« Il n'y a presque plus de disponibilité en production. » En ce début avril, pour Philippe Pougnant, le marché des vins de base de crémant de Loire se termine. « La campagne a été plus active que l'an passé », ajoute le courtier angevin. Les transactions tous millésimes confondus sont en hausse de 35 %. Elles avaient déjà progressé de 40 % sur les moûts et les raisins.
La demande est forte de la part du négoce, dont les ventes progressent. En 2013, les maisons ont vendu plus de 10 millions de cols (+ 15 %) sur un total de 13 millions pour toute l'appellation crémant de Loire (+ 11 %).
Bernard Jacob, le directeur d'Ackerman, indique avoir acheté un peu plus de vin de base que l'an passé, même si le gros de ses achats s'opère en moût. Discret sur ses chiffres, il explique que « dans le monde des bulles, il faut calculer sur deux, voire trois exercices. Une bouteille vendue en nécessite deux en stock. Si on prend un marché, pour l'alimenter, il faut partir avec un stock-outil d'au moins dix-huit mois ».
Au domaine du Petit clocher, à Cléré-sur-Layon (Maine-et-Loire), le crémant de Loire représente pas loin de 1 000 hl en 2013, dont 800 ont été commercialisés en vin de base au négoce. « C'est un peu moins que les années précédentes, car nous progressons en vente directe », souligne Jean-Noël Denis, le cogérant.
Le domaine a prévenu son acheteur, avec lequel il travaille depuis vingt ans. Le contrat est renouvelé tacitement tous les ans du fait d'une relation de confiance. « Nous renégocions le prix. Mais nous vendons aussi des bouteilles, nous savons que les hausses doivent être raisonnables, en phase avec les marchés. » Pour cela, le vigneron ne voit qu'une solution : « Tenir ses rendements pour parvenir à un chiffre d'affaires correct à l'hectare. »
Début avril, les courtiers restaient actifs. « On prépare la récolte 2014 en achetant sur pied. L'autre travail consiste à inciter les viticulteurs qui produisaient du saumur à livrer du crémant », précise Philippe Pougnant. En Anjou-Saumur, le crémant pèse aujourd'hui 1 500 ha, contre 1 000 pour le saumur. Il y a cinq ans, c'était l'inverse.