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VENDRE - C'est tendance

Les lettrines en mettent plein la vue

Chantal Sarrazin - La vigne - n°241 - avril 2012 - page 56

Signer ses étiquettes de ses initiales ou de la première lettre de son domaine : une idée simple et efficace pour ancrer son identité dans l'esprit des acheteurs.

Tout le monde n'a pas la chance d'être né dans une famille pourvue d'armoiries. Alors pourquoi ne pas s'en créer ? Les lettrines (lettres stylisées) répondent à cette fonction. « Elles donnent l'allure d'un sceau, d'un blason », remarque David Soleilhet, graphiste responsable de l'atelier Nomades, à Avignon (Vaucluse). Les lettrines sont avant tout évocatrices. « Elles se retiennent plus facilement qu'un nom entier. Elles ont une fonction informative et une fonction d'accroche », précise Joëlle Guilbert, graphiste indépendante dans le Var. Elle conseille à ses clients d'en faire leur logo et de les utiliser sur tous leurs supports car « elles peuvent se décliner sur de nombreux matériaux ».

Leur utilisation colle aux tendances actuelles qui imposent des lignes sobres et épurées. « Les lettrines offrent aussi de nombreuses possibilités de mises en scène, remarque Joëlle Guilbert. Il est possible de les ornementer avec des fleurs et de la végétation, de les mettre en mouvement ou de leur adjoindre un élément qui appuie l'identité du domaine, comme des étoiles pour un domaine en biodynamie. » Les vignerons l'ont compris au point que les exemples sont légion. Pour une création de gamme, il faut compter environ 900 euros HT.

Les Coccinelles Rafraîchissant

AOC Côtes-du-Rhône, effervescents sans IG

18 000 cols

PVC : 9 euros

En 2008, pour sa nouvelle cuvée, un côtes-du-rhône villages Signargues rouge, Jean-Baptise Mangin a voulu une nouvelle étiquette. Un C rouge avec des points noirs à l'intérieur. Quand il voit cette lettrine parmi la dizaine d'ébauches que sa graphiste lui présente, Jean-Baptise Mangin la choisit immédiatement.

Pour le propriétaire du château des Coccinelles, elle traduit en une lettre sa philosophie bio. Un an plus tard, lorsqu'il lance ses deux effervescents en blanc et en rosé, il veut renouveler l'effet. La graphiste lui propose des bulles à intérieur du C. Banco ! « Les bulles restituent la rondeur et la fraîcheur de ces deux vins, confie Philippe Mangin. Ce visuel a contribué au succès de ces vins. » Il va le perfectionner en y ajoutant une coccinelle prenant son envol sur le haut de la lettre.

La Bergeonnière Simple comme B

AOC Touraine

50 000 à 55 000 cols

PVC : entre 4 et 8 euros

« Mon nom de jeune fille est Bodin, le nom de mon époux Benoît, celui de notre domaine Bergeonnière…

Le B raisonne comme une évidence dans notre histoire, raconte Delphine Benoît. Nous avons repris l'exploitation familiale en 2003. Au début, nous avons conservé les étiquettes existantes pour nos clients. En 2009, nous avons voulu apporter notre touche. » Après plusieurs essais, leur graphiste leur propose de rajouter un B stylisé avec une grappe de vigne accrochée en bas. Aujourd'hui, cette lettrine est présente sur l'ensemble des étiquettes du domaine du Loir-et-Cher. « Elle est devenue notre marque de fabrique. Elle orne tous nos supports, y compris l'enseigne de notre cave », sourit Delphine. Les clients applaudissent, professionnel et grand public confondus.

Des M qui se déclinent sur tous les supports… La Madrague

AOC Côtes-de-Provence, IGP des Maures

200 000 cols

PVC de 7 à 15,70 euros

Deux M superposés ornés d'une sirène : c'est l'emblème du domaine de la Madrague, dans le Var. Il se retrouve sur tous ses supports de communication : étiquettes, bibs, cartons d'expédition, sceaux à glace, verres à dégustation, papier à en-tête, plaquette de présentation de l'entreprise… Le directeur, Arnaud Gris, explique : « Au rachat de ce domaine en 2007, la production se vendait en vrac. Il n'existait qu'une étiquette avec une sirène. Nous l'avons reprise et nous avons exploité le M de Madrague, car il est ultraporteur. » Et pour cause : la Madrague, c'est aussi le nom de la propriété de Brigitte Bardot. Ces côtes-de-provence et IGP des Maures sont vendus en CHR et en grande distribution depuis deux ans. Effet garanti en linéaire !

Des M qui se déclinent sur tous les supports… Mons

IGP Gascogne, Floc de Gascogne et Armagnac

Coffret une bouteille IGP Côtes-de-Gascogne : 4,50 euros. Coffret une bouteille d'armagnac : 18 euros.

Créé en 2010, le M stylisé du château de Mons, dans le Gers, trône sur tous les contenants de la propriété : sur les bouteilles d'IGP Gascogne, de Floc et d'Armagnac ainsi que sur les coffrets qui remplacent les cartons d'expédition depuis 2010. « Nos vins sont essentiellement vendus au caveau, il nous fallait sortir de l'ordinaire pour capter la demande », expose Alain Massabie, le responsable. Le coffret noir mat s'habille d'un M rouge vif, la couleur symbole du Sud-Ouest. Il existe en plusieurs modèles, de deux à six bouteilles. Grâce à cette nouvelle présentation, les ventes ont progressé de 5 % en 2011 par rapport à 2010 pour atteindre 10 500 coffrets. Une bouteille d'IGP Côtes-de-Gascogne vendue dans son coffret coûte 4,50 euros, l'armagnac 18 euros.

La Bargemone Efficace

AOC Coteaux d'Aix-en-Provence

10 000 bouteilles

PVC : 6,10 euros

« L'avantage avec le R, c'est qu'il se prononce facilement en anglais.

De plus, dans cette langue comme en français, c'est l'initiale du mot rouge ! » Marina Cahen, la vigneronne de la Commanderie de la Bargemone, dans les Bouches-du-Rhône, a le sens pratique. Sa cuvée Rouge, lancée en 2010, a conquis les importateurs nord-américains et canadiens. Ils ont immédiatement retenu son nom.

Elle leur vend 30 % de sa production. Elle a conçu ce vin comme le « rouge de l'été, à boire légèrement frappé ». D'où le choix d'un R un peu rugueux avec une grande courbe pour lui donner du mouvement. Au caveau, la plupart de ses clients ont eu la curiosité de l'essayer. Excepté les « traditionalistes », un poil rebuté par le design. En tout, Marina Cahen produit 10 000 cols de cette cuvée, la seule pourvue d'une lettrine.

Grand Vallat Double jeu

AOC Ventoux

30 000 cols

PVC : de 6,50 à 12,50 euros

« À l'export, l'appellation Ventoux manque de notoriété. Aussi, je communique sur le nom de mon domaine, Grand Vallat. Je l'ai créé en 2001. J'ai fait réaliser l'étiquette dans la foulée en demandant à une agence de graphistes un visuel qui permette d'en mémoriser le nom », expose Marc Valentini, le propriétaire. Cette agence a travaillé sur les initiales de ce domaine du Vaucluse : GV. Elle a greffé un G sur la lettre V, pour évoquer des cornes ou les branches d'un arbre. Comme il se doit, cette lettrine apparaît en grand sur la contre-étiquette. Mais sur l'étiquette principale, l'agence a pris le parti de l'imprimer en petit « comme un astérisque pour donner du relief à l'image », explique Jean-Marc Valentini. Ses clients sont unanimes : le jeu de lettres ap6porte du panache à l'étiquette et la différentie d'autres domaines. Les Chinois viennent de lui commander sa cuvée Gaia en rouge. L'étiquette a, paraît-il, fait la différence…

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