume de l'outarde canepetière, un oiseau en voie de disparition qui évolue dans un paysage de vignes et de grands espaces.

Même travail de pédagogie avec les particuliers. Lors des balades gourmandes organisées au domaine de l'Arjolle le premier week-end de décembre et le dernier week-end de mai, pas moins de 350 personnes se pressent chaque fois sur l'exploitation.

« Corriger le tir »

Disséminés dans les vignes, des stands offrent chacun un plat et un vin. L'occasion pour Charles Duby de sensibiliser le visiteur au développement durable. Et de « corriger le tir » au passage. « On se rend compte que le discours du consommateur n'est pas juste. Sur la biodiversité, il est persuadé qu'il faut laisser faire la nature. Or, l'enherbement, par exemple, doit être contrôlé. »

De même, la question de savoir pourquoi le domaine n'est pas en bio revient régulièrement sur les lèvres. « J'essaie de faire comprendre que les bonnes pratiques agricoles dépassent le bio et qu'il n'y a pas qu'une seule voie vertueuse. » Tout en dégustant des huîtres de Bouzigues avec un sauvignon, le viticulteur en profite pour indiquer que les deux domaines sont certifiés Terra Vitis depuis 2000 et Agriculture raisonnée depuis 2004. Face aux regards interrogatifs de son assistance, persuadée qu'on va lui parler de bio, il explique que le label bio distingue un produit alors que Terra Vitis est une qualification pour l'ensemble d'une exploitation. Ceci signifie répondre à un cahier des charges qui impose de veiller à la santé et à la sécurité des salariés, de préserver l'environnement et qui oblige à la traçabilité totale des interventions sur le vignoble, sans compter les contrôles internes et externes.

Une fois estampillé Terra Vitis, il faut le faire savoir. Un logo est apposé sur les bouteilles. La moitié des 600 000 bouteilles du domaine de l'Arjolle et de Margon en est dotée.

Au final, le développement durable permet-il de gagner de nouveaux marchés ? Pas de réponse mathématique pour Charles Duby. « On ne peut pas dire qu'il y a un bénéfice économique direct. Le développement durable offre un bénéfice relationnel. Il renforce et conforte le réseau de nos clients actuels. »

Et de citer une anecdote révélatrice : pour la première fois, son importateur allemand, client historique du domaine, lui a adressé cette année un questionnaire pour évaluer son degré d'engagement dans le développement durable. Méthodes de vendange, enherbement, fertilisation, traitements, gestion des sols et des effluents : l'importateur voulait tout savoir. Un premier pas qui laisse présager qu'à court terme, pour décrocher des marchés, il faudra montrer patte blanche.

Cet article fait partie du dossier Savoir vendre le développement durable

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