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DOSSIER - LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

Le vin, un univers fascinant

Christelle Stef - La vigne - n°247 - novembre 2012 - page 72

Autour du vin s'est construit tout un imaginaire : au regard du citadin, le vigneron est un alchimiste. Ce métier le fait rêver. Explications d'un psychologue auteur d'un ouvrage sur le sujet.

Pourquoi une telle attirance envers le métier de vigneron ? Avant tout parce que le vin n'est pas une boisson alcoolisée comme les autres. Il fait partie intégrante de notre culture. « Il est présent partout, dès le début des grandes civilisations : dans la Bible, dans l'Égypte ancienne, dans le croissant fertile, puis chez les Romains et les Grecs, ou encore chez les Gaulois, rappelle Axel de Queylar, docteur en psychologie, dans son ouvrage « Ce que le vin dit de vous », paru aux éditions Ellipses. Là où la vie s'est développée pour donner lieu à une civilisation, le vin l'a accompagnée. »

Le vin permet de retrouver nos racines. « C'est pour l'Homme le produit de la terre le plus emblématique de ceux qu'il transforme, poursuit le psychologue. L'Homme prend le fruit et se l'approprie en le transformant à son goût. Il symbolise donc un bien de l'Homme civilisateur. » Selon l'auteur, cette notion d'enracinement est primordiale. « Dans un monde qui s'accélère (...), le vin est un point d'ancrage qui permet à l'individu de retrouver son identité. »

Symbole de fête, de convivialité et de partage, il est synonyme de plaisir et accompagne tous les grands événements de la vie. Pour les entreprises, il est également un outil de relation publique. La signature d'un gros contrat n'est-elle pas suivie d'un déjeuner accompagné de bons crus ? « Le vin permet de briller en société. Il fait en effet référence à la culture et à la connaissance, ce qui constitue un message implicite destiné aux clients », écrit Axel de Queylar. D'ailleurs, ce dernier rappelle qu'au Moyen-Âge, le vin était élaboré par les moines, qui étaient les érudits.

En buvant un verre de vin, le consommateur est transporté dans un autre univers. Il s'évade. « Il sort de son quotidien. Le vin devient le représentant de la campagne, (...) des vignes, du soleil et du ciel bleu, c'est l'image des vacances », indique Axel de Queylar.

Restaurer le lien avec la nature

Or, bien des citadins passent leurs journées enfermés dans un bureau devant un ordinateur, à faire un travail abstrait. Ils ont besoin de renouer avec la nature. Le vin est un moyen de restaurer ce lien car c'est un produit de la terre et non un produit industriel. Le vin est aussi un produit « artistique ». Et chaque année, le vigneron créé un nouveau millésime. « Comme deux enfants d'une même famille se ressemblent mais sont différents, les millésimes qui se suivent ont chacun leur personnalité », note le psychologue. Si bien qu'aux yeux des citadins, le vigneron est une sorte d'alchimiste.

On le voit, les néovignerons ont un sacré défi à relever. C'est ce qui les motive. Face à la nature, ils doivent s'armer de patience pour planter, surveiller et entretenir leurs parcelles. En contrepartie, ils peuvent assouvir leur soif de création.

Et surtout, ils vont toucher à tout, car le métier de vigneron est très complet. « Le vin offre cette possibilité de travailler la terre tout en exerçant les différentes activités d'une entreprise et il s'agit là sans doute d'une des rares activités humaines aussi complète, relève Axel de Queylar. Le vigneron est agriculteur, transformateur, industriel - car il conditionne le vin -, marketeur - dans le design de la bouteille et de l'étiquette -, publicitaire et commercial, et même consommateur. » Pour le psychologue, le fait de passer d'un travail intellectuel à une activité tangible, reliée à une matière vivante, relance un cycle de vie.

Les néovignerons, une vieille affaire

« Il y a toujours eu des gens fortunés et aimant le vin qui ont acheté des domaines viticoles pour élaborer le vin correspondant à leur goût », insiste Jean-Robert Pitte, membre de l'Académie des sciences morales et politiques et président de l'université de la Sorbonne de 2003 à 2008. Ce spécialiste cite notamment le prince de Conti qui acquiert la Romanée en 1760 et lui donnera son nom. De même, Talleyrand, le ministre des Affaires étrangères de Napoléon Bonaparte, a été le propriétaire du château Haut-Brion pendant quelques années. « Le fait de servir son propre vin est très chic et procure un grand plaisir. D'ailleurs, le prince de Conti n'a jamais commercialisé son vin. Il le servait à ses invités, dans son palais », rapporte Jean-Robert Pitte.

Les jeunes en rêvent

Le site internet www.monincroyablejob.com, spécialisé en stratégie de carrière, a publié en 2008 les résultats d'une enquête réalisée auprès de plus de 300 personnes âgées de 18 à 25 ans. Le métier de viticulteur arrive en quinzième position derrière les métiers d'acteur, de journaliste reporter d'image ou encore de chasseur de trésor.

Cet article fait partie du dossier LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

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