C'est à Gorges, en Loire-Atlantique, que Frédéric Laillier est né il y a 32 ans de parents fonctionnaires. C'est aussi là qu'il s'est installé comme vigneron l'an dernier. « Le milieu viticole m'attirait, explique-t-il. J'ai effectué mon BTS viti-œno en alternance au lycée de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). Puis je suis devenu salarié car je voulais travailler.
Rapidement, lui vient l'envie de s'installer. En 2005, il signe un contrat de préinstallation avec Michel Brégeon, vigneron à Gorges (Loire-Atlantique) sur 10,5 ha. « Je devais m'associer avec lui jusqu'à son départ à la retraite. » Mais la cave n'est pas aux normes pour traiter les effluents. Le projet capote. Frédéric redevient salarié.
Quelques années plus tard, Michel Brégeon abandonne quelques vignes. Sa production chute en dessous de 500 hl/an. Le traitement des effluents ne devient plus obligatoire. Le projet d'installation est relancé. « En septembre 2010, Michel a pris sa retraite. Six mois après, nous avons créé une EARL ensemble : 97 % des parts pour moi, 3 % pour lui. Il reste propriétaire des 7,8 ha de vignes qu'il loue à l'EARL. »
40 % à l'export
En mars 2011, Frédéric Laillier s'installe. Sur cette petite surface, tout se joue sur la valorisation, une voie prise par Michel Brégeon, qui a su hisser son domaine parmi les plus réputés du Muscadet. Les vins sont vendus entre 5 et 10 euros le col. 40 % de la production est exportée, essentiellement aux États-Unis, au Québec et à Singapour. Le reste est commercialisé auprès de particuliers et de restaurants étoilés. Mais l'exercice à venir s'annonce délicat. 2012 a été ingrate. Frédéric n'a récolté que 15 hl/ha de moyenne à cause de la coulure et du millerandage, alors que le rendement de l'appellation est fixé à 55 hl/ha. Heureusement, 2011 avait été plus généreuse. Il a déjà commencé à vendre ce millésime, alors que, traditionnellement, l'entreprise favorise les élevages longs. Il lui reste également quelques vins de 2004 et 2009. Juste de quoi tenir l'année.
« L'entreprise est viable. Le banquier, plutôt sceptique au départ, me suit. Mais il faudra une nature plus généreuse dans les années à venir », conclut Frédéric.
Où en sera-t-il dans cinq ans ?
«Je n'en ai aucune idée. Avec la faible récolte de cette année, je navigue à vue. L'un des points forts du domaine, c'était la vente de vins élevés plusieurs années sur lie. Les stocks ont fondu avec deux petites récoltes en 2008 et 2010 et la diminution des surfaces entre 2006 et 2010. Du coup, ça va être dur.
J'aimerais salarier un ouvrier viticole à temps plein pour travailler dans les vignes. L'objectif serait d'aller vers le bio. En attendant, je fais tout, tout seul, même si Michel me donne un coup de main pour les vinifications, le commerce et l'administratif. Tant qu'il peut, tant que je veux… Ça fonctionne comme ça ! »