« L'ancien site de la cave était conçu pour produire jusqu'à 2 millions de bouteilles », expose Philippe Thierry, directeur de la cave coopérative de Vouvray. Le problème est que la production atteint régulièrement 3 millions de cols, dont 90 % de fines bulles de Vouvray. Pour le directeur, il était impossible de continuer à travailler dans ces conditions. « La ligne de dégorgement tournait de plus en plus souvent en deux fois sept heures et l'entrepôt de produits finis arrivait à saturation. »
En 2009, le comité de direction se lance donc dans un projet de construction, en zone artisanale, d'un nouveau bâtiment équipé de cuves, de filtres, d'une ligne d'étiquetage adhésif et, surtout, d'une nouvelle ligne de dégorgement. Celle-ci tourne à 4 000 bouteilles par heure, doublant la capacité de production. Le tout pour un budget de 8,7 millions d'euros. La cave se fait accompagner dans son projet par un cabinet d'ingénierie champenois. Courant 2010, informée par la confédération des caves coopératives, elle tente une demande d'aides européennes à l'investissement. Il faudra plusieurs semaines de travail avec le comptable pour monter le dossier, lequel devait être le plus complet possible pour être contrôlé rapidement. « Nous l'avons bouclé tout début juillet 2010, sur le fil, car FranceAgriMer réduisait régulièrement le délai de dépôt de dossiers, en complexifiant la procédure », raconte Philippe Thierry.
Les aides sont « la cerise sur le gâteau »
Au final, la cave obtiendra 2,22 millions d'euros d'aides de FranceAgriMer, soit environ 25 % de son investissement éligible. Elle en a déjà touché la moitié deux mois après le dépôt du dossier. Cette somme, c'est « la cerise sur le gâteau » pour le conseil d'administration, qui ne comptait sur aucune subvention.
L'investissement était risqué. « Mais il a permis un profond changement, se satisfait Philippe Thierry. Nous sommes beaucoup moins à l'étroit et le confort de travail des employés est bien meilleur. Nous travaillons moins en flux tendu et obtenons une meilleure productivité. »
Le Point de vue de
Romain Sallette, vigneron au château Pierre de Montignac, à Civrac-en-Médoc (Gironde)
« Sans aide, j'aurais davantage réfléchi »
En Aquitaine, un programme d'aide cofinancé par la région et le fonds européen Feader a pris le relais des aides de l'OCM. Romain Sallette en a profité après les vendanges 2011, lorsqu'il décide de troquer sa table de tri manuelle pour une machine automatique dernier cri, la Winery de Pellenc. Il a investi 45 000 euros dans ce matériel. Il a été aidé dans le cadre du programme "Investissements de vinification à la propriété" de la région Aquitaine soutenu par le fonds européen Feader. « Sinon, nous aurions sûrement pris un matériel moins performant. » Pour obtenir sa subvention, Romain Sallette a passé environ une journée à rassembler toutes les pièces nécessaires. Une conseillère des vignerons indépendants d'Aquitaine l'a aidé à monter le dossier. « Pour toucher les aides, je devais être agréé Area (Agriculture respectueuse de l'environnement en Aquitaine). J'ai donc suivi une journée de formation et subi un audit de la chambre d'agriculture », indique-t-il. L'investissement sera financé à hauteur de 20 % par l'Europe et de 20 % par la région. Romain Sallette est très satisfait du montant qu'on lui a promis. Avec cet équipement, le tri des raisins sera plus qualitatif. « Nous gagnerons aussi en flexibilité. Comme la table est automatique, nous pourrons même trier de nuit. »