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DOSSIER - Transmission - Transmission : L'affaire d'une vie

6. Dans un syndicat viticole « Je savais que mon tour viendrait »

Christophe Reibel - La vigne - n°236 - novembre 2011 - page 104

Raphaël Wach a succédé à Claude Moritz à la tête du syndicat viticole d'Andlau. Une transmission préparée de longue date et qui s'est faite en douceur.
Claude Moritz et Raphaël Wach devant le moine à l'entrée du grand cru Moenchberg, nom qui signifie montagne du moine en alsacien. © C. REIBEL

Claude Moritz et Raphaël Wach devant le moine à l'entrée du grand cru Moenchberg, nom qui signifie montagne du moine en alsacien. © C. REIBEL

« Je savais que mon tour viendrait. Cela ne m'a pas dérangé. La présidence d'un syndicat n'est pas un fardeau. C'est une responsabilité que je dois assumer pour mes aînés et pour mes successeurs. »

À 34 ans, Raphaël Wach est un jeune président serein. En juin 2008, il a pris la tête du syndicat viticole d'Andlau, dans le Bas-Rhin. Ce syndicat regroupe vingt-trois déclarants de récolte dont dix vendent en bouteille et se montrent les plus actifs. Un « petit syndicat » donc, qui fonctionne de manière collégiale.

« C'est notre spécificité, commente Raphaël Wach. Nous sommes dix vignerons indépendants à exploiter entre 8 et 12 ha pour la plupart, et 3 à 5 ha pour deux d'entre nous. Nous travaillons tous en famille. Nous partageons les mêmes soucis. Adhérer au syndicat va de soi. L'alternance au poste de président se fait entre ces dix personnes. » Claude Moritz, président pendant une dizaine d'années, s'y est pris largement à temps pour mettre son successeur en selle. « Nous avons la chance, à Andlau, d'avoir une jeune génération de viticulteurs qui croit à son terroir. Raphaël en fait partie. Il est installé depuis 2000. Il figure parmi ceux qui ont le plus de métier. C'est donc tout naturellement que j'ai pensé à lui trois ans avant de lui passer le relais. »

La transmission de responsabilité s'est faite en douceur. Claude s'est toujours montré disponible pour répondre à toutes les questions de son successeur. Il a mené jusqu'au bout les dossiers qu'il avait initiés. De son côté, Raphaël en a pris de nouveaux en mains, comme le projet d'une aire de lavage collective du matériel viticole pour lequel la commune a mis un terrain à disposition. « Il reste tout de même 250 000 euros à trouver, dont 4 000 à 5 000 euros par exploitation viticole participante. J'ai déjà convaincu quelques collègues », ajoute Raphaël.

« Du pain sur la planche »

Claude n'a pas donné de conseil particulier à son successeur. Mais il l'a mis en garde : « La présidence est une responsabilité à laquelle tu devras consacrer beaucoup d'heures en sachant que la cause commune ne correspond pas toujours aux intérêts personnels. »

Raphaël n'a pas tardé à le constater. Une fois pressenti, il a investi plus de temps en réunions. « Avec un ban de 130 ha dont 30 en grand cru, je me suis aperçu qu'il y avait du pain sur la planche pour atteindre des objectifs comme l'obtention de l'appellation communale Andlau, commente Raphaël Wach. L'Inao a jugé notre dossier recevable sur la qualité des vins mais l'a recalé sur l'unicité du terroir. Nous avons douze lieux-dits aux sols granitiques, argilo-calcaires, gréseux, etc. Si nous en privilégions certains, ce sera au détriment des viticulteurs qui n'y ont pas de vignes. Nous allons donc continuer à revendiquer la totalité en espérant que l'Inao infléchisse sa position. »

Concernant sa préparation à la prise de responsabilités, le jeune président explique : « Je me suis formé sur le terrain. Mais je ne partais pas de zéro. J'ai participé à la vie du syndicat pendant huit ans. Il y a quelques années, le syndicat a invité tous ses jeunes membres à une visite de l'Association des viticulteurs d'Alsace. Cela a été utile pour rencontrer les interlocuteurs avec qui nous avons pu avoir des contacts pour traiter des dossiers. »

Raphaël est élu à chaque fois pour un an. Les trois mandats déjà effectués lui paraissent un peu courts pour prétendre mener à terme tous ses projets. Il sera donc encore candidat à sa propre succession fin 2011 ! Il croit beaucoup à la collégialité. « Je suis un président avec quasiment neuf vice-présidents. Nous connaissons pratiquement tous les dossiers aussi bien les uns que les autres. La bonne marche du groupe que nous formons est plus importante que de savoir qui en est le président. Il y a une confiance réciproque entre nous, une vraie solidarité. »

L'avenir ? Le courriel succède au fax

Les membres du syndicat se réunissent quatre à cinq fois par an chez l'un d'entre eux ou à la mairie du village. Raphaël Wach gère tous les dossiers. Il a conscience qu'il arrivera un moment où il aura besoin d'un coup de main de ses collègues comme lorsque le projet d'aire de lavage entrera dans une phase active. Tout le monde est informé sur tous les sujets via courriel. Raphaël a instauré ce mode de transmission de l'information depuis sa prise de fonction. Il a succédé aux fax envoyés par son prédécesseur.

Cet article fait partie du dossier Transmission : L'affaire d'une vie

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REPÈRES

2005 : Claude Moritz pense à sa succession à la tête du syndicat viticole d'Andlau.

2008 : élection de Raphaël Wach.

23 adhérents au syndicat.

Deux dossiers importants : la création d'une aire de lavage et l'obtention de l'appellation communale Andlau.

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