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Autant le dire

“Défendre le vin, c'est défendre la vie”

Professeur David Khayat, cancérologue à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière (Paris), déclaration lors de la remise du trophée Homme du vin 2012 par « La revue du vin de France » - La vigne - n°239 - février 2012 - page 6

Comme un chercheur, j'ai voulu me pencher sur le débat du vin qui donnerait peut-être le cancer. Quel que soit mon intérêt personnel pour le vin, j'ai abordé le sujet avec une immense objectivité (…). Je vous donne la réponse tout de suite : le vin bu avec modération n'est pas cancérigène. Je vais prendre deux exemples. Le premier concerne les cancers de la bouche, qui représentent 12 000 cas par an en France. 24 études ont été publiées dans le monde sur le lien entre le vin et ce cancer. Tous les experts estiment que 14 seulement sont valables. Une méta-analyse de ces 14 études montre que boire excessivement par rapport à boire modérément multiplie le risque de cancer de la bouche par… 1,02.

Maintenant regardons comment ces études ont été faites. On prend 1 000 patients qui ont un cancer de la bouche et 3 000 ou 4 000 témoins auxquels les comparer. On leur demande combien de verres de vin ils ont bu il y a quinze ans, il y a dix ans, il y a deux ans, l'an dernier. Quand vous avez une telle imprécision et qu'au final, vous trouvez une différence de 1 %, je crois qu'il vaut mieux ne rien dire. (…) Quand, en plus, toutes ces études ont été faites avant 2006, année où l'on a découvert que 60 % des cancers de la bouche n'étaient dus ni à l'alcool, ni au tabac mais à un virus, le HPV, il faut tout refaire. C'est ça la science. Deuxième exemple : les adventistes de l'Église du septième jour, abstinents en vin et viande, ont autant de cancers du colon que les buveurs de vin et les mangeurs de viande. Donc, vous pouvez boire tranquillement mais avec modération. Car c'est vrai que l'excès de consommation d'alcool peut être délétère pour la santé. Un dernier mot pour dire que derrière le cancérologue, il y a l'homme qui passe sa journée à essayer de donner envie à des malades gravement atteints, qui vont peut-être mourir, de vivre encore un peu (…). Je pense qu'en défendant le vin, je défends aussi, ce qui est mon métier de tous les jours, la vie.

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