Dans la restauration étoilée, où il fut sommelier pendant dix ans, Lionel Duplessis travaillait tiré à quatre épingles. Le jour de notre rencontre sur son exploitation, sa réception de vendange l'a lâché. En tee-shirt et treillis, les mains tannées par le raisin, il répare. « Dans ce métier, il y a toujours des imprévus, il faut s'adapter ! » lance-t-il.
Dès ses débuts comme sommelier, il pense à devenir vigneron. En Belgique, où il a occupé son dernier poste, il anime un club de dégustation entre 1995 et 1997. Ce club accueille des particuliers et des professionnels du vin belges, allemands et luxembourgeois. Ces derniers lui affirment alors : « Si tu t'installes, promis, on t'aidera ! »
C'est aussi à cette époque qu'il rencontre Virginie, originaire d'Avignon (Vaucluse), qui deviendra son épouse. En 1997, il abandonne la sommellerie pour préparer un BP viti-œno au lycée de Davayé, en Saône-et-Loire, et effectue un stage au domaine Pélaquié, à Laudun, dans le Gard. Dans le même temps, il se met en quête d'une affaire à reprendre avec Virginie. En 1999, ils découvrent la perle rare à Jonquières (Vaucluse) : 16 ha d'un seul tenant. « J'ai goûté les vins, ils m'ont plu. »
Prestation de vinification
Mais le couple ne dispose pas de la somme nécessaire pour investir. Il sollicite alors les membres de l'ancien club de dégustation. Ces derniers vont tenir leur promesse. Ils apportent de l'argent dans une SCI qui achète la moitié du vignoble.
Virginie et Lionel créent une autre SCI qui acquière le reste du domaine. Les deux sociétés civiles louent les terres à l'EARL du couple qui devient propriétaire du matériel de cave et d'exploitation.
En contrepartie, les associés - des cavistes, un grossiste et des particuliers - bénéficient d'un tarif privilégié. Aujourd'hui, Lionel leur vend 40 000 des 60 000 cols qu'il produit. Il vend le reste en vrac.
En 2000, Lionel et ses comparses acquièrent 5 ha de plus en Côtes du Rhône villages Plan de Dieu. Au hasard d'une rencontre, la maison Guyot, à Lyon (Rhône), séduite par le vin, lui propose de prendre en charge la vente. Le négociant et le vigneron définissent un cahier des charges et créent la marque L'Envol, sous laquelle le vin est vendu dans la restauration haut de gamme.
Nouveau virage en 2005, le vigneron développe une activité de prestation de vinification. « Cela m'a permis d'affronter la crise viticole, souligne-t-il. Le matériel de l'exploitation est ainsi rentabilisé. » Aujourd'hui, il vinifie 1 000 à 1 200 hl par an sur sept appellations des côtes du Rhône pour une douzaine de clients. D'ici quelques mois, il va recruter une personne pour le seconder au vignoble. Son but, dégager du temps pour développer la vente en bouteilles. La sommellerie mène à tout !
Ce que ses associés lui apportent
« Sans associés, je n'aurai pas pu m'installer. Entre nous, c'est un échange de bon procédé. J'élabore des vins qui leur plaisent et ils me garantissent un débouché. Les ventes croissent régulièrement. Le soutien de mes associés n'est pas uniquement financier, il est aussi moral. Ils me font confiance à tous les niveaux. Ainsi, à chaque fois que je leur présente une nouvelle cuvée, ils l'approuvent. »