Un recul d'environ 10 €/hl. C'est ce que les viticulteurs du Beaujolais enregistrent en moyenne sur les cours de leurs crus par rapport à 2011. En volume également, les ventes baissent par rapport au précédent exercice, comme le montrent les chiffres de deux des crus principaux. Brouilly recule de 6 000 hl et morgon de 2 000 hl.
Gilles Paris, le président récemment réélu de l'ODG des crus, relativise ces chiffres. « 2011 avait été une campagne très courte en raison de la faible récolte 2010. Aujourd'hui, il ne reste environ que 30 000 hl disponibles à la vente, toutes appellations confondues, soit 25 % du volume initial. Pour ce qui est des cours, quand les trésoreries sont tendues, on a tendance à ne pas tenir les prix. C'est le regret que l'on peut avoir. »
Le début de campagne a sans doute pâti de la bonne santé du millésime précédent : dotés de stocks solides, les négociants ne se sont pas précipités. Et la crise a fait le reste, comme pour le fleurie, ancienne locomotive des crus, qui voit ses volumes se redresser et ses cours poursuivre leur alignement sur ceux des autres crus beaujolais.
Mais la donne change à cause de la récolte 2012. Tous les commentateurs, comme Jean-Luc Merle, de la cave coopérative de Bel-Air, s'accordent à dire « qu'elle s'annonce très très faible suite aux aléas climatiques (gel d'hiver, puis grêle). Des négociants font des achats de précaution au cas où il n'y aurait pas assez de vin ».
« L'érosion des cours est terminée, confirme le courtier Olivier Richard. Nous voyons des vignerons qui refusent de vendre dans l'attente d'une remontée des cours, y compris dans les appellations génériques et villages ! »
Les viticulteurs pourraient être en situation de force au moment de céder leurs dernières cuvées.