« En 2004, la Safer m'a autorisé à reprendre une exploitation de 9 ha de vignes avec Jérôme Callet, un jeune associé salarié », explique Philippe Porché. Depuis, le néovigneron a porté la surface à 16 ha. « Quand je me suis installé, certains se sont dit que ça allait me passer. J'ai voulu prouver que ce n'était pas une danseuse. Je m'investis dans ce domaine, dans les vendanges, dans les vinifications, etc. » Comme l'ancien propriétaire était coopérateur, Philippe Porché a lui-même créé le domaine de Rocheville. Pour vinifier, il loue le chai d'un collègue. Il a aussi dû démarrer une activité commerciale.
Sur ce plan, en tant qu'ancien distributeur, il se démène pour présenter ses vins en France et à l'export. « Mais je n'arrive pas à être partout. Le métier de la GD est très stressant, mais on travaille avec des collaborateurs. Dans un domaine viticole, on délègue plus difficilement. On est moins nombreux. En ce moment, je recherche un(e) commercial(e) France. »
Il prévoit aussi de développer sa clientèle particulière. Pour cela, il projette de construire son propre chai, avec une salle d'accueil pour la vente directe, à Parnay, au milieu de ses vignes. Il veut aussi créer un second poste commercial pour la clientèle particulière. « Tout devrait être opérationnel pour les vendanges 2013. »
Le plein de voix aux élections de l'AOC
Après huit années dans le vignoble et un investissement de 800 000 euros, Philippe Porché a réussi à repousser les préjugés. « Je suis secrétaire du conseil d'administration de l'AOC Saumur-Champigny. La première fois, j'ai eu juste le nombre de voix. Aux dernières élections, j'ai fait le plein. »
Même s'il sait qu'il restera toujours « l'épicier » aux yeux de certains, il a acquis ses galons de professionnel. Surtout quand un vigneron le présente à d'autres comme « un collègue »
L'investissement vaut-il le coup ?
« Si on recherche la rentabilité financière pure, la réponse est claire : non, il ne faut pas se lancer. Mais l'enjeu n'était pas celui-là. J'ai réussi à transformer une passion en patrimoine. Mes vignes n'ont pas perdu de valeur. Je n'ai pas d'actions. Je ne joue pas en Bourse. J'ai investi dans du pérenne que je pourrai transmettre. Ce patrimoine aura une vraie valeur. J'ai des origines vendéennes, je suis donc sensible à la valeur de la terre. Je n'ai pas gagné beaucoup, mais je n'ai pas perdu non plus. Si c'était à refaire, je le referais. Même si la mise en route a été plus longue que je ne le croyais. »