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VIGNE

Vendanges : prévention accrue pour éviter l'accident

Martin Caillon - La vigne - n°245 - septembre 2012 - page 28

Les initiatives pour rendre la route plus sûre se multiplient en cette période de vendanges. Voici les actions menées par la MSA du Languedoc, un entrepreneur bordelais et une coopérative de l'Aude.
LA MSA DU LANGUEDOC inspecte depuis vingt ans les systèmes de freinage et de signalisation des tracteurs de la région. © MSA

LA MSA DU LANGUEDOC inspecte depuis vingt ans les systèmes de freinage et de signalisation des tracteurs de la région. © MSA

Sabine Dainese gère les apports à la cave d'Arzens (Aude). Elle montre le parcours à sens unique expérimenté cette année. © L. LECARPENTIER

Sabine Dainese gère les apports à la cave d'Arzens (Aude). Elle montre le parcours à sens unique expérimenté cette année. © L. LECARPENTIER

La France est fière de ses routes des vins. Peut-on en dire autant pendant les vendanges ? En 2008, la MSA a comptabilisé six cent trois accidents de travail graves et sept accidents mortels chez les salariés de la viticulture. Dans 23 % des cas, un tracteur ou une remorque étaient concernés. Si le nombre d'accidents a plutôt tendance à baisser depuis dix ans, la prudence reste de mise sur les routes, surtout en période de vendanges. Alors sur le terrain, on se mobilise pour que tout se passe sans accrochage.

MSA LANGUEDOC : Quatre cents tracteurs inspectés

La MSA du Languedoc profite de la période des vendanges pour mener une nouvelle campagne de vérification des systèmes de freinage et de la signalisation des tracteurs et des remorques. L'opération, conduite en partenariat avec Groupama, existe depuis vingt ans. Cette année, elle se déroule dans treize caves coopératives du Gard et de l'Hérault, entre fin août et mi-septembre.

Test de la vue et de l'audition

À leur arrivée en cave, les tracteurs et les remorques sont pris en charge par un technicien en machinisme. Il examine point par point la conformité des éléments de sécurité des matériels : gyrophare, feux, indicateurs de direction, avertisseur sonore, rétroviseurs, état des pneumatiques, du joint d'étanchéité de la benne, test des freins de service et de stationnement… « Tout est consigné sur une fiche technique remise au chauffeur, explique Jean-Pierre Vandange, conseiller en prévention à la MSA. Nous lui remettons des bandes réfléchissantes à coller à l'arrière des remorques, ainsi qu'un kit de signalisation. »

Le chauffeur est ensuite confié à un médecin du travail pour un test de la vue et de l'audition. Un examen surtout utile pour les exploitants, qui ne sont pas soumis, comme les salariés, à une visite médicale obligatoire. « À cette occasion, nous rappelons que l'obligation de disposer de deux éthylotests concerne aussi les tracteurs. »

À raison de 30 à 40 tracteurs et chauffeurs examinés par jour, l'opération permet de sensibiliser au moins quatre cents viticulteurs par campagne.

BANTON-LAURET : Une école de la prévention

« Notre objectif, c'est d'éviter l'accident », indique clairement Bernard Banton. Le cogérant de l'entreprise girondine de travaux agricoles Banton-Lauret fait depuis longtemps de la prévention une priorité. À ce titre, son fils Benjamin participe au comité de pilotage sur le risque routier professionnel pendant les vendanges mis en place cette année en Gironde. La réflexion vient de déboucher sur la signature d'une convention entre le Syndicat des entrepreneurs des territoires de la Gironde et la MSA. La société, prestataire de services, emploie près de mille personnes en période de vendanges, dont cent cinquante en CDI. « Nous avons très peu d'accidents », constate Bernard Banton. L'explication tient en un mot – prévention –, que l'entreprise décline tous azimuts. « Nous abordons le risque routier dans toutes nos formations », atteste Benjamin.

À l'approche des vendanges, tous les chauffeurs de tracteurs, de machines à vendanger et de véhicules de transport des vendangeurs suivent deux jours de formation. Une centaine de salariés sont concernés.

Au menu figure d'abord un rappel théorique des règles à suivre pour éviter les accidents. Les chauffeurs ont pour consigne de respecter le code de la route. Ceux qui conduisent les vendangeurs sont invités à rouler à vitesse modérée. On rappelle qu'il faut s'arrêter pour téléphoner et se ranger sur le bas-côté de la route pour faciliter le dépassement des voitures. Il est aussi demandé aux conducteurs des véhicules lents, tracteurs et machines à vendanger, de préférer les itinéraires sécurisés aux axes routiers les plus fréquentés ou réputés les plus dangereux. « Certaines mesures sont de simples règles de savoir-vivre », observe Bernard Banton. Le carnet d'accueil, remis à chaque salarié en début de saison, comporte lui aussi un volet prévention.

Matériel en bon état

La formation renferme aussi un volet pratique. Qui commence en réalité bien avant les vendanges. « Cet hiver, nos 45 chefs d'équipe ont suivi une journée de formation à la conduite sur la piste du centre de formation Centaure. L'expérience a beaucoup plu », affirme Bernard Banton. Chaque année au début du mois de septembre, tous les tractoristes, pas seulement les débutants, sont réunis pour un exercice de conduite. Un terrain est aménagé pour l'occasion. Les chauffeurs manœuvrent entre les plots, autour d'un érafloir ou d'une table de tri. Les points dangereux des engins sont soulignés.

Prévenir le risque d'accident, c'est aussi travailler avec du matériel en bon état de marche. Avant les vendanges, tous les véhicules, camions, tracteurs et machines à vendanger passent par l'atelier pour une révision. Le diagnostic est réalisé par l'un des six mécaniciens. Mais le chauffeur est impliqué. Il participe à l'entretien de son véhicule. « L'entreprise investit un million d'euros par an depuis quatre ans pour le renouvellement du matériel », souligne Bernard Banton.

CAVE DE LA MALEPÈRE : Un plan de circulation à l'essai

« Il y a deux ans, sur la D 33, une voiture a percuté un tracteur avec sa remorque de vendange en tentant de le dépasser. Et l'an passé, en chemin vers la cave, un camion polybenne en a croisé un autre sur une route étroite. Il a fini sa course au fossé. Deux accidents matériels seulement », rassure Sabine Dainese, qui gère les apports à la cave La Malepère, à Arzens, dans l'Aude.

La cave d'Arzens n'a pas attendu ces accidents pour se pencher sur le risque routier. Il y a deux ans, en partenariat avec la MSA, une ergonome est intervenue pendant les vendanges. Son travail incluait la gestion des apports et les problèmes de transport. La Malepère vinifie près de 2 000 ha de vignes. Le trafic routier est dense au moment des vendanges. En période de pointe, jusqu'à cent soixante-dix tracteurs et remorques se présentent au conquet d'Arzens. À ce défilé s'ajoute une cinquantaine de camions polybennes qui réacheminent les apports en provenance des deux quais de réception extérieurs de Moussoulens et Alzonne (Aude).

À l'occasion de son étude, l'ergonome pointe les endroits dangereux du réseau routier. Elle suggère de mettre en place un nouveau plan de circulation. « Cette année, nous allons expérimenter un sens unique pour les camions dans un rayon de 10 km autour de la cave. Si la perte de temps provoquée par ce changement est acceptable, nous pérenniserons la mesure », détaille Sabine Dainese.

Distribution d'éthylotests

À défaut, « nous avons réfléchi à des aires spécifiques de parking qui permettraient le croisement sans risques des véhicules. L'an prochain, le dossier sera soumis aux élus des communes et du conseil général qui gèrent la voirie, assure Jean Pierre Alfonso, conseiller prévention à la MSA Grand Sud. L'objectif est aussi de mieux signaler les points accidentogènes. La préfecture nous soutient dans cette démarche. Le travail pourrait ensuite être étendu à d'autres secteurs du département ».

La MSA intervient aussi à la cave d'Arzens lors de la réunion de prévendanges pour sensibiliser les adhérents aux risques routiers. La Sécurité routière s'y associe pour la première fois cette année et distribuera des éthylotests. La réunion sera l'occasion de détailler le calendrier de récolte par jour et par cépage. La planification des apports permet à la cave comme aux vignerons de mieux s'organiser. Indirectement, elle contribue aussi à la régulation du flux de véhicules sur la route. La cave recevra aussi la MSA pendant les vendanges pour une campagne de contrôle des tracteurs.

Vendanger sans danger

La signalisation d'un chantier de vendange s'impose lorsque des véhicules (tracteurs, remorques et camions de transport de vendangeurs) stationnent en bord de route ou que les travaux (chargement de caisses) empiètent sur la chaussée. Dans ce cas, deux panneaux AK14 triangulaires portant un point d'exclamation doivent être posés à 150 m de part et d'autre du chantier. Ils peuvent être complétés de panonceaux KM9 portant l'inscription « Vendanges ». Hors agglomération, le triangle doit mesurer 1 m de côté. Le modèle réflectorisé de classe 2 est nécessaire pour le travail de nuit. La classe 1 suffit pour un chantier de jour. Comptez un peu moins de 100 euros HT l'unité pour un panneau triangle de 1 m de classe 1. Ou pensez à l'achat groupé.

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