François-Jérôme Prioton, comme tous les viticulteurs cognaçais, se réjouit de la conjoncture : «Les prix d'achat aux viticulteurs ont progressé de 4,8 à 5,2 % cette année. C'est une bonne orientation. » L'embellie du cognac profite de plus en plus à ses producteurs.
« On sent le négoce prêt à s'engager. Des contrats sont signés pour cinq ans, voire davantage, et on voit aussi de plus en plus de contrats glissants. Les négociants veulent fidéliser leurs apporteurs. » Phénomène nouveau, même les viticulteurs les plus périphériques, habituellement dédaignés par le négoce, ont reçu des propositions pour contractualiser !
La zone des Bons bois reprend ainsi du poil de la bête. Alors que les prix y atteignaient la moitié de ceux de Grande Champagne il y a deux ans, l'écart se resserre. D'une part, les négociants ont compris que, même si la valeur des terres varie d'une région à l'autre, les coûts de production sont identiques. D'autre part, les prix en Grande et Petite Champagne ont atteint des sommets sur le marché libre. Le contexte pousse aussi à la spéculation, notamment sur les eaux-de-vie vieilles. Sur les deux dernières années, les prix ont progressé de 30 % à… près de 200 %. La contrepartie, c'est que les petits négociants ne parviennent plus à suivre. Pourtant, s'ils disparaissent, leur clientèle disparaîtra aussi. Partout, le négoce investit : chais de stockage, capacités de production… Hennessy, qui vend 6 millions de caisses par an, s'est donné un objectif de 10 millions de caisses à l'horizon 2020-2025. Les perspectives sont prometteuses : au niveau planétaire, la classe moyenne est passée de 550 millions à 1,8 milliard de personnes. Elle devrait atteindre 2,3 milliards dans dix ans… Autant de clients potentiels pour le cognac.