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DOSSIER - LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

4. Ils ont investi leur fortune « J'ai réussi à repousser les préjugés »

Patrick Touchais - La vigne - n°247 - novembre 2012 - page 64

Après avoir vendu son hypermarché Leclerc, où il avait travaillé pendant dix-huit ans, Philippe Porché a repris 9 ha à Saumur (Maine-et-Loire) en 2004. Aujourd'hui, il n'est plus considéré comme un épicier, mais comme un vigneron.
JÉRÔME CALLET (À GAUCHE) ET PHILIPPE PORCHÉ se sont associés alors qu'ils étaient tous deux des vignerons débutants.

JÉRÔME CALLET (À GAUCHE) ET PHILIPPE PORCHÉ se sont associés alors qu'ils étaient tous deux des vignerons débutants.

« En 2004, la Safer m'a autorisé à reprendre une exploitation de 9 ha de vignes avec Jérôme Callet, un jeune associé salarié », explique Philippe Porché. Depuis, le néovigneron a porté la surface à 16 ha. « Quand je me suis installé, certains se sont dit que ça allait me passer. J'ai voulu prouver que ce n'était pas une danseuse. Je m'investis dans ce domaine, dans les vendanges, dans les vinifications, etc. » Comme l'ancien propriétaire était coopérateur, Philippe Porché a lui-même créé le domaine de Rocheville. Pour vinifier, il loue le chai d'un collègue. Il a aussi dû démarrer une activité commerciale.

Sur ce plan, en tant qu'ancien distributeur, il se démène pour présenter ses vins en France et à l'export. « Mais je n'arrive pas à être partout. Le métier de la GD est très stressant, mais on travaille avec des collaborateurs. Dans un domaine viticole, on délègue plus difficilement. On est moins nombreux. En ce moment, je recherche un(e) commercial(e) France. »

Il prévoit aussi de développer sa clientèle particulière. Pour cela, il projette de construire son propre chai, avec une salle d'accueil pour la vente directe, à Parnay, au milieu de ses vignes. Il veut aussi créer un second poste commercial pour la clientèle particulière. « Tout devrait être opérationnel pour les vendanges 2013. »

Le plein de voix aux élections de l'AOC

Après huit années dans le vignoble et un investissement de 800 000 euros, Philippe Porché a réussi à repousser les préjugés. « Je suis secrétaire du conseil d'administration de l'AOC Saumur-Champigny. La première fois, j'ai eu juste le nombre de voix. Aux dernières élections, j'ai fait le plein. »

Même s'il sait qu'il restera toujours « l'épicier » aux yeux de certains, il a acquis ses galons de professionnel. Surtout quand un vigneron le présente à d'autres comme « un collègue »

L'investissement vaut-il le coup ?

« Si on recherche la rentabilité financière pure, la réponse est claire : non, il ne faut pas se lancer. Mais l'enjeu n'était pas celui-là. J'ai réussi à transformer une passion en patrimoine. Mes vignes n'ont pas perdu de valeur. Je n'ai pas d'actions. Je ne joue pas en Bourse. J'ai investi dans du pérenne que je pourrai transmettre. Ce patrimoine aura une vraie valeur. J'ai des origines vendéennes, je suis donc sensible à la valeur de la terre. Je n'ai pas gagné beaucoup, mais je n'ai pas perdu non plus. Si c'était à refaire, je le referais. Même si la mise en route a été plus longue que je ne le croyais. »

Cet article fait partie du dossier LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

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DATES CLÉS

Janvier 2002 : cession de l'hypermarché Leclerc qu'il possède à Saumur (Maine-et-Loire) depuis 1989.

Décembre 2004 : installation et création du domaine de Rocheville avec un associé salarié.

Janvier 2010 : son épouse Agnès intègre l'entreprise.

Septembre 2012 : projette la construction d'un chai

L'essentiel de l'offre

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