« En 2000, lorsque j'ai quitté mon emploi dans l'informatique, mes proches se sont posé des questions, reconnaît Sébastien Fillon. Mais six ans plus tard, quand j'ai concrétisé mon projet d'installation, ils m'ont soutenu à fond. » Dans son ancien métier, il s'ennuyait ferme. « J'avais envie de vivre dans le milieu rural, d'être au contact des plantes. J'ai d'abord travaillé comme salarié dans l'arboriculture puis dans la viticulture. En même temps, je me suis formé.»
Après avoir décidé de s'installer, Sébastien choisit où. « Nous vivions en région lyonnaise. Ma femme était du Gard. Nous avons mis le cap sur le sud. » Après beaucoup de visites, ils se posent dans l'Hérault. « J'avais envie de jouer collectif, dans une appellation. Les Terrasses du Larzac gagnaient en notoriété. Le foncier était encore accessible. Et j'aimais le style des vins. »
Aléas climatiques
En 2006, il trouve le Clos du Serres, une exploitation de 15 ha à reprendre à Saint-Jean-de-la-Blaquière. Ne pouvant emprunter toute la somme nécessaire, il crée un groupement foncier agricole (GFA) pour acheter les vignes. « Mes proches et mes amis ont répondu présent. Et par le bouche à oreille, j'ai trouvé des amoureux du vin prêts à m'aider. » De son côté, le cédant l'accompagne durant un an pour lui transmettre son savoir-faire et lui présenter ses clients.
Dès 2007, Sébastien découvre les aléas du climat. La sécheresse réduit le rendement à 25 hl/ha alors qu'il avait calé son projet sur 35 hl/ha. « J'ai compris que je devais tout miser sur la valorisation. » Sa femme Béatrice le rejoint et prend en charge la commercialisation. Quelques cavistes leur donnent leur chance. Mais c'est à l'étranger que les acheteurs ont le moins de préjugés sur les vins du Languedoc. « Aujourd'hui, nous réalisons 60 % des ventes à l'export », souligne Béatrice. Après quelques années difficiles, la situation s'améliore.
En 2011, le couple investit dans un nouveau chai. Il reste encore à bâtir le caveau et à aménager les abords pour accueillir les clients. « Pour réussir en tant que vigneron, il faut vendre en même temps un lieu et une histoire. La relation humaine compte beaucoup », remarque Sébastien. « En quittant nos emplois salariés, nous avons pris des risques. Mais nous avons découvert un univers passionnant. Dans notre société, le vin rassemble les gens », ajoute son épouse.
Ce que leurs associés leur apportent
«Au sein du GFA, 90 personnes ont investi entre 500 et 5 000 euros. C'était autant d'emprunts et d'annuités de moins pour moi. Mon dossier de prêt est passé plus facilement à la banque. Je suis fermier du GFA, mais c'est moi qui pilote.
Le GFA rémunère le capital investi par ses membres à 4 % par an et ceux-ci ont accès au tarif professionnel pour les vins. Beaucoup sont devenus des clients et en même temps des ambassadeurs qui font connaître le domaine. »