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DOSSIER - Recensement agricole : le nouveau visage de la viticulture

GERS Revigoré par les blancs

Florence Jacquemoud - La vigne - n°238 - janvier 2012 - page 48

Très fortement tourné vers la production d'IGP, le vignoble gersois repart à la hausse depuis peu. Les viticulteurs plantent des blancs aromatiques pour répondre à la demande des metteurs en marché.
La viticulture dans le Gers

La viticulture dans le Gers

Après avoir perdu 2 400 ha entre 2000 et 2003, date à laquelle les douanes répertoriaient 17 800 ha, le vignoble gersois s'est progressivement reconstitué. Au fil des ans, il a regagné 850 ha, pour totaliser aujourd'hui 18 651 ha en production, dont un dixième est en AOP.

« Ces parcelles ont été plantées par des viticulteurs qui ont spécialisé leur exploitation. Ils ont besoin d'augmenter leurs surfaces pour atteindre la rentabilité, souligne Michel Defrancès, président de l'interprofession des vins du Sud-Ouest et producteur dans le Gers. Les coopératives ou les acheteurs leur ont demandé de produire davantage car les ventes de vins se développent, particulièrement celles des blancs. Plus de 80 % des cépages plantés sont des cépages blancs, notamment le colombard et le sauvignon. »

Fort ralentissement des installations

Cette progression tient beaucoup au succès de l'IGP Côtes de Gascogne et, dans une moindre mesure, à celui de l'IGP Gers. Les volumes de vins blancs agréés dans ces deux dénominations sont passés de 480 000 hl en 2000, à plus de 600 000 hl dix ans plus tard. La production de saint-mont et d'armagnac est également en hausse.

Malgré cela, la viticulture gersoise a perdu près du quart de ses exploitations en dix ans : elles ne sont plus que 629, contre 821 en 2000. La filière compte également deux fois moins de viticulteurs de moins de 40 ans. Ils étaient 167 il y a dix ans, soit 20 % des exploitants, et ne sont plus que 84 (13 %) en 2010. Cela résulte d'un fort ralentissement des installations, alors que, dans le même temps, la proportion des plus de 60 ans est restée stable. Les viticulteurs les plus âgés constituent, en 2010 comme en 2000, un quart de la population viticole.

« Il faut aussi noter l'arrivée de plus en plus de femmes à la tête des exploitations, ce qui était rare il y a dix ans, révèle Michel Defrancès. Et les équipes de vente des coopératives et des entreprises privées se féminisent également. » Autre fait notable, la viticulture, bien qu'elle ne représente que 8 % des exploitations agricoles du Gers, occupe 35 % de sa main-d'œuvre agricole.

En 2010, les caves particulières ont vendu 42 % des vins sous IGP produits dans le Gers (Côtes de Gascogne, Gers, Côtes du Condomois et Comté tolosan). Mais les vignerons utilisent moins les circuits courts que dans d'autres bassins viticoles. Seulement une cinquantaine d'indépendants vendent tout ou partie de leur production en bouteille. Ils achètent parfois eux-mêmes du vrac et ont des surfaces en vignes importantes (50 à 100 ha). Parmi les fleurons, on compte les Vignobles Brumont et le Domaine du Tariquet.

Le gros de la production est apporté en caves coopératives, lesquelles sont organisées autour de deux structures : Caves et vignobles gersois (CVG), qui est spécialisé dans le vrac, et Producteurs Plaimont, qui vend en bouteilles.

Ces deux pôles majeurs ont connu différentes évolutions ces dernières années. CVG, créée en 2008 par les trois caves coopératives Gerland, Cave des producteurs réunis de Nogaro (CPR) et Vivadour, a récemment vu le départ de CPR. « CPR s'est désolidarisé de CVG cette année pour contractualiser avec un de ses clients et devenir une winery », indique Franck Clavier, directeur général de la coopérative Vivadour. CVG représente toutefois un pôle leader du vin blanc avec près de 500 000 hl disponibles. Plaimont, de son côté, regroupe les caves de Saint-Mont, Aignan et Plaisance-du-Gers, qui vinifient 5 300 ha de vignes. Après deux exercices 2008 et 2009 en recul, l'entreprise a connu une reprise des ventes en 2010, ce qui lui a permis de vendre 36 millions de bouteilles.

Saint-Mont s'investit dans des animations

Enfin, les viticulteurs gersois sont très impliqués dans le développement de l'oenotourisme. Quarante d'entre eux adhèrent à la démarche Les bons crus de d'Artagnan, mise en place en 2008 par le conseil départemental du tourisme. Ils ont signé une charte dans laquelle ils s'engagent à « proposer une véritable prestation sur le thème de la vigne et des vins » et figurent sur la route des vins du département.

À Saint-Mont, les vignerons de l'AOC s'investissent régulièrement dans des animations qui font partie de la vie de la filière. En été, ils sont très présents pendant le festival de jazz de Marciac. Fin mars, ils organisent Vignoble en fête, trois jours au cours desquels ils proposent au public un retour dans le passé, au temps des moines bénédictins du monastère de Saint-Mont. Comme les producteurs d'armagnac, qui organisent de nombreuses manifestations durant la distillation des vins, ils reçoivent des visiteurs du monde entier et contribuent fortement à faire connaître leurs vins.

Le Point de vue de

Sébastien Faure, viticulteur au lieu-dit Ducastay, à Saint-Mont (Gers). 11 ha en 2000, 19 ha en 2010

« Je me suis davantage spécialisé dans la viticulture »

Sébastien Faure, viticulteur au lieu-dit Ducastay, à Saint-Mont (Gers). 11 ha en 2000, 19 ha en 2010

Sébastien Faure, viticulteur au lieu-dit Ducastay, à Saint-Mont (Gers). 11 ha en 2000, 19 ha en 2010

«Je me suis installé en 1993 avec 3 ha de vignes. J'ai ensuite agrandi ma propriété en reprenant des parcelles en fermage que j'ai rachetées depuis.

En 2000, j'avais ainsi 11 ha. Ces trois dernières années, j'en ai planté 2,5 et, depuis 2010, je loue 5,5 ha supplémentaires. Je travaille aujourd'hui sur 19 ha. Rien que sur le village de Saint-Mont, nous avons deux viticulteurs de plus de 60 ans, possédant chacun 12 ha, qui viennent d'arrêter leur activité.

À l'échelle de la commune, cela fait beaucoup, il faut pouvoir les absorber ! Heureusement, leurs vignes ont été reprises par les jeunes de moins de 40 ans.

Tout cela est possible grâce à l'évolution des techniques de travail, notamment le développement de la récolte à la machine pour les blancs et les rosés. J'emploie des saisonniers pour le travail de la vigne et j'ai un employé permanent, mais je fais appel à une entreprise pour récolter. Je livre toute ma récolte à l'union de coopératives Plaimont. Comme beaucoup de viticulteurs de ma génération, j'ai passé, il y a deux-trois ans, le cap d'une plus grande spécialisation. J'élève également quelques bovins pour la viande, mais je vais réduire cette activité. Parallèlement, je fais partie du comité de site de ma coopérative depuis cinq ans, c'est-à-dire que je participe à la vie de la cave. Comme tous les producteurs adhérents, j'apporte ma contribution aux animations. Nous nous sentons concernés par le fonctionnement de l'entreprise. Le fait qu'une interprofession ait été créée offre de nouveaux angles de vue aux vignerons et permet de voir ce que font les autres metteurs en marché. Avant, nous livrions du raisin à une cave, avec le souci de la qualité, mais sans savoir vraiment ce qu'il devenait après.

Aujourd'hui, les viticulteurs sont impliqués dans une vision plus large du produit. »

L'essentiel de l'offre

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