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DOSSIER - Recensement agricole : Le nouveau visage de la viticulture

GAILLAC Beaucoup d'arrachage

Florence Jacquemoud - La vigne - n°238 - janvier 2012 - page 53

En dix ans, le vignoble gaillacois s'est beaucoup réduit. Ceux qui cultivaient quelques hectares pour vendre des vins de table au négoce ont disparu. La filière s'est professionnalisée.
La viticulture dans le Tarn

La viticulture dans le Tarn

Dans le Tarn, 200 exploitations spécialisées dans la viticulture ont disparu en dix ans. Elles étaient 504 en 2000 et ne sont plus que 302 en 2010, ce qui représente une perte de 40 % de viticulteurs.

Les rangs se sont nettement éclaircis parmi les jeunes et les plus âgés, alors que les exploitants étaient répartis de manière assez homogène selon les tranches d'âge en 2000. Le nombre de moins de 40 ans est passé de 126 à 56, conséquence d'un très net ralentissement des installations, tandis que l'on compte 69 exploitants de moins chez les plus de 60 ans. Près des deux tiers des viticulteurs tarnais ont aujourd'hui entre 40 et 59 ans.

Dans le même temps, plus de 1 600 ha de vigne ont été perdus. Il ne reste plus que 6 864 ha de vigne dans le Tarn dont 3 340 ha en AOC Gaillac, contre 8 500 il y a dix ans. « Cette situation résulte essentiellement de l'arrachage, qui a été le choix de nombreux viticulteurs partant à la retraite, ces six dernières années, souligne Francis Terral, président de la cave de Rabastens. Ceux qui n'ont pas eu la possibilité de vendre leur bien ont préféré choisir la prime d'arrachage. Cela leur a permis de bénéficier d'un capital, tout en gardant leur patrimoine foncier. »

« Il y a dix ans, beaucoup d'agriculteurs avaient un peu de vigne pour leur autoconsommation et pour vendre du vin de table au négoce, précise Bernard Petiot, directeur de la maison des vins de Gaillac. Jusqu'en 2003, ils arrivaient à vendre leur production, même si elle n'était pas de grande qualité, mais depuis, c'est terminé. La filière s'est beaucoup professionnalisée, la structure du vignoble a changé et les orientations des exploitations sont plus claires. »

Développement du bio

Face à la difficulté de vendre, des caves particulières ont cessé de vinifier pour livrer leur récolte en coopérative. Aujourd'hui, 30 % du vignoble gaillacois est vinifié et commercialisés par les caves coopératives de Rabastens et de Técou, regroupées depuis 2006 au sein de Vinovalie. En 2011, cela a représenté 130 000 hl.

Enfin, on assiste au développement de la production bio, notamment dans les caves particulières qui produisent plus de 10 % de leurs vins AOC en bio.

Le Point de vue de

Camille Bauguil, domaine Castel de Brame à Peyrole (Tarn). 30 ha en 2000, autant en 2010

« Je continue à mettre en avant notre patrimoine »

Camille Bauguil, domaine Castel de Brame à Peyrole (Tarn). 30 ha en 2000, autant en 2010

Camille Bauguil, domaine Castel de Brame à Peyrole (Tarn). 30 ha en 2000, autant en 2010

« J'ai commencé à travailler avec mon beau-père, qui possédait une exploitation en polyculture, sur 30 ha de vignes. En 2003, j'ai débuté une formation en viticulture, puis je me suis installée en 2008, mais uniquement sur la vigne. Nous étions associés. À l'époque, mon beau-père livrait la totalité de sa récolte à la cave de Rabastens, qui le vinifiait en vin de domaine à notre nom, Castel de Brames.

Elle en vendait une partie en grande distribution et mon beau-père vendait le reste à une clientèle particulière, à la propriété ou sur des salons. Quand je me suis établie, la cave a arrêté les vins de domaine. Comme je voulais continuer à mettre en avant le patrimoine viticole exceptionnel de notre propriété et que je trouvais dommage de perdre notre clientèle, j'ai aménagé un local en chai, puis je me suis équipée en cuves et pompe pour vinifier moi-même. Aujourd'hui, je ne livre que 27,5 ha à la coopérative et je vinifie 2,5 ha, soit un peu plus que ce que mon beau-père vendait en direct. J'ai augmenté ma production pour avoir un petit stock et deux millésimes à présenter.

J'ai pris cette décision en accord avec les dirigeants de la cave coopérative qui m'ont soutenue dans ma démarche. Désormais, mon beau-père est à la retraite, j'ai un employé et je réussis à me dégager un salaire. Je savais que cela prendrait du temps, mais je pense être sur la bonne voie. Il y a davantage de jeunes aujourd'hui qui veulent s'installer, même issus de milieux non viticoles. Ils cherchent à avoir une meilleure qualité de vie, quitte à ce que leur revenu ne soit pas très important. On sent plus de motivation et d'entrain dans les conversations. Les clients, quant à eux, sont de plus en plus intéressés par le travail sur les cépages et aiment qu'on puisse leur en parler. La création de Vinovalie a été essentielle. Avoir un gros outil industriel qui permet de baisser les coûts et les charges pour être plus fort sur les gros marchés est indispensable. Cela a permis à la filière d'exporter.

Les viticulteurs ne sont pas concurrents les uns des autres et la coopérative est une bonne cause à défendre. L'union fait la force ! »

L'essentiel de l'offre

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