ImprimerLes sanctions sont tombées le 10 mai dernier. Le tribunal correctionnel de Bordeaux (Gironde) a condamné douze viticulteurs du Blayais à des amendes avec sursis pour les dix d'entre eux qui ont avoué les faits et à des amendes fermes pour les deux qui les ont niés. Le droguiste qui avait vendu l'acide sulfurique et l'œnologue qui avait conseillé les viticulteurs se sont également vu infliger une amende ferme.
L'affaire remonte à 2003. « En juillet, il a beaucoup grêlé sur le secteur. Les raisins ont pris quinze jours de retard. Les pH étaient supérieurs à quatre. Pour gagner en acidité, seul le recours à l'acide tartrique était autorisé. Or, il coûte cher et n'est pas stable », indique l'œnologue mis en cause.
Pour sauver leur récolte, des viticulteurs se tournent vers l'acide sulfurique, interdit. Ils en injectent 1 à 2 centilitres par hectolitre de leur côtes-deblaye. « Ils n'en sont pas fiers. Ce sont des erreurs. Il n'y a rien de catastrophique. Il faut tourner la page », répète Christophe Terrigeol, le président du syndicat.
L'affaire laisse des traces
En 2009, la réglementation est modifiée : l'acide malique et l'acide lactique sont autorisés. « Avec le réchauffement climatique, les styles de vin évoluent. On récolte des raisins de plus en plus mûrs. Du coup, on perd en acidité. Si la réglementation a changé, c'est bien qu'il y avait un problème », explique Véronique Raffestin, chef du département laboratoire de la chambre d'agriculture de Gironde.
Reste que l'affaire a laissé des traces. « Cela ne va pas arranger l'image de l'appellation. La déception s'est installée. Il n'y a pas eu de solidarité de la part de personnalités figures de proue et qui sont passées au travers des mailles du filet », lâche, sous anonymat, l'un des viticulteurs condamnés.
